Sorti il y a pratiquement un an et demi sur PS4 et sur steam, c’est (enfin) au tour de la console de Microsoft d’accueillir NieR: Automata dans une édition définitive, regroupant le jeu ainsi que son extension 3C3C1D119440927 et les quelques DLC cosmétiques ajoutés alors, « sobrement » intitulée Become as Gods Edition. L’occasion pour nous de nous plonger à nouveau dans cet univers si particulier qui ne sera sans doute pas au goût de tout le monde.
Fée et tendres automates
L’histoire de NieR: Automata se situe en l’an 11 945. Sur terre, une bataille fait rage entre ce qu’il reste des gardiens de l’humanité et une armée de machines ayant acquis une certaine forme de conscience suite à une attaque extraterrestre qui aura vu fuir le genre humain sur la lune. Bien décidés à récupérer leur planète, les humains ont alors créé une unité spéciale surnommée YoRha, entièrement composée d’androïdes aux caractéristiques guerrières et dont le nom de code désigne la fonction et le modèle. C’est durant une incursion en territoire ennemi, qui fera office de prologue, que nous prendrons le contrôle de 2B (B comme Battler – Guerrier) taciturne et posée, bien vite rejointe par 9S (S comme Scanner) modèle de reconnaissance plutôt curieux et émotionnellement plus réceptif.
À la suite d’une bataille acharnée contre Engel – la plupart des ennemis du jeu sont nommés d’après de grands philosophes ou penseurs de leur temps – un gigantesque robot de combat, les deux protagonistes s’allieront à la résistance, menée par l’énigmatique Anémone, et seront confrontés à un problème bien plus grand que ce qu’ils pouvaient imaginer : la « naissance » de deux androïdes hybridés par les machines, Adam et Éve dont les facultés dépassent celles des robots !
Faites attention de ne pas vous arrêter au pitch alambiqué de NieR: Automata, car derrière son apparente naïveté se cache une perle de réflexion métaphysique et de philosophie qui risque bien de soulever quelques questions aux joueurs sur le sens de la vie, la conscience de soi et l’application de recette sociale. Ne présentant que des machines ayant leur propre champ de pensée, le jeu s’amuse à proposer des situations parfois bouleversantes sur la condition humaine mise en application à des êtres faits de métal et de puces électroniques. J’irai même plus loin dans le sens de cette pensée en précisant que rare sont les jeux capables de créer un sentiment d’empathie envers ses personnages et que NieR: Automata fait armes égales avec des scénarios comme ceux racontés dans Brother : a tale of two sons mais encore The Walking Dead Saison 1.
Sky-Doll
Découpé en trois actes — symbolisés par une fin de jeu — de durée inégale, l’histoire de NieR: Automata vous demandera de recommencer votre partie plusieurs fois pour en apprécier tous les tenants et aboutissants. Chaque nouvelle session vous permettra de découvrir le jeu sous un angle différent en vous mettant dans la peau d’un autre personnage et en variant le point de vue de situations rencontrées dans le run précédent. À la fin de votre troisième parcours, vous aurez également la possibilité de choisir un chapitre à volonté de manière à pouvoir rejouer une scène en particulier ou afin de pouvoir terminer les missions secondaires que vous auriez éventuellement manquées.
Platinum Game ayant collaboré sur le jeu, le système de jeu se veut bien plus dynamique et varié que son aîné. Bien qu’il ne faille pas vous attendre aux subtilités d’un Bayonetta, les combats sont particulièrement rapides, nerveux et bien plus poussés que ce qu’on a pour habitudes de voir dans les Actions RPG de cet acabit. Basés sur l’esquive et les modifications d’équipements, ceux-ci prennent une place importante dans le gameplay et vous demanderont un minimum de préparation et de réflexe (bien que le système d’évitement soit suffisamment laxiste pour être facile à prendre en main)
Une des forces de NieR: Automata et de savoir souvent réinventer sa manière d’être joué, c’est ainsi que rien que durant le prologue d’une heure vous aurez droit à une scène en shoot’em up, un side-scroller à tendance plateformer, et un BTA classique ! Tout cela en alternance et en faisant preuve d’une maîtrise du rythme assez phénoménale. Nous ne pourrons par contre pas forcément en dire de même pour l’intégralité de l’histoire, en effet, les sous-quêtes vous demanderont bien souvent de faire des allers-retours pas toujours très agréables, heureusement qu’arrive bien vite (c’est relatif, il faudra compter une demie douzaine d’heures tout de même sur les cinquante que nous aura demandé les 1000 GS du titre) un système de téléportation.
Le détail clé
Les protagonistes sont en tout temps accompagnés d’un POD de combat dont il faudra également gérer les capacités à mesure de vos découvertes d’upgrade. Ceux-ci vous servent de moyen de défense à distance et s’ils sont uniquement capables de tirer des salves de munitions au début de l’aventure, vous pourrez très vite commencer à envoyer des roquettes voire des champs gravitationnels permettant de ralentir le temps autour de vous.
Autre composante importante du système de progression de personnage outre le levelling traditionnel au gré de l’XP emmagasiné comme récompense de quête ou de vos prouesses en combat, l’upgrade de vos puces de capacités. Il vous sera possible de renforcer votre style de combat et de le personnaliser grâce à l’ajout de composants à votre personnage. Au départ extrêmement limité, le nombre d’emplacements disponibles pourra être augmenté au marchand du camp de la résistance. C’est ainsi que vous pourrez faire l’acquisition de puce donnant droit par exemple à un bonus d’attaque ou de défense, vous permettant de ralentir l’action en cas d’esquive réussie ou encore de trouver plus de butins sur les ennemis rencontrés. Lesdites puces sont numérotées de 1 à 6 en fonction de leur niveau et demanderont un certain nombre d’emplacements libres pour être installées, il vous sera également possible de créer des puces de valeurs supérieures en fusionnant deux éléments de même niveau, l’idée étant de créer des assemblages efficaces tout en étant le moins gourmand en emplacement possible.
Finalement vous trouverez sur votre chemin quantité d’armes réparties en quatre catégories : les petites épées — rapides et maniables, les estramaçons — des épées XXL plus dangereuses, mais plus lentes, des lances — idéales pour le combat à longue comme à courte distance- et les gantelets — pour le corps à corps. Toutes ces armes peuvent également être améliorées sur 4 niveaux contre l’échange de ressources et d’argent.
Sachez enfin que lorsque vous mourrez, vous perdrez toutes l’expérience amassée depuis votre dernière sauvegarde, ainsi que toute les caractéristiques d’améliorations de vos circuits. À la manière de Dark Souls, vous aurez alors une vie ou un certain laps de temps pour récupérer votre corps à l’endroit de votre trépas. Les fonctionnalités online du jeu étant d’ailleurs utilisées de manière à pouvoir trouver sur votre passage les restes d’autre joueurs, ce qui vous permettra de faire le plein de vie et d’ajouter quelques puces dans votre inventaire.
La dernière question
Techniquement, NieR: Automata souffle le chaud et le froid, tournant à 60 images secondes la majeure partie du temps sur notre Xbox One X sauf quand l’action se fait trop intense, le jeu fait malheureusement la part belle à des textures franchement limites et des ombres dont la résolution laisse également à désirer. Reste que le semi-Open-World proposé est plutôt joli malgré certaines zones moins réussies que d’autres, le désert par exemple, et souffre d’un manque de niveau de détails assez marqué comme la plupart des productions japonaises. Heureusement que la direction artistique sauve le titre grâce à des environnements variés et dotés d’une identité visuelle forte, le tout offrant un cachet assez particulier empreint de mélancolie. On passera outre le fait de la tenue plutôt lascive de 2B dont les avantageuses rondeurs ont, selon l’aveu même de Yoko Taro, été dessinées ainsi tout simplement, car « il aime les femmes« !
Musicalement on touche au divin tant les compositions de Keiichi Okabe résonnent fort dans le cœur et dans la tête du joueur ! Envolées lyriques, chœurs parfois puissants, parfois subtils. Les thèmes du jeu ont le bon goût d’être émotionnellement chargés et subliment admirablement les différents moments du jeu. Le travail des doubleurs et également à saluer. Les dialogues, en anglais uniquement, mais dont les sous-titres ont eu droit à une excellente adaptation, sonnent toujours juste et ne sont jamais surjoués, du boulot d’orfèvre qu’il faut saluer comme il se doit !
Le Robot qui rêvait
Suite indirecte de NieR : Replicant/Gestalt — dont la disponibilité dans le programme de rétrocompatibilité et très attendue par l’auteur — lui-même Spin-of de la série Drakengard, NieR: Automata – Become as Gods Edition partage une partie de son monde et de ses codes et s’amuse de ses propres références en glissant ici et là des clins d’œil appuyés au lore créé par Yoko Taro. On a particulièrement apprécié l’univers et le décorum philosophique du jeu, ainsi que son gameplay accessible tout en étant suffisamment profond en matière de personnalisation. On regrettera juste un portage plutôt paresseux et qui arrive sur le tard.
NieR: Automata est un incontournable si le style vous appelle et que vous n’en avez pas encore fait l’expérience sur un support différent. Pour les autres, les ajouts proposés par cette édition définitive ne sont pas assez conséquents pour justifier un nouvel achat, la quête bonus n’étant composée que d’un bout d’histoire et d’arènes de combats dont un clip vidéo récompense la réussite, et les améliorations disponibles sur la One X auraient sans doute méritées un peu plus de soins même si à l’heure actuelle il est toujours difficile de faire tourner le jeu convenablement sur PC.