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X-Cast #07 – A Plague Tale : Innocence, une plongée dans une histoire et notre Histoire

A Plague Tale Innocence Xcast

Il est des aventures qui marquent de part leur action frénétique, constante, d’autres par la beauté de leurs graphismes ou encore par un thème inhabituel ou une écriture intelligente. A Plague Tale : Innocence fait parti de ceux-ci, grâce notamment aux thèmes qu’il aborde, mais aussi à son contexte qui nous semble à la fois proche et lointaine. Laissez-vous maintenant emporter par cette histoire contée par Dav.

Note : Tout est une question de choix. Xcast est pensé pour être consommé au format podcast. Mais si vous ne voulez, ou ne pouvez pas profiter du format audio, nous vous proposons la retranscription écrite intégrale juste ci-dessous.

[INTRODUCTION MUSICALE]
 
Il fait beau en ce jour de novembre 1348, en Guyenne, près de Bordeaux.
Robert de Rune accompagne Amicia, sa fille aînée, à la chasse, dans la forêt qui jouxte le domaine.
Cet homme au caractère trempé des chevaliers, a entrepris de l’éduquer différemment des autres jeunes filles. A quinze ans elle aurait déjà dû être mariée à un seigneur, comme la coutume le veut et aurait probablement déjà mis un enfant au monde.
Mais rien de tout ceci ne trouble l’adolescente, heureuse de partager ce moment, seule avec son père. Là, elle est occupée à s’amuser avec ‘Lion’, le gros chien du hameaux qui la suit partout.
« – Tu traînes Amicia ! Ce n’est pas comme ça que tu suivras les hommes à la chasse ! Lui dit son père d’un ton moqueur.
– C’est la seule ambition que vous ayez pour moi ? De suivre les hommes ? Je les battrai à la course, et ils mangeront ma poussière !  » lui répond-elle, avec l’insolence de sa jeunesse.
 
Robert de Rune a deux enfant, outre Amicia, il y a Hugo le fils cadet. Mais celui ci est un gamin maladif que leur mère cache loin du regard des autres, coupé du monde dans une chambre du manoir. Toute l’affection de Robert s’est donc portée sur sa fille. Souvent éloigné, il la voit peu, alors il profite pleinement de ces rares moments avec elle…

  • Oublié le perfide Édouard III roi d’Angleterre qui occupe les Flandres dans le nord de la France
  • Oubliée la révolte des flamands réprimée dans le sang par les anglais
  • Oublié le blocus maritime de la Guyenne décrété par le roi de France Philippe VI suite à cette révolte pour priver les envahisseurs de toute ressource
  • Oubliée la guerre contre l’Angleterre consécutive au blocus

[…]

  • Oubliées les onze années de cette guerre qui semblent interminables.

[…]
 
 
Il ne saura jamais qu’elle durera cent ans, oui, ce nom que lui donneront les historiens dans un futur lointain…
 
Or, en cette belle journée d’automne aucune pensée sombre ne vient ternir l’esprit du chevalier. Il est simplement heureux de chasser en compagnie de sa fille qu’il adore. Amicia, en retour, éprouve une admiration pour son père aussi forte que l’amour qu’elle lui voue. Sa propre mère, trop occupée à veiller sur son jeune frère, ne s’intéresse plus à elle depuis des années…
 
En cet instant, ils sont là l’un pour l’autre et c’est tout ce qui importe.
 
[…]
 
Lorsque son père demande à Amicia pourquoi elle est avec lui dans cette forêt, elle répond sans hésiter :
 
 » Je veux passer de nouveau l’épreuve d’adoubement !  »
 
Le chevalier de Rune, loin de s’offusquer, entre dans son jeu. Accompagnés par Lion, ils se dirigent tous les trois vers le pommier planté le jour de la naissance d’Amicia, au milieu de l’ancienne clairière. Le chemin est tapi de branches que les orages récents ont arrachés ; elles recouvrent désormais les feuilles rousses précédemment tombées des arbres. Le sous-bois est flamboyant dans la lumière de cette belle journée.
 
[MUSIQUE…]
 
Les voilà près du vieux pommier :
 » Oseras tu franchir l’enceinte de l’épreuve ? Lui demande son père.  »
Amicia lui répond d’un ton amusé :
 » Amicia n’a peur de rien !  »
 
Armée de la fronde que son père lui a offerte, Amicia tire sur quelques pommes et fait mouche à chaque fois. Pendant ce temps, le père et la fille n’ont pas fait attention à Lion qui s’est éloigné d’eux.
Il a flairé un animal.
Amicia se lance à leur poursuite et découvre la bête traquée par son chien : C’est un jeune sanglier et il s’est enfoncé dans une flaque de boue. Amicia suit les conseils de son père et la voilà accroupie, s’avançant silencieusement parmi les hautes herbes pour ne pas être repérée. Elle fait tournoyer sa fronde et touche le sanglier à la tête.
Hélas, à peine sonné par le choc, il parvient à s’enfuir… Précédée par Lion, Amicia se lance immédiatement après l’animal, bien décidé à obtenir ce gibier de choix.
Les voilà qui s’enfoncent un peu plus dans la forêt.
 
La lumière a changé.
 
Elle est devenue grise, assombrie par la brume rampante. Au sol, une boue gluante a remplacé le tapis de feuilles. Et soudainement, apparaît une forme sanguinolente, écorchée jusqu’aux os :
 » C’est le sanglier ? Mais… ! Non, non, Lion… Il… Il n’a pas pu faire ça ! Et Lion, mais où est-il ?  »
 
Amicia ne le voit plus et l’entend à peine aboyer…
 » Lion ? Lion ?  »
Soudain elle l’entend gémir :
 » Lion je suis là, j’arrive !  »
 
Elle s’oriente grâce aux plaintes de l’animal. Le voilà, il est blessé et souffre terriblement. Il est à moitié enfoncé dans un trou, s’accrochant désespérément aux rebords avec ses pattes avant. Amicia s’approche de lui et lui caresse le museau. Elle a peur.
 
Son père la rejoint.
 
Tout à coup, dans un dernier cri d’agonie, Lion est aspiré sous leurs yeux au fond du trou, comme happé par une force surnaturelle.
 » Quelle est cette diablerie ?! S’exclame son père.  »
 
Horrifiés au souvenir de ce spectacle, Amicia et son père rentrent au domaine. Attristée malgré les paroles de réconfort de son père, Amicia entre dans la chapelle et adresse une dernière prière pour son chien. Cependant, cette journée funeste n’a pas fini de répandre son malheur…
 
 
Son père lui a demandé de rejoindre sa mère ; Amicia pénètre alors dans la grande bâtisse fortifiée, monte à l’étage et pénètre dans chambre ce celle-ci :
« – Mère…
– Tu sais que tu n’as pas le droit d’être ici ! Lui répond-elle sèchement.
– Je sais, mais quelque chose a attaqué Lion dans la forêt.
– Écoute mon enfant je n’ai vraiment pas le temps d’écouter tes aventures.  »
 
A peine a t-elle prononcé ces mots qu’à l’extérieur le galop de chevaux entrant dans le domaine se fait entendre. L’inquiétude se lit sur le visage de la mère :
« – Tu vas rester ici avec ton frère.
– Que se passe-t-il ? Demande Amicia, inquiète à son tour.
– Tu vas fermer la porte derrière moi et quoi qu’il advienne, tu n’ouvres pas les volets.  »
 
Amicia rejoint son frère dans sa chambre. Elle ne l’a quasiment plus vu depuis cinq ans :
 » C’est moi, ta sœur, Amicia ; maman va bientôt revenir. Lui dit-elle, d’une voix douce, pour le rassurer.  »
 
Aussitôt des voix se font entendre dans la cour et l’une d’entre-elles, une voix inconnue et menaçante, retenti :
 » Allez, avance !  »
 
Amicia ouvre les volets. Ce sont les inquisiteurs. Ils ne sont plus vraiment les membres de la terrible Inquisition qui a semé la terreur pendant deux siècles, ils sont néanmoins inquiétants. Elle découvre que c’est son père qui est amené et mis à genoux.
« – Où est votre fils ? Demande le seigneur Nicholas derrière son masque fendu d’une croix.
– Entre de bonnes mains. Répond le chevalier de Rune d’une voix étrangement calme.  »
 
Alors qu’Amicia, sidérée par l’horreur de la scène, assiste à la mise à mort de son père d’un coup d’épée à la gorge assénée par le seigneur inquisiteur. Essayant de garder son sang froid elle s’enfuit aussitôt de la demeure avec son frère, aidée peu après par leur mère qui les a rejoints. Ils doivent quitter le domaine en traversant le jardin infesté des sbires de l’inquisiteur.
 
Les voilà prêts à s’échapper de ce piège et comprenant que sa mère ne les accompagnera pas plus loin, Amicia est épouvantée :
« – Suis là rivière elle te mènera vers Laurentus. Lui dit sa maman, avant de refermer une lourde porte.
– Mère non ! S’écrie Amicia au bord du désespoir.  »
 
La voilà à l’extérieur, effondrée de chagrin, suite à la mort de son père, seule, avec son petit frère chétif. Elle sait que, dorénavant, leur survie dépendra d’elle. Mais comment faire ?! Elle est si jeune et lui si craintif, si fragile…
Elle ignore qu’une menace encore plus terrifiante les attends, une menace qui a commencé à envahir la France… Une maladie mystérieuse, inconnue, que beaucoup considèrent comme un châtiment de Dieu. Cette maladie dévastera tout sur son passage : Apparue en 1347, à Marseille, elle mettra en 1348 à peine quatre mois pour se répandre de Narbonne à Bordeaux en n’épargnant personne.
 
L’on nommera bien plus tard cette pandémie qui se répercutera jusqu’au XIXème Siècle « La peste noire »
 
[MUSIQUE]
 
************
 
Poussée par son esthétique visuelle et sonore irréprochable, A Plague Tale propose une aventure narrative à la troisième personne mêlant habilement infiltration, élimination et réflexion.
Jamais le gameplay ne trahira cette volonté de raconter sans artifice l’aventure du duo formé par Amicia et son frère Hugo. Elle ne dure que quelques jours durant lesquels ces deux enfants seront totalement livrés à eux même.
 
La cohésion est totale entre les personnages et le contexte historique. Le résultat est crédible, réaliste du point de vue du contexte de l’époque, malgré les libertés prises durant les passages fantastiques.
Dans cette logique, le jeu oppose l’intelligence et la fragilité d’une adolescente et sa simple fronde à la puissance mortelle des adultes équipés d’armes tranchantes ou contondantes.
 
Pour moi c’est précisément là l’explication du titre secondaire « Innocence ».
 
En effet, lors des phases de combats il est possible de stopper la progression des assaillants simplement en brisant leur lanterne avec la fronde. Plongés dans l’obscurité, les rats, véritables prédateurs redoutables, les attaquent alors sans pitié.
Il est aussi possible de récupérer des objets pour faire diversion et passer derrière les gardes…
Quoi de plus logique finalement pour une adolescente que des action simples… Je parie même qu’on peut parcourir le jeu en tuant le moins possible de PNJ si on exploite correctement l’environnement.
 
Afin de rendre ces stratégies plus efficaces, il est possible de récolter divers matériaux. Cela permet de confectionner des projectiles, de créer de nouvelles potions pour renforcer le personnage, d’augmenter les capacités de stockage, la puissance de la fronde. Mais n’espérez pas cependant upgrader les compétences de manière exponentielle à la manière de nombre de jeux d’action, d’aventure ou d’infiltration.
 
Le but du gameplay est très classique et aidé par une progression en couloir à l’ancienne comme j’ai pu lire souvent, il permet de se focaliser sur la trame narrative.
On alterne plusieurs phases de Game Design : des courses poursuites à travers les rues, des phases d’infiltration ou encore le déblocage de situations critiques par la manipulation d’objets.
Et plus simplement, des moments de promenade qui permettent une meilleure écoute de cette histoire captivante tout en autorisant la contemplation des zones traversées, des intérieurs peints avec délicatesse, aux meubles finement ciselé du gothique flamboyant.
Quelle excellente idée que ce Level Design simple qui autorise l’observation, car au risque de me répéter, le jeu atteint des sommets de splendeur et participe à l’intérêt du titre. Le point d’orgue de l’aventure, comme dans un vrai roman, sera atteint, à la toute fin, lorsque sera révélé le secret de Hugo, ce petit garçon par lequel tout commence et tout se termine.
 
Le choix de la Guyenne comme lieu de cette histoire, région près de Bordeaux où est situé le studio Asobo, fait sens. En effet, c’est de là qu’est partie la guerre de cent ans. L’année 1348 aussi, puisque c’est le début de la Peste Noire.
 
 
 
 
Le choix des personnages n’est pas en reste :
 
Hugo, par sa fragilité et son intelligence est touchant. Toute ma fibre paternelle a vibré pour lui, m’immergeant totalement dans le personnage de sa sœur pour qu’il ne lui arrive rien. J’y ai vu une approche sensible de l’autisme qui ne sombre jamais dans le pathos.
 
L’excellence est atteinte avec le choix d’Amicia, une héroïne et pas un héros. C’est un clin d’œil d’une pertinence absolue au destin d’une autre jeune femme :
Elle naîtra 81 ans plus tard, s’affranchira, elle aussi, du rôle accordé aux femmes de son époque en devenant une « chevaleresse », pour reprendre le mot d’Amicia lorsqu’elle décrivait son rêve à son père. On la surnommera la ‘Pucelle d’Orléans’ mais l’Histoire la connaîtra sous le grand nom de « Jeanne d’Arc », celle qui mettra fin, à la guerre de cent ans…
 
Toute l’équipe d’Xcast vous remercie et vous dit, à bientôt ! Ciao ! ^^

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