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Test – Sea of Thieves

Annoncé durant l’E3 2015 c’est finalement ce mois-ci que nous larguons les amarres et partons à la découverte des trésors que recèle cette mer des voleurs. Voici nos impressions après une centaine d’heures passées à écumer les mers entre les sessions alpha, beta ainsi que sur la version définitive.

Le développement de Sea of Thieves aura été plutôt singulier. C’est le premier jeu console à avoir eu droit à une véritable phase d’Alpha publique, avec un suivi exemplaire de la part des développeurs. D’abord ouvertes à un millier de joueurs dont j’ai eu la chance de faire partie, les sessions se sont étirées et agrandies jusqu’à atteindre le demi-million de participants durant la Beta finale.

Greg

Le grand mat veut d’la route

Sea of Thieves repose sur un concept relativement simple : les joueurs seront les créateurs de leurs propres histoires, cette idée, transposée à l’écran dès les tout premiers instants passés dans le jeu, transpire effectivement par tous les « ports ».

Après une courte mais brève introduction et avoir fait le choix d’un avatar généré aléatoirement, nous apparaissons sur une île, seul ou à plusieurs en fonction du choix effectué un peu plus tôt. C’est à partir de ce moment-là que le jeu décide de nous lâcher la main ! Nul tutoriel impossible à terminer par n’importe quel rédacteur JV états-uniens à l’horizon, pas plus que d’indication de marche à suivre ou de parcours fléchés, seul le bleu azuré de l’océan, quelques masures peuplées d’autochtones aux visages patibulaires, et un bateau amarré au loin n’attendant que son équipage pour partir à l’aventure.

Autant dire que cette vision du game-design tranche radicalement avec l’assistanat dans lequel sombre le jeu vidéo à l’heure actuelle et pourra éventuellement refroidir plus d’un matelot. Dans un premier temps, vous aurez à acquérir une quête auprès des différentes guildes qui sont disponibles dans le jeu. La première d’entre elles, la guilde marchande, vous proposera d’aller chercher un certain type de ressources, des animaux ou des caisses de ravitaillement sur les îles environnantes et de les ramener. La plus connue, celle des chercheurs d’or, vous emmènera à la recherche de trésors enfouis sous un X qui en marque l’emplacement ou via une énigme. Finalement, la guilde des âmes vous invitera à occire du squelette afin d’en récupérer le crâne.

Le prix d’achat, la durée et la récompense de la quête seront déterminés par votre rang. Au départ gratuites, les quêtes suivantes devront être négociées contre une légère obole. Le nombre de quêtes accomplies définissant alors le montant nécessaire à l’obtention et le niveau des quêtes suivantes en fonction de votre progression dans votre rang de guilde.

Mais revenons à notre moussaillon ! Pas peu fier d’avoir obtenu votre première quête, vous vous empressez de sauter dans votre embarcation, prenez la barre et regardez au loin… et rien ne se passe… et c’est là qu’il serait peut-être temps d’oublier le gameplay automatisé d’Assassin’s Creed et de mettre les mains (ou la main, pour les marins ayant été moins chanceux avec la faune locale) à la pâte. Le côté intéressant d’un jeu sans indications à l’écran, c’est que l’on est poussé à regarder ce qu’il s’y passe, en l’occurrence vous êtes maintenant sur un bateau qui dispose de plusieurs éléments facilement identifiables de par leurs différentes formes et couleurs. Prenez par exemple ces grands bouts de tissus ligotés au mat, des voiles qu’il faudra abaisser avant d’espérer sentir le vent frôler nos oreilles (notre oreille, pour les marins ayant été moins chanceux avec la faune locale) une poulie et une attache servent d’ailleurs à son maniement, la première vous permettra d’en régler l’angle alors que la deuxième vous aidera à en régler la voilure. Une fois cela fait, il vous faudra encore lever l’ancre avant de pouvoir voguer vers votre destination…

… et c’est en général à ce moment-là, en pleine mer et un orage en vue que l’on se rend compte que l’on ne sait pas où l’on est censé aller ! On cherche partout, on regarde si une carte apparaît à la pression d’un bouton, hélas sans succès, et l’on finit par se dire que la pièce du bas sert sans doute à quelque chose. Direction le pont intermédiaire pour admirer cette magnifique représentation cartographique du monde qui nous entoure ! Ici notre bateau, ici quelques îles, mais toujours pas de gros X ni d’indication de direction pour nous montrer le  chemin, car il vous faudra d’abord activer une des quêtes précédemment acquises en la disposant sur la table du capitaine puis en votant démocratiquement pour son activation ! Une fois cette manœuvre effectuée, on reçoit alors une carte nous indiquant la marche à suivre. En l’occurrence, l’image d’une île, une croix rouge marquée en son sein (la voilà !). Le temps de retourner sur la table de navigation et de chercher son emplacement qu’un choc sourd et inhabituel se fait sentir. Qu’à cela ne tienne, vous retournez sur le pont et vous rendez compte qu’avoir oublié de jeter l’ancre n’a pas été l’expérience la plus profitable de la journée ! Le glougloutement provenant de la cale n’est d’ailleurs pas des meilleures augures, chose que vous constaterez assez rapidement à la vue du torrent d’eau qui s’infiltre alors dans le bateau. Heureusement que vous aviez regardé où étaient les planches nécessaires à la réparation du bateau, n’est-ce pas ?

Quelques minutes plus tard et tout fier de votre savoir nouvellement acquis, vous filez vers votre destination après être reparti d’une nouvelle île avec votre nouveau bateau en ayant pris soins de faire l’inventaire des barils disposés à l’intérieur de la cale, ceux-ci contenant les précieuses planches, mais également de bananes servant à vous régénérer et de boulet de canons plutôt inutiles pour l’instant puisqu’apparemment vous êtes parfaitement à même de vous couler tout seuls ! Vous aurez également remarqué les caisses d’armements, de munitions et d’habillement, forcément !

Une fois arrivé à destination et avoir réparé à nouveau votre bateau pour cause d’accostage dont la douceur était un qualificatif absent de l’équation. C’est armé de votre boussole, de votre pelle et de votre légendaire sens de l’orientation que vous partez à la recherche de l’emplacement qu’une croix désigne habilement. Après avoir compris qu’il fallait éviter la plupart des bouts pointus, tels que les crocs des serpents et la lame des squelettes plutôt contrariés par votre présence, vous retournez à nouveau sur l’île l’inventaire rempli de banane et votre lanterne allumée, car désormais il fait nuit… et c’est quelques heures plus tard, après avoir attendu le lever du jour pour cause de nuit, et trouvé un emplacement qui ressemble presque à s’y méprendre à l’endroit indiqué sur la carte, que vous entendez le « chtoc » de la victoire, enfin celui de la pelle qui heurte le coffre tant convoité. Celui-là même que vous devrez ramener à la guilde correspondante afin de l’échanger contre monnaie sonnante et trébuchante.

Retour au bateau après avoir éprouvé le bout pointu du requin qui ne désirait que ce faire un nouvel ami. Le coffre bien en vue sur le pont principal, vous vous en retournez vers un des postes avancé du jeu pour encaisser votre bien, et l’orage de se lever, et un navire qui apparaît à l’horizon. Un frisson qui parcoure votre échine plus tard et vous voilà délesté de votre bien si chèrement acquis.

Voilà ce à quoi pourrait ressembler la toute première histoire qui alimentera votre séjour dans les mers parfois calmes de Sea of Thieves, une facette parmi tant d’autres, certaines plus réjouissante bien sûr, plus épiques également quand vous naviguerez avec des amis vers des terres nouvelles, à bord d’un bateau plus grand et plus difficile à manœuvrer. D’autres, plus frustrantes, également, car tous les pirates ne sont pas des enfants de chœurs, sinon ils répondraient sous un autre nom !

De par son orientation multijoueur et PVP, Sea of Thieves vous demandera d’être constamment sur vos gardes lors de vos excursions. La menace devient palpable, lorsque sur le chemin du retour pour encaisser votre douzaine de coffres, le profil d’un trois mats se dessine le long des côtes.

L’intensité des combats dépendra énormément de vos compétences, des ressources disponibles et des conditions météo ! il nous est arrivé de passer moins de 2 minutes pour couler un bateau ennemi – ou être descendu par le fond par la même occasion, comme de passer vingt minutes à nous tirer la bourre en bravant la tempête, épuisant nos boulets de canon comme on distribues des bonbons à Halloween, pour finir victorieux, épuisés, mais sans ressources.

La progression et les récompenses dans le jeu se veulent cosmétiques uniquement. C’est ainsi que vous aurez la possibilité de dépenser la majorité de votre fortune dans l’achat d’objets pour votre bateau et vous-mêmes. Ce sont alors votre voilure et vos attributs vestimentaires qui seront les uniques témoins de votre avancée dans le jeu. Un choix discutable pour les joueurs qui aimeraient profiter de leur avancée pour bénéficier d’avantages sur le commun des mortels. De fait, on pourra reprocher au jeu de n’insuffler que peu de motivations au joueur pour le pousser à revenir jour après jour écumer les mers. Les quêtes sont générées aléatoirement, mais restent basées sur des schémas répétitifs qui, en l’état, pourrait entraîner une certaine lassitude pour qui n’accroche pas au concept proposé. Ce malgré la découverte de quêtes bonus déclenchée par l’obtention d’une bouteille ou d’un livre au détour d’une plage.

Au registre des doléances, il est à noter que l’expérience de jeu variera énormément selon vos attentes et la taille de votre groupe ! Si vous êtes plutôt du genre bande de pote à moi tout seul, vous aurez tôt fait de comprendre que la vie est cruelle et qu’elle n’apprécie guère les sans-amis ! Le jeu étant clairement taillé pour une expérience en équipe.

Jouer solo signifie être pénalisé sur à peu près tous les points ! En contrepartie, être son propre capitaine et pouvoir naviguer comme bon vous semble n’est pas dénué d’intérêt tant le maniement du sloop est agréable, dommage qu’il n’y ai pas un bonus d’expérience et d’or pour les Kersauson/Arthaud en puissance qui devrons trimer quatre fois plus que les autres en étant beaucoup plus vulnérable !

L’avis de TinouCLT

Ayant parcouru les mers de Sea of Thieves durant de nombreuses heures en solo sur la version finale, je ne suis pas forcément en accord avec mon ami Greg sur ce point. L’expérience est totalement différente qu’une aventure à deux ou à quatre joueurs mais également plus gratifiante. En effet, le solo est à réserver aux pirates les plus endurcis car toutes les tâches se font seul. J’ai parfois passé 1h30 à longer les côtes et rochers en pleine mer pour semer mes poursuivants mais c’est tellement bon de voir le galion ennemi s’échouer lamentablement après une manœuvre réussie !

TinouCLT

À deux on commence déjà à s’amuser beaucoup plus ! Il est enfin possible de s’occuper des réparations tout en gardant son cap sur un bateau définitivement très agréable à manipuler.

C’est finalement à quatre que le jeu prendra tout son sens, en tout cas entre amis ! Car s’il est agréable de parcourir le monde en bonne compagnie, il n’est également pas toujours facile d’avoir à faire à un random qui vous troll en permanence. Entre les lâchages d’ancre intempestifs, l’éjection de coffres par-dessus bord et le squattage de barre, les occasions sont nombreuses pour le troll des mers de vous empoisonner la vie, il est possible bien sûr possible de jeter le maraud au cachot et d’attendre qu’il quitte de lui-même la session. Il aurait été judicieux de penser à réserver un slot pour les retardataires, histoire d’éviter le malaise quand on doit expliquer à un joueur qu’il ne touchera pas la récompense offerte pour les coffres présent sur le bateau car on aimerait accueillir le retardataire.

À l’inverse, entre bonnes gens, Sea of Thieves se révèle à nous comme une perle de sa coquille ! Endosser le role d’un pirate façon roleplay est une expérience assez unique sur console dans le paysage vidéo ludique actuel et fonctionne vraiment très bien. Il n’y a qu’à regarder un let’s play sur twitch pour s’en rendre compte !

Sea of Thieves s’annonce comme un jeu à fort potentiel pour les streamers, durant les phases d’alpha fermées, on pouvait voir jusqu’à concurrence de 180 000 personnes suivre des joueurs sur twitch, à l’heure où j’écris ces lignes, 100 000 personnes sont en train de suivre des marins dans leurs aventures.

Greg

Prends le large

À mi-chemin entre le réalisme et le cartoon, le style graphique qu’adopte Sea of Thieves a su me captiver instantanément, en effet, Je ne saurais combien de fois je me suis surpris à évoquer tout haut la beauté du jeu ! À commencer par le rendu de l’eau : techniquement irréprochable et à cent lieues de tout ce qui a pu être fait auparavant en matière d’environnements maritime dans un jeu vidéo. Pourtant je pensais qu’on avait déjà atteint des sommets avec Black Flag et dans une moindre mesure GTA V, mais, des reflets translucides aux embruns qui chevauchent les vagues, du remou incessant qui parcourt la surface de l’eau aux creux de 10 mètres qui la crevasse lors de gros temps, la mer est bel est bien le personnage central du titre et invite au voyage et à la navigation à chaque instant.

Englobé dans un si bel écrin, le reste des éléments pourra paraître un peu fade au premier coup d’œil, et pourtant le soin apporté aux îles et autres personnage du jeu saute aux yeux, de la simplicité des textures aux couleurs chatoyantes, le jeu est parfois vide, mais jamais laid, que ce soit un rayon de soleil traversant les feuillages ou une nuit étoilée bardée d’une aurore boréale, chaque détail compte et s’accumule pour au final avoir devant nous un jeu qui nous pousse constamment à prendre des captures d’écrans. Dénué d’aliasing sur Xbox One X, mais parfois sujet à du tearing (les développeurs sont au courant et cela devrais être fixé dans un patch prévu pour la semaine prochaine) dans des environnements confinés. Sachez également que tous dans le jeu est calculé en temps réel, ce qui explique sans doute l’absence d’un mode 60 img/s, dommage.

Un mot encore sur le design des différents squelettes, seuls réels ennemis rencontrés dans le jeu, qui varie en fonction de leurs points faibles, une jolie attention au détails pour une DA qui ne laisse définitivement pas de marbre, dommage une fois de plus qu’un réel manque de variété entache le tableau.

10 ans ; c’est le temps qu’il aura fallu depuis la sortie de Viva Piñata 2 sur xbox 360 avant de pouvoir remettre les mains sur un titre majeur créé par le très britannique studio RARE, à qui l’on doit notamment certains des titres marquants de l’ère 16-32 bits (Donkey Kong Country, Killer Instinct, ça vous parle ?). 10 années d’errances ponctuées par une poignée de jeux Kinects (Kinect Sports) et une des meilleures compilations de jeu sorti à ce jour (Rare Replay)

Greg

Chantons pour passer le temps

Le paysage sonore complimente parfaitement l’image et en souligne chaque instant par de légers tapis musicaux joués ça et là en fonction de ce qui se présente à nous, la musique se fait calme lors de nos sorties en mers, devient inquiétante à l’approche d’un fort ennemi voir tonitruante lors de l’attaque de celui-ci, le tout agrémenté par une multitude de détails sonores, du claquement des mats au roulis des vagues sur le bastingage, les détails d’une brise légère ou des mouettes aux loin sont une véritable réussite et habille de bien belle manière notre aventure. Certains airs de vielle à roue resteront sans doute longtemps dans votre tête après avoir éteint l’écran. Seuls les quelques lignes de dialogues données aux PNJ qui peuple les iles paraissent en retrait et font clairement travail bâclé.

L’avis de TinouCLT

J’irais même plus loin sur l’aspect sonore en ajoutant que chaque action a son bruit spécifique. Pas aussi tactique qu’un Rainbow Six Siege, on se surprend à écouter si quelqu’un ne nage pas pour anticiper toute venue ennemie sur le navire, on écoute si on entend pas la fameuse musique du Kraken, ou si le glouglou d’une fuite d’eau n’est pas audible… Avec un bon casque sur les oreilles, entre musiques et réalisation sonore parfaite, Sea of Thieves est un régal pour nos tympans qui allie l’utile au plaisir auditif.

TinouCLT

Valparaiso

Sea of Thieves propose une expérience intrigante. C’est le premier bac à sable qui vous demande de venir avec vos propres outils et en ce sens j’ai vraiment de la peine à vouloir le juger sur des critères classiques. Doté d’un contenu un peu chiche pour un monde qui se veut persistant. Le manque d’événements marquants, de type de quête et de scénarisation pourra en rebuter plus d’un et à raison. Pour les autres dont je fais partie, la promesse d’un trajet en direction du soleil accompagné de mes amis vaudra toutes les fortunes du monde. Curieusement ce n’est pas l’appel du sang ni de l’or amassés qui égayes mes parties, mais simplement la possibilité de me laisser porter par le vent vers d’autres horizons.

L’avenir nous dira si le contenu additionnel qui enrichira l’aventure sera à la hauteur des ambitions d’un jeu qui navigue peut-être un peu trop à contre-courant !

Et comme le dit l’adage « l’important, c’est le voyage, pas la destination »

Conclusion

Difficile tâche que de fixer une note sur un jeu de cette trempe, d’un côté l’invitation au voyage est permanente et le plaisir réel pour les joueurs investis par ce type d’expérience. De l’autre, le côté brut de décoffrage et le manque global de variété, de challenge et de contenu résonne comme le corps absent du kraken! À 60 euros, l’addition semble salée – Par contre, en bon ambassadeur du Gamepass, les curieux-frileux pourront tester le jeu a un prix raisonnable mais en location. En ce qui me concerne, je prends le risque d’être enthousiaste! Pensez simplement à retirer deux points à la note si les défauts cités sont pour vous rédhibitoires.

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