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Test – Beholder 2, troubles in paradise

Une pépite, quel plaisir d’en dénicher une ! Insoupçonnée et puissante, elle vous marque durablement au fer rouge. Pour moi, c’est par exemple This War of Mine, une bouleversante et tragique plongée dans l’absurdité de la guerre, vue à travers de simples citoyens, à la fois prisonniers, bourreaux et victimes pendant un siège fictif, mais rappelant fortement celui de Sarajevo. Une pépite. C’est ce que je m’étais dit au bout de quelques instants passés sur Beholder 1er du nom, satire de la brutalité, l’hypocrisie et la bêtise d’un régime totalitaire, vues à travers le plus petit échelon de l’emprise de l’État sur le citoyen lambda : un concierge. Espionnage, dénonciations, manipulations, débrouillardise, on pouvait CHOISIR (quel luxe, non ?) d’être un exécutant docile et zélé ou résister depuis son modeste niveau sans avoir l’air d’y toucher. Une pépite. C’est ce que j’espérais en lançant sa suite. Je n’ai pas été déçu… ou presque. Je vous dis pourquoi dans le test de Beholder 2, sous la forme d’un journal tenu par le héros, à l’adresse de son père.

Cher Père, cher inconnu,

Dix ans sans nouvelle et voilà que tu m’affectes au Ministère. Et ce, par une simple missive. Et quelle surprise !? Ce n’est même pas toi qui m’accueille pour mon premier jour de travail. Et pour cause, et tu le sais mieux que quiconque, tu étais déjà mort. « Suicidé », balancé depuis je ne sais quel étage de cet effroyable et littéralement écrasant bâtiment qu’est le Ministère. Mais je te rassure, le fonctionnaire qui m’a reçu a été d’une aide précieuse pour moi, je ne dirai pas son nom, au cas où ce journal serait intercepté. Tu vois, Père, j’ai assez vite pris les bons réflexes dans ce nid de vipères ! Non, je prends des précautions non pas pour lui, le pauvre, le lendemain, il a été pendu sur ordre du chef suprême pour je ne sais quelle faute absurde. Mais je le fais pour sa famille, qui doit se terrer en ville. J’espère pour eux qu’ils n’ont pas subi le courroux de notre très cher leader et de sa clique…

Le travail en lui-même est absolument délirant : je dois prendre les plaintes, les dénonciations de mes chers concitoyens. Cela va du voisin qui a entendu Mr Truc se moquer de Staline (oui, je l’appelle ainsi, mais avoue que la ressemblance est frappante !) ou de Mme Machin qui apporte un précieux « rapport » sur un dangereux ennemi de l’État… un type qui joue de la musique. Et tu connais notre chère administration, je m’empresse d’établir un rapport (ça s’imprime tout seul, c’est beau le progrès de notre belle année 1985…) et de le rediriger vers le ministère de l’ordre, du patriotisme etc. Pas palpitant mais j’avoue que l’absurdité des situations m’arrachent souvent des sourires jaunes. Et je dois faire mon quota ! Sous peine de rééducation expéditive dont on ne revient pas…

Bienvenue au Paradis (Bureaucratique) !

Mais Père, j’ai compris. J’ai compris que tu essayais à ton niveau de haut fonctionnaire d’inverser l’inertie absolument effrayante et destructrice du système. Mais tu as échoué. C’est le système qui t’a broyé et tu le savais… Tu savais que cela allait arriver quoi que tu fasses. Et c’est pour ça que tu as fait appel à moi. Et je sais que tu m’as tenu éloigné jusque là pour me protéger. C’est pour ça aussi que tu as caché des journaux codés dans tout le bâtiment pour moi, pour m’aider dans notre quête. C’est à moi de reprendre le flambeau et je ferai tout pour découvrir la vérité sur ta mort et pour démanteler le Ministère de l’intérieur. Je te le promets.

Et dès le premier jour, je me suis surpris à employer des méthodes dégueulasses, il n’y a pas d’autres mots. Car pour le « bien » de notre enquête, je dois gravir les échelons de cet enfer. Et pour obtenir une promotion, pas la peine de simplement bien faire son travail. Non, j’ai compté, cela me prendrait une éternité pour « mériter » ma promotion. Alors je fais comme tout le monde, je prends des raccourcis. Je triche, je dénonce, je fais alliance avec des ennemis de l’état ou la mafia, je manipule, j’empoisonne, je trahis. J’ai même poussé un pauvre hère qui n’a jamais fait de mal, cible des toutes les moqueries et farces, vers le suicide. J’ai du mal à dormir depuis. Et j’ai honte. Non pas de ces méthodes car j’y prends un certain plaisir. Non, j’ai honte de ne pas avoir honte. Honte de devenir exactement ce que je me suis promis de combattre et d’éradiquer. Mais je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ?! C’est ce que ces salauds doivent se dire aussi. Cette douce ironie me glace le sang, Père, mais tu as dû la ressentir aussi. Ce qui me rapproche de toi mais me fait sentir implacablement seul au monde. Impossible pour moi de faire venir femme et enfant dans cette ville gangrenée et « gangrénante ». Ni de leur dire ce que je fais réellement. Trop dangereux. Ils sont partout.

Rien n’est offert, pas même la vengeance. Kain (Blood Omen Legacy of Kain)

Mais c’est vrai que je n’ai pas le choix, je cours sans cesse après l’argent. L’appartement de fonction coûte cher à l’entretien : la corruption est partout et tout le monde essaie de soutirer tout et n’importe quoi à tout le monde. Cela m’épuise. Mais je n’ai pas le choix : je dois trouver assez d’argent pour continuer l’œuvre de ta vie. De notre vie désormais. En dénonçant mon supérieur et écartant mes concurrents, pardon, mes distingués collègues ^^, j’ai atteint le 2ème étage où, comble de l’absurdité et de la lourdeur administrative, mon travail consiste à vérifier et tamponner les formulaires de l’étage d’en dessous. J’ai dû m’enfermer dans les toilettes, m’assurer que personne ne m’entendait pour à la fois en rire et en pleurer. Je suis épuisé.

Dans mes rares moments de tranquillité à l’appartement, entre deux épisodes de The Walking Boreans (d’ailleurs, c’est pas mal mais ça tourne assez vite en rond), je réfléchis. Et je m’aperçois que notre cher système merveilleux, servi par une administration merveilleuse, le tout sous le regard paternel du merveilleux leader me rappellent les quelques livres et films interdits qui circulent sous le manteau. Les écrits de Ray Bradbury, d’Orwell ou encore Brazil de Terry Gilliam ne passent pas pour des fictions dans notre très chère patrie, mais pour des documentaires à la rigueur sociologique. Et il faudrait vraiment que j’arrête de regarder cette série avant de dormir… Mais je ne peux pas, un de mes nouveaux collègues est fan, je dois m’en faire un ami et lui soutirer un maximum d’infos. Je n’ai pas le choix.

Pour ta mémoire, Père, et pour mon fils,

Je ne suis pas encore arrivé au dernier étage. Je ne connais pas toute la vérité. Pas encore. Je n’en suis pas loin mais j’avoue que le travail à chaque étage est tellement rébarbatif et lobotomisant que prendre des chemins détournés est indispensable pour rompre avec la morne litanie administrative. Mais je me mens à moi-même. Car je dois avouer que je prends un malin plaisir à prendre ces fameux raccourcis. Je suis devenu un de ces salauds que je méprise tant. Je ne connais pas le fin mot de cette histoire mais, Père, et toi mon fils, si un jour tu lis ce journal, j’espère me montrer digne. J’espère ne pas sombrer, me dévoyer, vous trahir. Je me bats contre cette tentation. C’est dur. Trop dur. Je vous aime.


Critères d’accessibilité

  Déficience Visuelle   Déficience Auditive
Contraste élevé (réticule de visée) Sous-titres avec indications d’ambiance
Taille couleur de police Identification de la personne qui parle
Marquage des ennemis Police personnalisable
Interface personnalisable Couleur de police personnalisable
Couleur minicarte personnalisable Options d’alerte alternatives (vibration, flash…)
Option daltonisme Sons ambiants signalés (informe sur présence)
Option Text to speech
Ralentissement du jeu

 

Conditions de test

  Détails TV 4K   Jeu fourni par l’éditeur oui
  Console Xbox One X   Temps passé sur le jeu 20 heures
  Niveau de difficulté n.a.   Jeu terminé non

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