Édito – Les jeux vidéo violents font des enfants des bêtes sanguinaires 

Avant-propos : Les éditos XboxSquad n’engagent que leur auteur et ne représentent pas nécessairement l’opinion de toute l’équipe. Bonne lecture !

Suite au terrifiant meurtre d’une professeure par un élève, alors qu’on ne sait rien du tout de l’affaire, on entend sur des plateaux télé des chroniqueurs ou présentateurs asséner avec certitude que les jeux vidéo violents poussent aux actes violents et que les enfants pourraient avoir du mal à faire la distinction entre jeux vidéo et réalité. Ou d’autres, plus “mesurés”, se posent encore la question : les JV violents font-ils des enfants des bêtes sanguinaires ? Je citerai d’abord cet exemple vu sur une chaîne d’info en continu avec ce magistral :

Je pense aussi à l’émission C dans l’air sur France 5, avec le fameux exemple que j’entends depuis des années, mais dont personne n’est jamais capable de citer le titre en question : “on a des points supplémentaires si on abat une femmes enceinte, il y a des jeux comme ça”. Bien sûr que personne n’est capable de dire de quel jeu il s’agit : cela n’existe pas ! Cela souligne par contre la méconnaissance, dans le meilleur des cas du média vidéoludique, le mépris dans le pire. Mais alors pourquoi pointer du doigt les jeux vidéo ?

Désigner le JV : une solution clé en main

Pour commencer, c’est facile. Ensuite, paradoxalement, c’est rassurant. En effet, c’est simple, binaire, ça évite de se poser plus de questions que ça. Plus de jeux vidéo violents induit plus de problèmes d’ultra-violence chez les jeunes ou de crime de sang. C’est compréhensible, non ? Pourquoi n’y avoir pas pensé plus tôt…

Parce que c’est faux ? Réfléchissons ensemble. Pour commencer, cela s’appelle des “jeux vidéo”. Et dans “jeux vidéo”, il y a jeu. (dites-moi si je vais trop vite^^). Et, qu’il soit vidéoludique ou non d’ailleurs, la notion même de jeu implique de se mettre en marge du monde, le temps d’une partie, que ce soit de foot avec ses amis ou à se courir après pour un classique jeu du gendarme et du voleur. Après tout, pour reprendre des mots d’enfants, c’est pour rire, pour “de faux”. On s’abolit pour un temps des règles du monde, de la vraie vie ET on le sait pertinemment. Dès le coup de sifflet final, la réalité reprend ses droits.

Le jeu vidéo a de cela d’extraordinaire qu’il permet de supplanter complètement nos jeux d’enfance en abolissant les règles essentielles que sont les lois physiques ou la mort. C’est juste ça en fait le jeu vidéo : une sophistication des jeux d’enfance pour – je ne sais pas – rendre possible et facile l’exploration spatiale à bord de vaisseaux fabuleux par exemple, ou affronter des hordes de monstres sans risquer sa vie, et ce, avec des amis du monde entier. 

S’appuyer sur des faits plutôt que sur des émotions

Ainsi, soutenir que les jeux vidéo violents poussent les enfants à être plus agressifs, voir à commettre des crimes, et que surtout, il y a confusion entre jeux vidéo et réalité, c’est avant tout méprisant pour les gosses. C’est oublier que c’est avant tout un exutoire, un moyen de s’évader, imaginer, expérimenter, apprendre, sociabiliser, tout comme tout autre média de divertissement, que ce soient les films, les livres, les contes de fées… C’est nier aux plus jeunes leur intelligence (ainsi que le rôle des parents).

J’irai même plus loin, pour les jeunes fragiles, en souffrance, les JV violents ou non (je déborde encore un peu là, désolé) sont plutôt des sonnettes d’alarme, des révélateurs. Cela doit alerter l’entourage de voir son fils ou sa fille passer son temps sur la console quand avant il ou elle sortait faire du sport ou autre. 

Voilà, je me rends compte que là, je me comporte comme un chroniqueur de base. Je n’ai pas de compétence en la matière, je ne parle que de mon ressenti. Cela n’a donc pas trop de valeur au final. Et si on demandait à quelqu’un qui a travaillé dessus, diplômé, donc armé académiquement pour nous donner des éléments de réponse ? Cela dure 5 minutes pour faire le point sur les dernières études en date et un concentré d’informations. 

Avec seulement 5 minutes, on y voit plus clair non ? Alors à l’heure de conclure, il me vient une idée un peu dingue, voire naïve : sur les plateaux de télé, radio, dans les médias en général, et si on demandait aux personnes qui savent et qui travaillent dessus depuis des années de nous donner leur conclusions et faire part de leur expertise ? Et non à des chroniqueurs qui ne balancent que leurs a priori, clichés et opinion fondée sur rien ? Oui je sais, c’est bien naïf…