Square-Enix dément les rumeurs d’un potentiel rachat

Depuis quelques heures, la rumeur d’un rachat de Square-Enix se propage sur Internet. Selon CTFN, un site spécialiste des opérations financières, le développeur japonais aurait en effet reçu plusieurs propositions de rachat dernièrement. Des informations reprises et confirmées par Bloomberg ce matin et qui ont donc fait le tour du monde en quelques heures. Cependant, Square Enix vient de publier un communiqué de presse afin de démentir ces opérations.

Square-Enix n’est pas à vendre

C’est l’effervescence depuis ce matin. Dans toutes les rédactions, le rachat supposé de Square-Enix fait la Une. Il faut dire que CTFN est plutôt habitué à offrir des informations sérieuses, tout comme Bloomberg au demeurant. Alors quand les deux sociétés affirment que l’illustre développeur japonais a reçu des propositions de rachat, nous sommes tentés de les croire.

Cependant, à 11h08, c’est Square-Enix qui prend la parole et tient à clarifier les choses. La société japonaise nie en bloc les informations partagées plus tôt par CFTN et Bloomberg, et affirme sa volonté de rester indépendante. Aucune offre n’aurait été posée sur le bureau de la direction et cette dernière n’entend vendre ni la société, ni certaines de ses activités. Voici le communiqué de Square-Enix traduit par nos soins.

Bloomberg a rapporté aujourd’hui que plusieurs acheteurs sont intéressés par l’acquisition de Square Enix. Toutefois, ce rapport n’est pas basé sur une quelconque annonce de Square Enix Holdings Co. LTD.
Nous n’envisageons pas de vendre la société ou une partie de ses activités, et nous n’avons pas reçu d’offre d’un tiers pour une acquisition.

Un démenti clair et formel. Suffisant pour balayer toutes les rumeurs ? Pas sûr.

Microsoft sur le coup ?

Il faut dire que le marché est en pleine restructuration dernièrement. De nombreux studios sont rachetés ces dernières années et, plus largement, on assiste à des opérations financières importantes dans de nombreux secteurs. Chez Microsoft, les acquisitions sont très fréquentes et l’on pense tout particulièrement à celle de ZeniMax Media récemment.

C’est d’ailleurs sans doute cette opération qui a fait que l’information a pu prendre tant d’ampleur rapidement. Alors que la firme vient à peine de finaliser le rachat du groupe américain pour la somme de 7,5 milliards de dollars, Satya Nadelle et Phil Spencer ont déjà annoncé ne pas fermer la porte à de nouvelles opérations semblables. D’ailleurs, certains commentateurs avaient même rapporté plus tôt cette année des discussions entre Xbox et un nouvel éditeur. Alors, pourquoi pas Square-Enix ?

A la lecture des activités du groupe et de sa capitalisation, le rachat de Square-Enix accoucherait d’une opération de l’ordre de 10 milliards de dollars. Un montant loin d’être inaccessible pour Microsoft qui a notamment généré 15 milliards de dollars de bénéfices au dernier trimestre fiscal. Ainsi donc, si l’opération est réalisable, les rumeurs ne devraient donc pas s’arrêter en si bon chemin. Et ce, malgré les efforts de Square-Enix pour démentir la chose.

Cependant, si le rachat est possible, il n’est pas nécessairement opportun pour le constructeur américain. Déjà parce que les liens qui unissent Square-Enix et Microsoft ne sont pas des plus solides et ensuite parce que le développeur japonais a déjà plusieurs exclusivités en cours avec Playstation. Racheter Square-Enix mais laisser Final Fantasy XVI ou Forspoken être disponibles uniquement sur PS5 pendant 12 ou 24 mois ferait sans doute perdre une bonne partie de son intérêt au rachat. Du moins à court et moyen terme.

Et en parallèle, les cultures et pratiques entre les deux sociétés sont très différentes. Il s’agit d’une opération qui ne serait sans doute pas évidente à mener et l’intégration des équipes japonaises dans l’univers américain ne serait pas des plus aisées. D’autant qu’il y a déjà 8 studios et des milliers d’emploi à digérer suite à l’acquisition de ZeniMax Media. A ce jeu là, Capcom serait sans doute plus simple à «ingérer».

Rachat ou pas ?

Ce qui est certain, c’est que les rumeurs devraient se poursuivre bon train. D’ailleurs, ces dernières ne datent pas de ce matin. Il y a quelques mois, plusieurs rumeurs avaient déjà couru, sans que des sources sérieuses ne puissent citer des proches du dossiers. Et, naturellement pour des opérations de telle ampleur, Square-Enix n’a aucun intérêt à ébruiter et à confirmer que des tractations sont en cours.

Difficile donc de donner un crédit absolu au communiqué de la firme tokyoïte, même si «mentir» sur un tel sujet n’est pas sans conséquence, notamment vis-à-vis des actionnaires. Cependant, on connaît la dextérité de la finance pour jouer sur les formulations. Après tout, Square réfute vouloir vendre et avoir reçu une offre d’un tiers. Pas que des échanges sont en cours ou que des tiers aient manifesté un intérêt sans nécessairement formuler une offre concrète.

Du côté des acheteurs potentiels, il ne sont pas très nombreux dans l’industrie du jeu vidéo. Outre Microsoft, Sony apparaît comme un partenaire naturel. Cependant, le coût de l’acquisition, alors même que le développeur est déjà enclin à offrir des exclusivités régulières au constructeur de la Playstation, semble prohibitif.

Tencent, le géant chinois est également une option crédible dans le cadre d’un rachat. Il a déjà montré son appétit pour le gaming et a les ressources pour absorber aisément une telle entité. Ensuite, il faut sans doute prendre en compte des groupes qui ne sont pas issus du jeu vidéo mais qui en perçoivent l’intérêt stratégique et l’opportunité financière. Cela pourrait être des groupes américains ou asiatiques, ou mêmes des fonds d’investissements qui souhaitent simplement réaliser une plus-value à moyen-terme.

Bref, le sujet de ce rachat devrait sans doute faire encore couleur beaucoup d’encre dans les prochains mois. Square-Enix assure ne pas vouloir vendre, mais cela pourrait sans doute dépendre des offres et des montants posés sur la table des négociations. L’avenir nous dira donc ce qu’il est en est même si, et c’est la seule certitude du jour, un hypothétique rachat ne devrait pas être annoncé ces prochaines semaines !