Quelle idée saugrenue entre nous. Pas forcément mauvaise, hein, entendons-nous ! Mais tout de même, oser capitaliser sur l’échec commercial que fût Psychonauts en 2005 pour sortir une suite 16 ans plus tard, il faut le faire. Au regard du studio impliqué, Double Fine, on se dit qu’au final, ça leur ressemble bien. Au passage, ce premier opus garde tout de même une étiquette “culte” auprès des connaisseurs et connaisseuses. Et de mon beau-frère (vraie info inutile, passons). Alors oui, idée saugrenue sans aucun doute mais géniale. Car manette en main et yeux écarquillés, Psychonauts 2 a tout du chef d’œuvre. On rit comme rarement, on s’amuse sans discontinuer et on se laisse embarquer dans un voyage inoubliable… Psychonauts 2 : c’est exactement ce pour quoi on allume sa console.
Note 1 : pour en savoir plus sur Double Fine, vous pouvez utilement lire cet article ou même regarder sa mise en image avec ce film documentaire par Xboxsquad.
Note 2 : les images ci-dessous sont issues du tout début de l’aventure. Il est hors de question de gâcher la moindre dinguerie visuelle vue par la suite. Et il y en a pléthore.
À ce niveau-là, ça se joue surtout au mental
La fin du premier Psychonauts donne lieu à un happy end où le petit Razputin a sauvé le chef des Psychonautes, des agents doués de pouvoirs psychiques œuvrant pour le bien commun. Des sortes d’Avengers pour la faire très courte… mais en plus classes. Une cinématique rappelle les faits pour ne pas perdre ceux et celles qui sont passés à côté du premier épisode. Et le ton est déjà donné avec une mise en scène inventive, cette touche d’humour bon enfant légèrement acide malgré tout et un peu de loose… Qui va coller à la peau Raz d’emblée, dès le début de cette suite directe, quand on retrouve notre héros seulement quelques jours après au QG des Psychonautes, prêt à faire ses preuves. En effet, si Raz pense qu’il a gagné ses galons d’agent et partir en mission à travers le monde pour combattre le mal, il se trompe lourdement. Il va se retrouver simple stagiaire au service courrier, avec comme mentor l’insipide Nick Johnsmith. Autant dire que notre intrépide héros est mal barré. Surtout que Raz est également la cible de railleries de ses jeunes collègues apprentis eux aussi…
On retrouve ici la thématique de l’outsider par excellence, du petit raté, loser et gaffeur, orphelin et maltraité par tout le monde, plus ou moins ouvertement. Et le titre va s’employer pendant les quinze heures de l’aventure principale à renverser les rôles. Les intrigues s’enchainent et s’imbriquent, sous couvert d’un sombre complot mettant en péril l’existence même des Psychonautes, d’une histoire familiale “compliquée” et de destins brisés par un lourd passé. Ainsi, Psychonauts 2 propose une histoire bien plus profonde et mature qu’il n’y parait a priori. Et parvient avec moult rebondissements à tenir en haleine et finir en apothéose avec des scènes d’anthologie tout le long. Par ailleurs, quelques missions annexes s’invitent également mais ne sont que prétexte à fouiller l’univers en profondeur.
Par moment, par séquence, le jeu va même jusqu’à aborder des thèmes extrêmement lourds, comme l’alcoolisme, la dépression et j’en passe. Cela est réalisé toujours sur le ton de l’humour et légèreté, sans tourner dans le pathos. Et surtout avec douceur et bienveillance. Car au sortir de ces scènes, j’avais surtout eu envie de prendre dans mes bras ces personnages fracassés mais refaisant surface grâce aux actions de Raz. Emouvant.
Un Raz de marée de bonnes idées
Psychonauts 2 est un savant mélange de plateforme, action, aventure en vue à la troisième personne. Comme le nom du jeu l’indique, Raz a la possibilité de pénétrer la psyché des personnes qui l’entourent et d’explorer leurs consciences et surtout leurs fêlures. Ainsi, ce seront treize cerveaux à parcourir, soit treize niveaux à part entière qui ont chacun une identité visuelle unique et forte, avec des particularités de gameplay propres. C’est dingue, inattendu et une bonne surprise car j’avais peur d’entrer dans une sorte de routine mais jamais elle ne s’est installée. JAMAIS.
À ce point que certains niveaux mériteraient un spin-off. Comme ce festival de musique sous acide et couleurs vives, façon Beatles époque Yellow Submarine ou cette parodie d’émission culinaire ou encore… Non j’arrête là, j’en ai trop dit. Outre ces plongées psychonautiques, quatre zones ouvertes dans le monde “réel” feront office de zones pour faire des pauses entre deux épopées corticales. L’occasion également de refaire le plein de consommables et de farmer de quoi monter de niveaux.
Au cours de son périple, Raz va apprendre jusqu’à huit pouvoirs. D’une part, certains participent à faire de Psychonauts 2 un bon jeu de plateforme 3D à la visibilité satisfaisante pour des phases parfois tendues et souvent spectaculaires. D’autre part, les autres rendent les combats de très bonne facture, avec un bestiaire au diapason. Les ennemis sont de belles trouvailles et représentent des états mentaux comme exemple le regret, qui vous largue un poids sur la tronche ou la mauvaise humeur, qu’il faudra apaiser… Les boss aussi sont iconiques mais ne représentent pas un challenge invraisemblable une fois qu’on a capté leur point faible.
Une direction artistique de folie
L’aventure de Raz prend les atours d’un grand dessin animé, sans choix dans les dialogues. Ces derniers sont d’ailleurs excellents, très drôles et/ou décalés. Ils mettent parfaitement en valeur une galerie de personnages hauts en couleur et attachants. Une réussite totale. Je garderai toute ma vie en tête cette discussion hilarante entre Raz et sa camarade de classe Sam. Celle-ci lui expliquant “sa” recette de crêpe, avec des ingrédients que je qualifierais d’alternatif. Un régal si je puis dire. Une séquence pleine de gène et de drôleries, où les animations faciales font merveille pour retranscrire les non-dits. D’ailleurs, le “psychonautisme” permet tous les délires et les développeurs ne s’en sont pas privés. Les délires visuels s’enchainent sans jamais se répéter. Avec des plans qui font lâcher des waouh et poser la manette quelques instants devant le spectacle proposé.
Sans doute pas le plus beau jeu de tous les temps, Psychonauts 2 a néanmoins de la gueule, avec une direction artistique identifiable instantanément. Pas une claque graphique donc, mais plutôt mille et un uppercuts visuels pour dépeindre un monde d’une richesse folle. Des personnages aux architectures, tout est asymétrique, grotesque et déformé. On se croirait dans un film de Tim Burton en 4K et 60 ips, avec une mise en scène inventive, ingénieuse et se renouvelant constamment. Et le plus dingue, vous savez quoi ? C’est que le monde dépeint ici est certes délirant, incroyable et parfois déstabilisant… mais il reste COHÉRENT avec son univers et son postulat de départ. Un tour de force. Enfin, la musique aussi se met au diapason du cerveau que Raz parcourt. Par exemple, pendant le festival de musique mentionné plus haut, du rock psychédélique accompagnera notre cher explorateur. Là aussi un régal de renouvellement. On ne s’ennuie jamais.
Conclusion
Psychonauts 2 s’impose directement comme une expérience indispensable, mémorable et jubilatoire. Ses niveaux inventifs et ingénieux, spectaculaires et délirants, se renouvèlent constamment tant visuellement qu’au niveau gameplay, enchainant les séquences d’anthologie et les grands moments de comédie. Les dialogues sont truculents et mettent en valeur une belle brochette de personnages pour une aventure de quinze heures en se focalisant sur l’histoire principale. Cette dernière parvient à surprendre jusqu’à la toute fin et à garder sa cohérence de bout en bout. Un exploit tant l’univers dépeint ici permet absolument tous les délires et expérimentations. Une réussite totale, donc. Et j’ai bien peur que Psychonauts 2 reste “moderne”, novateur et avant-gardiste même dans dix ans, inondés que nous sommes de remakes et productions génériques. Alors ne boudons pas notre plaisir et profitons de ce chef d’œuvre. Et croisons les doigts pour ne pas attendre quinze ans avant un éventuel troisième épisode.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✘ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✔ Taille couleur de police | ✔ Identification de la personne qui parle | |
✔ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✔ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | oui | |
Console | Xbox Series X | Temps passé sur le jeu | 15 heures de bonheur | |
Niveau de difficulté | N.A. | Jeu terminé | oui et j’y retourne dès que je peux ! |
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