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Test – FIFA 19, le roi déchu

En tant qu’employé de boutique de jeux video c’est un rituel. Je rachète au mois de septembre des FIFA N-1 une bouchée de pain pour vendre le nouveau au prix fort. Cela ne me fait pas spécialement plaisir mais le jeu est ainsi fait, la sortie du nouveau entraîne l’obsolescence de l’ancien. FIFA c’est un abonnement de 70 euros par an, voilà comment je le vois. Et avec le cru 2019, EA me donne raison.

Ça démarrait pourtant fort

Premier match lancé automatiquement, Juventus contre PSG, et FIFA annonce directement que le spectacle sera au rendez-vous. Le match se passe dans un stade bouillant avec des tifos impressionnants et une musique attendue depuis des années, celle de la Champion’s league. Nous voyons l’entrée des joueurs et la modélisation des stars est convaincante. Ronaldo et sa mou unique, Neymar et ses tatouages, Rabiot et …. sa tête, c’est déjà beaucoup. Tout ici est immersif au possible, jusqu’aux chants officiels des supporters.

Ce premier match est spectaculaire sur le terrain. Avec un parterre de star pareil rien d’étonnant. Neymar et Ronaldo sont des joueurs qui ont l’habitude de faire des gestes magnifiques et de régaler les spectateurs. On se dit alors que c’est une bande annonce, un apéritif, un match volontairement ouvert pour nous mettre l’eau a la bouche. J’étais loin de la vérité.

Foot Champagne

Ce FIFA 19 est clairement placé sous le signe de l’arcade. Là où EA avait réussi à conquérir son public en proposant des simulations pointues, il semble ici vouloir prendre un virage glissant. Celui du jeu tout public où même ceux n’ayant jamais vu un match pourront s’amuser. En soit, je n’ai rien contre les jeux d’arcade, j’ai même d’excellent souvenir sur Red Card Soccer. Mais est-ce vraiment ce que l’on recherche en achetant la simulation n°1 ?

FIFA19_NeymarLe football est un sport bien plus tactique que technique, et cela FIFA19 semble l’ignorer. Inutile de prendre une équipe qui vous semble équilibrée de la défense à l’attaque car c’est cette dernière qui prime. Les attaquants sont redoutables, ne ratent jamais un dribble, cadrent souvent et récupèrent les ballons haut si vous enclenchez le mode pressing qui est dévastateur. La vitesse est plus que jamais l’argument principal d’un attaquant FIFA, au point que pour s’assurer la victoire, nous aurons vite fait d’établir des compositions qui n’auraient aucun sens dans le foot réel. Paul Pogba sera donc redoutable en attaquant axial, poste qu’il n’a jamais occupé pourtant.

Des joueurs oubliés

Fia19 je l’ai dit fait la part belle à l’attaque et oublie une composante essentielle du football : la construction. Beaucoup de joueurs capables de faire la différence à eux seuls sont ici relégués à une quasi inutilité. Je pense à Kante, Ozil, Dybala, Fekir, Kroos, Modric et à tous les grands milieux de terrain brillant par leur vision du jeu exceptionnelle. Leur rôle est ici minime puisque les passes arrivent quasiment toujours dans les pieds des attaquants, même avec des milieux de seconde zone. Et pour contrer l’attaque adverse on misera plutôt sur une défense physique.

Il n’y a donc qu’une seule manière réellement efficace de jouer : attaque rapide et défense physique. Triste quand on connaît les redoutables équipes lentes et physiques d’Angleterre et les milieux techniques d’Espagne. Ceci étant, rien ne vous empêche de jouer avec ces dernières. Mais il faudra accepter d’avoir des difficultés face à des équipes supposées inférieures mais plus en phases avec la philosophie de jeu de cet opus.

Le mode FUT

Maître mode de FIFA, FUT nous revient dans le même écrin. Vous devez composer une équipe à l’aide de joueurs obtenus dans des lootboxes ou en gagnant des titres. L’originalité de ce mode reste les contraintes qu’il impose pour les compositions. En effet vos joueurs doivent avoir des compatibilités (même club, nationalité ou championnat) pour être les plus efficaces possible. Toujours efficace et réaliste puisque beaucoup d’équipes comportent des « colonies » de joueurs du même pays afin de s’assurer une cohésion (le PSG et sa colonie bresilienne, L’athletique Bilbao qui ne recrute aucun joueur non basque, etc.). Rien à dire, tout cela fonctionne mais nous pesterons encore face à l’efficacité des joueurs avec les meilleures stats de vitesse. Décidément, la vitesse des joueurs est le poison de ce FIFA 19.

FUT19Le mode carrière, vous permettant de prendre les rênes d’un club revient lui aussi. Pour le coup il n’y a rien de changé dans la forme mais quelques modifications dans le fond sont bienvenues. Si dans FIFA18 le prix des joueurs était souvent prohibitif et non justifié, il semblerait que le tir ait été corrigé puisque nous avons enfin des prix de ventes raisonnables et des présidents de club moins gourmands. J’ai ainsi pu recruter des joueurs efficaces mais à un âge avancé à des prix ne dépassant pas les 20 millions. Autre fait plus réaliste : le gouffre financier entre les équipes. Le PSG, Manchester City et autres clubs rachetés par des superpuissances possèdent dans ce titre un impact financier considérable. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus beau dans le foot mais c’est au moins réaliste. Vous pourrez donc avec le PSG vous amuser à recruter Ngolo Kante, Dybala et autres quand avec Lyon vous n’aurez les moyens que de faire venir des joueurs sur le tard ou de jeunes espoirs.

Les objectifs de saison personnalisés selon les équipes sont toujours présents et donnent autant de manière de jouer que d’équipes existantes. C’est pour moi le meilleur mode du jeu.

Des licences en pagaille

Cela n’aura échappé à personne, FIFA est désormais seul détenteur des droits de la C1 et C3. Les petits plats ont été mis dans les grands et l’ambiance est formidablement retranscrite. Le championnat Anglais est impressionnant de réalisme avec chaque stade modélisé, suivi des véritables chants de supporters propres à chaque équipe. Nous entendrons donc, pour un plaisir innommable, résonner le « you’ll never walk alone » de Liverpool à Anfield . Hélas les autres pays d’Europe n’ont pas le droit au même traitement de faveur, notamment la Ligue 1 qui ne possède que deux stades officiels : le Parc des Princes et l’Orange Vélodrome. Pas de stade des lumières de Lyon alors que l’équipe est qualifiée pour la C1 tout en ayant accueilli la finale de la C3. De quoi faire tweeter Aulas plus d’une fois…

Fifa-stade

Seulement voilà, avec sa collection de licence FIFA pêche par orgueil. EA est un studio américain et s’il est vrai que chaque match de NBA ou NFL est un événement, le football européen est très différent. Il existe des stades éteints ou bouillants et cela ne dépend pas du niveau de l’équipe. Vous jouerez donc ici dans une petite enceinte calme avec le Sporting Portugal, qui a pourtant l’un des publics les plus bouillants d’Europe, et une ambiance de feu à Arsenal ou Paris qui ne sont pas réputés pour cela, loin de là. Au même titre, un déplacement en Turquie est une promenade de santé alors qu’on sait que ce sont en réalité de véritables poudrières. Cela rend les équipes les plus chargées d’histoire peu intéressantes à jouer. Dommage.

FIFA Story Mode

FIFA19 nous permet de continuer l’aventure de Alex Hunter, jeune prodige anglais devenant idole mondiale. Il sera accompagné de son ami Danny Williams, joueur trop moyen pour briller en Premier League, et de Kim Hunter, la jeune sœur de Alex, sélectionnée à seulement 16 ans en équipe nationale américaine.

3 personnages et 3 objectifs. Alex arrivera au Real Madrid en jeune star et devra confirmer en soulevant la coupe aux grandes oreilles. Danny devra réussir à prolonger son contrat pro et prouver qu’il a le niveau Premier League. Kim quant à elle devra faire équipe avec Alex Morgan, superstar du foot féminin. Evidemment, l’objectif sera de prouver qu’à 16 ans, elle n’a rien à envier à son frère.

Fifa-story-kimL’histoire pourrait être intéressante si elle ne tombait pas systématiquement dans des clichés désormais insupportables. Prenons par exemple Alex Hunter qui, après avoir eu de l’argent, s’éloigne forcement de famille et amis afin de s’entourer de vautours en costard. Comparez cela à la réalité : Griezmann et son clan composé de sa sœur et autres amis, Ronaldo et sa maman omniprésente, Neymar Jr ayant son père pour agent et les soucis que pose la maman de Rabiot dans sa carrière. Réaliste on vous dit.

La meilleure partie est celle mettant en scène Danny Williams. Joueur sans prédispositions devant se mettre en avant uniquement grâce à son travail. C’est moins de paillette mais c’est la réalité du football. Puis vient Kim Hunter, censé mettre en avant le foot féminin. Louable intention teintée de sexisme insupportable en 2018. S’il est possible de modifier le physique de Alex et Danny en choisissant maillot, coupe de cheveux et tatouages, vous n’aurez rien de cela avec Kim. On suppose donc que dans l’univers de EA, une femme ne peut pas jouer avec une brassière, se tatouer ou se raser les cheveux. Ajoutez à cela l’ambiance très « girly » retranscrite au vestiaire et le fait que Kim s’efface devant n’importe quel homme footballer et vous avez une vision du football étriquée. Une visions que je ne partage en tout cas pas du tout.

Dans les trois cas, des choix vous seront soumis en fonction de vos résultats sur le terrain. Peu nombreux, ils permettent tout juste de rester attentif jusqu’au bout de l’aventure. Les objectifs de rencontre sont quant à eux parfois mal pensés. Il peut, par exemple, vous être demandé de marquer alors que vous jouez milieu droit. A un poste ou l’on ne marque que rarement c’est étonnant. D’autant que vous aurez beau réaliser le match de votre vie avec 10 passes décisives, l’objectif ne sera,lui, toujours pas atteint. Barbant.

Alors, ce FIFA 19 ?

Plusieurs petites surprises sont présentes dans ce FIFA19. Le mode coup d’envoi par exemple est une réussite. Il vous permet de faire des réglages originaux pour vos parties entre amis. Désactiver l’arbitrage est jouissif et le mode survie où un joueur quitte le terrain à chaque but est stratégique et fun.

Mais un constat se détache, FIFA19 n’est pas fait pour les passionnés de foot. Beaucoup de travers des opus des année 2000 semblent revenir au galop. Les ambiances sont impressionnantes mais peu cohérentes. Le gameplay abandonne la simulation pour devenir trop arcade. Sans parler de la dimension stratégique inexistante et qui accouche de matchs qui se déroulent de la même façon. Cet opus ressemble plus que jamais à une mise à jour plutôt qu’à un nouveau jeu et confirme les craintes que les joueurs avaient avec l’opus 2018. Cependant nous pouvons toujours espérer que, comme en 2017, EA propose un patch gommant ces trop nombreux défauts de gameplay pour rendre l’expérience plus sympathique.

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