Le Xbox Game Pass est devenu au fil des années la pierre angulaire de la stratégie Xbox. Le service est en effet largement mis en avant par le constructeur américain et les ambitions de conquêtes sont fortes. Cependant, si le service à abonnement est particulièrement avantageux pour les joueurs, il pose de sérieuses questions à l’industrie. A l’image d’autres secteurs avant lui, celui du jeu vidéo vit actuellement une transformation importante de ses modes de consommation…et de création. Se pose donc la question de savoir si le Xbox Game Pass sera bénéfique pour le média ou s’il incarnera un danger pour les développeurs.
Le Choix, coeur de la stratégie Xbox
Dans une interview accordée au Guardian, Phil Spencer répond clairement à cette question. S’appuyant sur l’exemple de Spotify, le patron de Xbox explique que la démarche adoptée est différente de celle de la plate-forme musicale. En effet, là où Spotify souhaite “couper” l’utilisateur des autres modes de distribution afin de rendre captif son utilisateur, Xbox souhaite conserver et appuyer tous les supports existants. Le Xbox Game Pass, oui, mais pas envers et contre le marché traditionnel d’achat.
Idéalement, notre objectif est de soutenir tous les modèles qui existent actuellement, du commerce de détail au jeu gratuit en passant par les abonnements. Je pense que la diversité des modèles commerciaux est l’une des principales différences entre ce que nous essayons de construire et ce qui s’est passé dans la musique, où tout a basculé d’un seul coup
Une approche certes différentes, plus vertueuses et qui tend à ouvrir le média à davantage de joueurs. Le discours est désormais bien connu, mais le marché potentiel de joueurs que vise Microsoft se chiffre à quelques 3 milliards de joueurs. Un potentiel autrement plus conséquent que celui des simples consoles de salon qui plafonne à quelques 200 millions d’acheteur. L’objectif est ainsi d’installer Xbox comme un Écosystème et non plus comme une simple console. Une vision en place depuis des années, qui explique l’arrivée de jeux sur PC, de la création du xCloud ou encore l’absence de concurrence directe avec PlayStation.
Je pense que les gens qui veulent nous opposer à Sony en se basant sur le nombre de consoles vendues perdent le contexte de ce qu’est le jeu aujourd’hui. Il y a 3 milliards de personnes qui jouent à des jeux sur la planète aujourd’hui, mais peut-être [seulement] 200 millions de foyers qui ont une console de jeu vidéo. D’une certaine manière, l’espace des consoles représente un pourcentage de plus en plus faible de l’ensemble du gâteau des jeux
Le Xbox Game Pass permet de créer des jeux différents
Fort de ce marché nouveau qui offre des perspectives bien plus vastes que les seuls joueurs console, Xbox investi donc massivement pour créer des jeux. Avec la croissance des Xbox Game Studios ou, tout récemment, le rachat de ZeniMax Media pour 7,5 milliards de dollars, la firme prouve qu’elle souhaite laisser les jeux s’épanouir sur son service. Face aux doutes et inquiétudes de voir des production stéréotypées, qui tendent uniquement vers le Game As A Service, Phil Spencer se veut là aussi pédagogique et rassurant. Et il mentionné deux exemples récents comme preuve d’une philosophie de liberté créative : Tell Me Why et Microsoft Flight Simulator.
Honnêtement, je ne pense pas que nous aurions donner le feu vert pour Tell Me Why si ce n’était pas dans le cadre du Game Pass. Il s’agit d’un jeu épisodique, basé sur une histoire – nous n’en voyons pas beaucoup être produit. Nous savions, avec les 15 millions d’abonnés que nous avons maintenant, qu’il serait joué, et que les gens s’y engageraient plus qu’ils ne le feraient s’il y avait un prix de 30 $. Même Flight Simulator est un jeu pour lequel nous n’aurions pas donné de feu vert si nous n’avions pas vu le Game Pass se développer. Nous avons un million de joueurs sur Battletoads ! Ce sont tous des exemples de jeux qui, dans un modèle exclusivement commercial, auraient davantage subi la concurrence.
Il reste désormais à confirmer la viabilité du modèle dans le temps. Avec la situation sanitaire actuelle, le jeu vidéo a connu une forte croissance dans son ensemble. De nouveaux joueurs ont émergé partout et, à en croire Phil Spencer, cela devrait se poursuivre dans le temps. “Les jeux vidéo sont un excellent exutoire pour [eux], et cela va continuer pendant des années et des décennies” anticipe t-il. Souhaitons-le !
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