Le crunch est un véritable virus qui gangrène l’industrie du jeu vidéo. Il s’agit d’une période où les développeurs peuvent travailler 16 heures par jour, 6 jours par semaine pour terminer un jeu dans des délais trop ambitieux ! Et si Rockstar avait fait polémique lors du lancement de Red Dead Redemption 2, il est évident que ce n’est pas le seul studio à recourir à cette méthode dangereuse.
En effet dans un nouvel article, Polygon explique comment les développeurs de Fortnite, un jeu techniquement « jamais fini », peuvent subir le contrecoup nécessaire pour maintenir le flux de contenu constant qu’exige ce blockbuster des Battle Royale. « Nous sommes toujours en crunch » déclare une source à Polygon. « Le crunch ne se termine jamais dans un jeu à service comme celui-ci. Vous construisez toujours plus de contenus, toujours plus de choses. »
S’adressant à une douzaine d’employés (anciens et actuels), Polygon a déclaré qu' »ils travaillaient régulièrement plus de 70 heures par semaine et que certaines personnes reportaient des semaines à plus de 100 heures ! »
Les agents contractuels d’Epic dans le service Assurance Qualité et au service Clients ont parlé d’un environnement de travail stressant et hostile dans lequel les heures supplémentaires, bien qu’officiellement volontaires, étaient un service attendu pour l’entreprise.
Une source a même déclaré travailler 7 jours par semaine à raison de 12 heures par jour et ce, pendant plusieurs mois !
D’autres ont également expliqué à Polygon quel était l’impact de ces cadences infernales sur leur vie.
Le succès de Fortnite repose en partie sur les armes, les modes, les skins, les objets qui sont en constante évolution ! Toutes les semaines ou toutes les deux semaines, de nouveaux contenus viennent enrichir la catalogue pléthorique de Fortnite. C’est un rythme effréné pour un jeu avec autant d’articles à équilibrer ou ajuster et bien entendu avec une communauté forte de 250 millions d’individus !
Selon Polygon, certains responsables du développement, de l’assurance qualité et du service clientèle de Fortnite travaillent près de 70 heures pour que le jeu soit toujours pertinent et tendance.
Tout doit être fait immédiatement. Nous ne sommes pas autorisés à prendre du temps pour quoique ce soit. Si quelque chose se « casse », comme une arme par exemple, on ne peut pas la retirer du jeu et attendre le prochain patch pour la réparer. Ça doit être réparé immédiatement alors que dans le même temps, on continue de travailler sur le prochain patch de la semaine. C’est brutal.
Un porte-parole d’Epic Games a reconnu auprès de Polygon que certains employés pouvaient travailler jusqu’à 100 heures par semaines mais il a qualifié ce genre de situation « d’extrêmement rare ». Il rajoute :
Dans ces cas-là, nous cherchons à y remédier rapidement pour éviter que cela ne se reproduise.
Par ailleurs, Epic encourage les gens à déclarer des billets au service clients mais selon les sources de Polygon, c’est loin d’être suffisant !
Kotaku avait également pointé du doigt cette pratique du crunch dans divers studio de AAA tels que Rockstar ou Bioware qui développent cette culture d’entreprise qui pèse lourdement sur la vie personnelle, la santé mentale et les relations de leurs employés. Parfois, ces périodes difficiles peuvent entraîner des mises à pied après la sortie d’un jeu. D’autres fois, cela va aboutir à l’épuisement physique et mental des talents du studio ce qui peut se traduire par des démissions de développeurs qui souhaitent rejoindre des secteurs moins stressants.
Alors que notre industrie se dirige de plus en plus vers les jeux en tant que service, on peut craindre de voir se généraliser ces pratiques.
Ce qui suit n’engage que moi mais aujourd’hui, on ne peut plus ignorer ces pratiques qui peuvent détruire des vies. Est-ce que l’amusement de certains doit nécessairement passer par l’exploitation des autres ? Les consommateurs que nous sommes ont leur mot à dire et nous ne pouvons plus tolérer cela. Certes, on ne vit pas dans le monde des bisounours et le jeu vidéo est une industrie comme une autre, c’est à dire une industrie qui doit gagner de l’argent ! Toutefois, si cette industrie veut grandir et gagner en maturité, cela passe aussi par préserver ses talents et mettre en place des conditions de travail qui puissent être épanouissantes car n’oublions pas quil s’agit aussi et avant tout d’un art. Et comme tout art, nous avons besoin de nos artistes ! Donc oui, on a tous connu des périodes où il fallait mettre un coup de collier pour achever une tache en temps et en heure et cela reste acceptable tant qu’on ne cherche pas à aliéner les travailleurs…
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