PlatinumGames n’a pas envie de relâcher sa présence médiatique ! Cette fois, c’est au site VGC qu’Atsushi Inaba et Hideki Kamiya, respectivement président et vice-président du studio, se sont livrés à leur première interview en anglais depuis la passation de pouvoir. L’occasion pour eux d’évoquer plus en détails leur avenir.
Vers un retour aux sources
Alors qu’ils jouissent aujourd’hui d’une forte renommée dans le domaine du jeu d’action, les deux hommes n’hésitent pas à évoquer un changement de trajectoire. A moins qu’ils aient déjà dévié de leurs objectifs d’origine ? Tout porte à croire que c’est le cas, en particulier lorsque Kamiya nous parle de ses premières amours.
J’ai eu mes premiers contacts avec le jeu-vidéo il y a longtemps, dans les années 1980. Et je suis tombé amoureux de ces jeux d’arcade old-school. Ils étaient particuliers à mes yeux. Et c’est la raison N°1 qui m’a vraiment poussé dans cette industrie. Mais une fois que j’y suis entré, cette époque était terminée. Tout le monde faisait de la 3D.
Voilà un bon moyen d’amorcer la vision de ce que pourra être PlatinumGames dans le futur. Inaba choisit alors de revenir sur le passé de l’entreprise et sa faculté à répondre aux exigences des éditeurs qui leur ont passé commandes. Même s’il est fier et satisfait de ce qui a été accompli, il affiche aujourd’hui la volonté de se tourner vers des projets où le studio sera plus libre dans sa démarche créatrice.
Selon moi et durant ma présidence, le plus important sera de se rappeler de ce que nous voulions faire en créant cette société: des mécaniques novatrices, des sensations originales. C’était la raison d’être de l’entreprise. Et donc, je veux qu’on se concentre à 200% là-dessus. Je veux que ça soit l’élément clé au centre de nos préoccupations.
Il insiste ensuite sur le temps passé à gérer les risques et qui a pu consommer beaucoup de ressources durant les divers développements. Son objectif est alors de rappeler les fondamentaux afin de désinhiber ses équipes et leur permettre d’être plus libre quant à ce qu’elles veulent faire.
Cette soif de nouveaux horizons avait déjà été évoquée dans une autre interview récente, en plus du fait de vouloir des jeux qui durent plus longtemps. Cela pouvait pointer vers un avenir rempli de jeux-services (ou GaaS), au grand dam des fans du studio. Tout en ne rejetant pas l’idée que ce type de production pourrait un jour les intéresser, Inaba se montre rassurant quant au genre qui a fait leur succès.
Je pense qu’à la fois Kamiya et moi dirions que nous avons des tonnes d’idées par rapport au online et au multijoueur. Nous pensons tous les deux que c’est un concept fun et nous voulons l’explorer davantage. Mais en même temps, nous ne voulons pas que cela soit compris comme un message signifiant la fin de jeux de la même veine que ce que nous avons fait jusqu’alors. Si nous avons une idée intéressante, je ne pense pas que cela soit une raison pour dire ‘non, nous ne faisons plus ça, nous en avons fini avec ça’.
Attendons-nous à continuer de voir des titres au gameplay frénétique estampillés PlatinumGames, même s’il faudra aussi compter avec des composantes en ligne. Le studio cherche à se diversifier plutôt que radicalement changer, peut-être pour mieux s’adapter aux besoins de l’industrie ?
Les deux responsables n’ont pas hésité à confier leur point de vue sur les nombreux changements en cours dans le domaine du jeu-vidéo. La période de consolidation que nous vivons à travers les différents rachats a ainsi été abordée. Et ce n’est pas quelque chose qui a l’air d’effrayer le président, même s’il pose ses limites.
La chose la plus importante pour nous est de conserver la liberté de faire les jeux que nous voulons créer. D’après ce que j’entends à propos des récentes acquisitions, je ne vois pas Microsoft commencer à faire de la microgestion auprès d’Activision au point de leur faire perdre toute indépendance… Je ne pense pas que ce sera quelque chose de la sorte.
De fait, même si nous sentons un certain apaisement vis-à-vis des gros changements qui sont en train de s’opérer, un autre thème semble plus enclin à gêner les deux managers : les NFT ! Véritable phénomène parfois élevé au rang de démon, ce nouveau procédé ne semble pas aller dans la direction voulue par le stratège Japonais.
Les personnes qui tentent de promouvoir les NFT, et de sceller des partenariats avec des entreprises du Jeu-Vidéo, ont un discours unilatéral. ‘Hey, vous allez gagner de l’argent!’ Mais en quoi cela est-il bénéfique à l’utilisateur et au créateur? Si je veux consacrer du temps à quelque chose, c’est pour que cela me permette de faire de bons jeux.
Lorsqu’il leur est demandé si cela les avait étonné que Konami se soit intéressé au concept, c’est au tour de Kamiya de devenir beaucoup plus acerbe que son supérieur.
Pas vraiment [étonné]. S’il est question d’argent, Konami va arriver d’un claquement de doigts! Honnêtement, ce sujet ne m’intéresse pas du tout. Ce que vient de dire Inaba-san a résonné en moi car, au fond, je me considère plus comme un usager que comme un businessman. Cela n’a aucun intérêt pour les utilisateurs actuellement. Dans le futur, si cela se développe de manière à leur être bénéfique, peut-être que je commencerai porter un intérêt sur ce qu’ils en font. Mais ce n’est pas ce que j’observe pour le moment.
A moins d’user de forts arguments pour convaincre le studio, les NFT ne sont pas à l’ordre du jour afin d’être intégrés dans leurs futures créations. Et cela ravira beaucoup de joueuses et joueurs à travers le monde, assurément !
Malgré cette réticence ouvertement exprimée, nous remarquons un PlatinumGames plus concentré que jamais sur son avenir. L’entreprise est bien décidée à attaquer cette nouvelle ère de la meilleure des manières, sans pour autant renoncer à son ADN. Plus de créativité et de diversité tout en gardant les recettes dont les équipes ont le secret ? On signe où ?
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