Test – The Artful Escape, tout droit dans le Hall of Fame ?

The Artful Escape est un titre qui brouille davantage la frontière entre jeu vidéo et œuvre d’art. Mais, comme pour une bonne musique qui ne doit pas se contenter d’un solo mémorable, il aurait pu proposer d’avantage qu’une œuvre contemplative, aussi excellente soit-elle. Il lui manque en effet un ingrédient pour véritablement laisser sa trace : le plaisir de jeu. La manette n’est ici qu’un simple outil de progression, et non une source de fun. Reste une expérience contemplative intense mais courte, à l’esthétique soignée et portée par un casting cinq étoiles.

Pour un bœuf avec toi…

Il existe des titres qui, dès leur annonce, recèlent quelque chose de captivant. The Artful Escape en fait partie. Dès la première vidéo, son esthétique transcendante et son aura captivante m’avaient clairement fait de l’œil. Je savais pertinemment que j’allais y jouer, et je voulais donc garder au maximum l’effet de surprise en évitant la moindre information. C’est donc avec un regard quasi-neuf que je me lance dans l’aventure…

On est accueilli dans le menu principal par une musique qui rappellera les meilleures heures du folk. On a véritablement l’impression d’entendre du Bob Dylan accompagné par un harmonica et une guitare sèche. Je dois même admettre avoir attendu quelques minutes avant d’appuyer sur A, pour profiter de l’ambiance. Mais si les prémices du jeu laissent penser que le folk aura une place centrale, attendez-vous à avoir beaucoup de riffs et solos de guitare électrique dans les oreilles !

On incarne Francis Vendetti, un adolescent et accessoirement prodige de la guitare. Ce dernier voit sa vie artistique être figée dans l’ombre de son défunt oncle Johnson, une véritable légende du folk. Il se sent coincé entre son envie de se démarquer musicalement et de ne pas décevoir son entourage qui attend de lui de n’être qu’un remplaçant. Mais un événement surnaturel va avoir lieu, ce qui lui servira d’introspection (et c’est moins cher qu’une séance chez le psy).

Très porté sur la narration, The Artful Escape propose un doublage de qualité avec des acteurs de renom prêtant leur voix à cette occasion. Jugez plutôt : Lena Headey (Game of Thrones, 300), Carl Weathers (la série des Rocky, Predator), Michael Johnston (Kingdom Hearts III, Teen Wolf), Mark Strong (Kick-Ass, Kingsman) ou encore Jason Schwartzman (H2G2 ou encore Scott Pilgrim). Si les voix ne bénéficient pas d’une adaptation française, tous les textes ont heureusement été traduits.

Un voyage sensoriel et inter-dimensionnel

Si le titre fait penser à un film interactif d’animation, je dois avouer avoir été bluffé par des graphismes d’une beauté incroyable. Les décors sont sublimes, les animations réussies. Certaines phases de jeu sont psychédéliques, rappelant parfois le film des Beatles, Yellow Submarine. Je suis resté plus d’une fois fasciné par ce que je voyais à l’écran, même si je me demandais parfois à quoi carburaient les développeurs de Beethoven & Godzilla ! Et d’ailleurs, je n’ai toujours pas compris pourquoi tous les personnages portent des lunettes…

Côté son, là encore, c’est une franche réussite. Les chansons restent en tête, nous aident à nous plonger dans le jeu. Les effets sonores sont impactants et arrive à faire ressentir le voyage dans lequel notre héros s’embarque. Bien entendu, je conseille vivement l’utilisation d’un casque (ou d’une bonne installation sonore) afin d’en profiter un maximum.

Si la forme est mémorable, le fond n’en est pas moins soigné. Le titre édité par Annapurna Interactive aborde des thèmes profonds, parfois bien cachés derrières des métaphores. L’écriture est, dans l’ensemble, de qualité et ne manque pas d’humour. Les personnages deviennent vite attachants et on s’immerge facilement dans cet univers pittoresque.

Trop de solos tuent le solo.

The Artful Escape alterne entre plusieurs séquences de jeu. Vous rencontrerez des phases de dialogue, des passages de pseudo-plateforme et des intermèdes musicaux. Et c’est malheureusement ici que le bât blesse. Si le titre privilégie la poésie et l’émerveillement, cela se fait au détriment de l’amusement, manette en main. Quand Francis progresse dans un niveau, guitare à la main, vous pourrez maintenir le bouton X pour jouer des riffs endiablés. Ces derniers auront des répercussions visuelles sur le décor autour de vous. Mis à part le côté esthétique (réussi) et contemplatif, ces séquences n’auront pas grand-chose d’autre à offrir.

Pour ce qui est de la partie « jeu de rythme », vous aurez une sorte de partition représentée à l’écran, indiquant quels boutons il faudra appuyer entre X, Y, B, LB et RB. Certaines séquences de touches (généralement dissimulées dans le personnage qui vous accompagne) vont en effet apparaître et vous devrez les reproduire pour progresser. Pas besoin d’être en rythme, le jeu s’adapte à votre tempo. Mais si le résultat sonore est à la hauteur des visuels, ces séquences ne sont pas forcément amusantes… J’aurais personnellement préféré suivre une partition classique façon Guitar Hero et consort.

Autres points qui fâchent : la durée de vie faiblarde du titre. Et vu l’absence de choix qui influent sur l’histoire, on aura très peu envie d’y retourner. Même si je suis en possession d’une Series X, j’ai, à plusieurs reprises, rencontré de légères saccades. Rien de trop grave, mais suffisamment pour le signaler. Enfin, j’ai un gros problème avec ce jeu : la photo de Johnson Vendetti qui apparaît sur le menu de pause est le portrait craché du chanteur de BB Brunes, et ça, ça ne passe pas…

Test réalisé par Jiteubey.

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