Test – The Solitaire Conspiracy, une réussite ?

Je dois vous avouer quelques chose : j’ai un faible pour les jeux de cartes. Je ne parle pas de Magic, Pokémon et consort, mais bien des paquets qu’on utilise pour le poker, la belote et j’en passe. Plus jeune, je pouvais passer des journées sur le solitaire. Aujourd’hui, ça n’a pas changé puisqu’il ne se passe pas un jour sans que j’ouvre Microsoft Solitaire Collection pour quelques parties. Alors quand j’ai découvert l’existence d’un jeu scénarisé sur ce thème, j’ai sauté sur l’occasion !

Les sept familles… avec des pouvoirs

Le développeur du jeu, Mike Bithell, est surtout connu pour l’étrange Thomas Was Alone et le nerveux John Wick Hex. Ici, on ne contrôle aucun personnage directement, puisqu’on fait face à des piles de cartes. Ces dernières symbolisent la répartition de différentes équipes d’espions pendant leurs missions. On se retrouve alors à bouger nos cartes tel un général déplaçant ses troupes lors d’une mission.

Pour ceux qui ne le savent pas, une réussite est un type de jeu de cartes qui se joue seul. Le Solitaire, FreeCell et de nombreux autres en font partie. The Solitaire Conspiracy, contrairement à ce que son titre indique, propose un concept très largement inspiré de celle intitulée “Château Assiégé”. Je ne vais pas en expliquer les règles ici, le titre s’en occupe très bien. Un rappel étant même disponible à tout moment en partie, en appuyant sur Start.

La petite particularité est que les trois têtes de chaque “famille” bénéficie d’un pouvoir. Ce dernier pourra vous aider dans la résolution en mélangeant une pile ou en extrayant la prochaine carte dont vous avez besoin. Ou au contraire, sera peu utile, voire pénalisant. Tout dépendra de votre façon de jouer. Une chose à savoir cependant : pour que cette compétence soit active, l’as de la même couleur devra être posé sur la pile finale.

Chaque niveau peut-être joué sans contrainte, ou alors avec un nombre limité de mouvements, ce qui octroie alors un bonus d’XP. Si le mode normal est fait pour ne pas se prendre la tête, l’autre se révèle bien plus tactique et plaisant. On ne se contente pas de déplacer des cartes jusqu’à terminer le niveau, on se met à compter le nombre de mouvements que chaque action va générer. Et c’est là que les pouvoirs de certaines cartes prennent toutes leur importance. Et si j’ai parlé d’XP, c’est parce que le titre propose un système de progression par niveau, avec diverses récompenses à la clés : modes de jeu, nouvelles équipes, etc.

Un jeu qui rebat les cartes

Pour enrober le tout, The Solitaire Conspiracy a opté pour un scénario lorgnant sur les films d’espionnage. Et cela se voit dès son générique, dont l’ambiance fait immédiatement penser aux films James Bond. Vous endosserez le rôle d’un sauveur providentiel, le seul qui puisse sauver le monde après que Protego, la plus grande agence d’espionnage au monde, ait été détruite.  Et de très jolis artworks sont utilisés pour illustrer l’aventure. Des séquences vidéo en prises de vue réelles sont bien intégrées. Elles mettent en scène des personnalités connues outre-Atlantique dans le domaine du journalisme ou de la création vidéo. On retrouve par exemple Greg Miller dans le rôle de Jim Ratio, le dernier analyste de l’agence, ou encore Alanah Pearce.

La musique de Jon Everist (Disintegration) est entraînante, et aide à plonger le joueur dans cet univers futuriste et informatique. Mais on se retrouve vite confronté à un problème : la répétitivité. Celle du menu principal, aussi bonne soit-elle, finira par irriter légèrement. Heureusement qu’en progressant dans la campagne, de nouveaux morceaux de qualité viennent prendre le relai. Le soin apporté aux compositions est vraiment à souligner. J’ai fortement apprécié leurs variations au sein d’un même niveau. En effet, plus vous vous rapprochez de sa résolution, plus l’accompagnement musical sera présent, fort et épique, dont les envolées seront annonciatrices d’une victoire proche. Par contre, à noter qu’en reprenant le jeu après avoir fait un tour dans l’interface pendant quelques instants, de grosses saccades sonores surviennent pendant une dizaine de secondes.

L’as de trèfle qui pique ton cœur ?

On ne va pas se mentir, l’idée d’amener une intrigue et un aspect RPG apporte un souffle frais au concept de The Solitaire Conspiracy. Malheureusement, l’histoire reste assez simpliste et peu engageante. Les scènes en prises de vue réelles sont un bel enrobage qui n’apportent pas plus de fond que cela. D’ailleurs, ces dernières n’ont pas été doublées et sont donc en anglais, mais les textes et sous-titres sont en français.

La version disponible sur Xbox regroupe le jeu de base ainsi que les deux DLC sortis sur PC (Return of the Merry et The Atlantis Project), pour un prix raisonnable : 10 euros. De nouveaux modes de jeu sont déblocables en progressant dans l’aventure : un mode “Mêlée” qui permet de choisir librement les équipes en présence, et un mode chronométré qui mettra vos nerfs à rude épreuve. Des défis quotidiens seront aussi accessibles arrivé à un certain niveau.

Le titre est court, comptez une petite poignée d’heures pour terminer le scénario. Mais ce n’est pas une mauvaise chose, car le jeu peine à se renouveler sur la longueur. Une fois qu’on a bien le concept en main, et qu’on enchaîne les missions, le titre perd un peu de sa saveur. J’aurais par exemple apprécié avoir des variantes du jeu, d’autres types de réussite pour briser la monotonie qui s’installe petit à petit. Et la liste de succès, peu inspirée, ne prolonge pas le plaisir.

Si on nous a habitué par le passé à ce que la plupart des jeux soient jouables à la fois sur One et Series, il est étonnant que The Solitaire Conspiracy soit exclusif à la génération actuelle. Rien du côté technique n’impose un tel choix. C’est bien dommage, car entre les problèmes d’approvisionnement et les personnes encore indécises sur le passage à la Series, il mettra peut-être une partie de son public de côté.

Conclusion

The Solitaire Conspiracy est une excellente surprise. Vouloir dépoussiérer la réussite de cette manière est une très bonne idée. L’enrobage aux couleurs futuristes et aux airs de film d’espionnage apporte incontestablement un charme au titre. Et ce, même s’il reste au final superficiel. Les musiques sont vraiment remarquables, et les textes sont en français. Malheureusement, c’est sur le long terme que le jeu pêche. Son manque de variété joue contre lui. Mais pendant la poignée d’heures de détente et de réflexion qu’offre le jeu, il le fait de très bonne manière. Il risque de faire des victimes du syndrome « une dernière partie et j’arrête » parmi les amateurs de jeux de cartes.

Test réalisé par Jiteubey.

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