Il était une fois, à une époque pas si lointaine que cela, un jeu incroyable dont la légende raconte qu’il faisait fondre les cartes graphiques à la moindre évocation de son nom. On dit même qu’il est cité de nos jours comme le plus beau titre du monde entier, et que l’industrie ne s’en est pas encore remise ! Non content d’avoir dopé le marché des puces accélératrices, et fait prendre du galon à la société des frangins Yerli, Crysis a cristallisé dans l’esprit des joueurs le désormais fameux « je crois que là, on ne pourra plus faire mieux ».
Treize ans, un portage et une version remastered plus tard, les gamers se remémorent encore, une larme en embuscade, ce jour béni où ils ont réussi à faire tourner le jeu sur leur machine.
Le temps passe, la caravane a foutu le camp avec le chien, et Crytek après moult déboires financiers revient sur le devant de la scène grâce à une nouvelle version d’un épisode qu’on peut sans crainte cataloguer de classique. C’est qu’un moteur de jeu « ça ne se vend pas tout seul ma bonne dame », donc quoi d’autre que d’annoncer le support du ray tracing en natif sur les consoles actuelles afin de susciter intérêt et curiosité ! Et de ce côté le contrat est rempli, pour le reste ? Comme le dira mieux que moi mon profil Facebook : c’est compliqué.
Nul n’est Prophet en son pays
Crysis, pour les deux du fond qui préféraient jouer au foot dehors plutôt que de s’enfermer pendant des heures à bricoler les paramètres de leur GeForce 8800, c’est avant tout un scénario qui tient sur un post-it, mais qui a le mérite de ne pas faire dans le café philo de 16 heures. On incarne donc Nomad, un soldat surentraîné et équipé d’une combinaison blindée de nanotechnologie, lâché avec ses camarades sur une île dans le but de secourir les membres d’une équipe de chercheurs. Nous ne sommes bien sûr pas les seuls puisque le général Kyong, responsable de la séquestration des archéologues sus-cités, est venu avec son armée et ne tient pas particulièrement à partager ses découvertes. Rebondissement, libération d’otage, char d’assaut, aliens belliqueux… fin de l’histoire et on embrasse la.. Ah non… on part avec un fusil capable d’envoyer des mini charges nucléaires, je suppose que c’est bien aussi.
Middle life Crysis
La première chose à savoir par rapport à Crysis Remastered, c’est qu’il est bâti sur les fondations du portage 360 du jeu, lui-même transfuge de la version PC dotée de quelques améliorations de la qualité de vie, en particulier une refonte du fonctionnement de l’armure, désormais plus agréable à la manette. Mais également de l’élagage d’une des missions réputées comme trop intensives pour nos petites consoles de salons. Ce que cela veut dire c’est que si vous avez fait Crysis lors de sa sortie en 2011, vous aurez fait l’intégralité de ce que propose cette nouvelle version, succès compris.
Cela signifie également que la grande majorité des modèles 3D qui composent le jeu sont strictement identiques et trahissent le manque d’ambition du portage dès les premières minutes de jeu. Alors certes, le nombre d’éléments affichés est plus important, de même que la distance d’affichage ou la densité de la végétation, cela ne suffit malheureusement pas à faire de Crysis Remastered un mètre étalon pour la génération à venir, loin de là.
Le titre propose 3 types d’affichage sur la Xbox One X :
Graphismes : C’est le mode le plus détaillé du lot, l’image est très propre et c’est dans ce mode que j’ai fait mon premier run. Malheureusement, c’est également la foire au tearing (déchirement de l’écran induit par l’impossibilité du moteur à synthétiser l’image suivante dans le temps imparti). Ce mode dispose également d’un input lag important qui nuit énormément à la nervosité et à la précision des affrontements.
Performance : Résolution réduite et input lag minimum, c’est l’expérience la plus fluide du lot, au détriment de la qualité d’affichage.
Ray tracing : l’image dispose des mêmes paramètres que pour le mode performance, avec une couche d’éclairage géré par du lancer de rayon. Ce qui signifie que certains reflets ainsi que certaines ombres seront plus réalistes. L’input lag est contenu, mais subsiste encore du tearing ça et là ainsi que quelques soucis de chargement.
Du ray trace sans puce dédiée ? On ne se foutrait pas de ma gueule par hasard ?
Et bien non jeune incrédule ! Techniquement, on pourrait faire du lancer de rayon avec un test de grossesse électronique, est-ce que ce serait pratique ? Évidemment que non, mais est-ce que c’est faisable… Tout à fait !
Greg
Le ray tracing c’est une équation mathématique, on trace un rayon entre une source de lumière et un point dans l’image, et on calcule la quantité et les caractéristiques de la lumière reflétée pour finalement afficher le résultat. Le soucis c’est que pour l’ensemble d’une image, on ne parle plus d’un rayon, mais de centaines, voire des milliers de rayons et cela pour chaque image. Les ingénieurs de chez Crytek ont donc établi des scenarios afin de réduire le nombre de calculs nécessaires et rendre cela possible pour nos pauvres processeurs vieillissants (la bonne nouvelle, c’est que je ne suis pas enceinte)
“À part ça on peut pas mélanger l’ancien et le moderne”
Tout au long de mon run sur cette version remasterisée, j’ai été assez déçu du feeling global des armes, des différents bugs sonores rencontrés, de l’acuité visuelle surhumaine des ennemis, bref… Je n’ai pas trouvé mon temps passé sur le jeu extrêmement plaisant. C’est donc tout naturellement que je me suis dit : si je relançais la version 360… Juste pour voir. Et j’ai fait un second run intégral sur cette version de 2011 (que j’avais testé à la sortie) grâce à la rétrocompatibilité (le jeu ne bénéficie pas d’améliorations). Figurez-vous que c’était chouette ! Réactif, nerveux et fluide. Sans tenir compte de la baisse de résolution et des graphismes clairement plus à niveau, mon temps passé sur l’original de 2011 a été nettement plus agréable que mon parcours du combattant sur la version 2020. Patrimoine vidéoludique = 1 / remaster = 0.
Au registre des choses qui fâchent, je citerais également l’absence d’ambient occlusion (qui permet une meilleure intégration des éléments de l’image, en générant des ombres de contacts entre eux), des bugs sonores en veux-tu en voilà et un mixage aux fraises (déjà présent sur la version d’origine), des choix esthétiques douteux (on passe du bon au médiocre assez rapidement, les éclairages intérieurs étant particulièrement réussis, à l’inverse des extérieurs), de la gestion catastrophique du HDR (rendez-vous service, désactivez-le), et l’input lag qui gâche l’expérience à tous les niveaux.
Tout bien réfléchi… Non !
Avec l’arrivée imminente d’EA Play dans le Game Pass, il m’est extrêmement difficile de conseiller cette version ++ de Crysis. Le seul fait que cette édition Remastered dispose de graphismes rehaussés et d’un ray tracing fonctionnel ne justifie en rien de repasser à la caisse. Surtout quand pour l’équivalent du prix d’un test de grossesse, on peut s’offrir quatre mois d’EA Play et profiter de l’intégralité de la série dans des versions encore tout à fait honorable et surtout parfaitement jouable. Crysis est une légende qui mériterait désormais un remake plutôt que d’empiler des couches de vernis. À trop traire les joueurs, ce n’est plus les processeurs qui finiront par se fendre, mais nos petits cœurs de gamer.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✔ Contraste élevé (réticule de visée) | ✘ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✘ Taille couleur de police | ✘ Identification de la personne qui parle | |
✘ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✘ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | oui | |
Console | Xbox One X | Temps passé sur le jeu | 10 heures | |
Niveau de difficulté | normal | Jeu terminé | oui |
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