Exclusivité PC temporaire, Gears Tactics arrive enfin dans nos chaumières. Appréciant la licence, sans en être un fan invétéré, j’attendais toutefois beaucoup de ce tactical au tour par tour. Quoi de mieux qu’un jeu qui triture un peu vos méninges et vous permet de voir vos plans se dérouler sans accroc ? Problème : en vieillissant, j’ai du mal avec l’aspect souvent énormément punitif (et injuste) de ce type de jeu. Mais on parle ici d’un jeu estampillé Gears, licence qui ne fait habituellement pas dans la dentelle. Tout ne peut que bien se passer donc, non ? C’est ce que nous allons découvrir dans la suite de ce test…
C’est comme XCOM, mais en différent
Si vous avez déjà joué à un XCOM, vous allez tomber en territoire connu. Pour les autres, sachez que l’on se retrouve ici avec un jeu en vue de dessus, dans lequel nous dirigeons une escouade de 4 personnes maximum. Tout se passe au tour par tour, équipe par équipe, et vous êtes généralement en très forte infériorité numérique. Pour vous en sortir, il n’y a donc pas 50 solutions : il va falloir jouer de manière très tactique et utiliser tout ce qui est à votre disposition. Tout cela en faisant attention à la santé, à la quantité de munitions dans les chargeurs et, surtout, au positionnement de vos personnages. Si possible bien cachés derrière un mur histoire d’éviter qu’ils ne perdent une jambe entre 2 tours.
Mais le jeu ne se contente pas d’être un plagiat de XCOM auquel on aurait collé une skin Gears. Ça aurait déjà été satisfaisant, mais le jeu va plus loin. Il apporte en effet son lot de différences, permettant de le distinguer de son modèle. Tout d’abord, la première différence, et probablement la plus importante, concerne le nombre d’actions réalisables par vos personnages. Dans XCOM, vous êtes limité à 2 actions par personnage, à répartir comme vous l’entendez entre le déplacement, le tir, la Vigilance (surveillance d’une zone et tir à vue sur tout ennemi qui passera dans sa zone de vision) ou l’utilisation d’une compétence. Dans Gears Tactics, vous aurez 3 points d’action par personnage. Ça peut paraître assez mineur comme différence dit comme ça, mais ça change complètement le rythme. Il devient par exemple possible de se déplacer, tirer, puis se replacer. Ou parcourir une longue distance pour rejoindre un abri. Ou encore tirer 3 fois. Ou recharger, jeter une grenade et aller finir un ennemi au corps à corps. Ou… Oui, bon, je pense que vous avez compris. Surtout qu’il est possible d’avoir plus de 3 actions par tour dans certains cas, mais on y reviendra !
Rien que cet aspect donne au jeu une dynamique franchement agréable. Et celle-ci est renforcée par d’autres petits détails, au rang desquels je citerais les ennemis qui se déplacent à plusieurs en même temps (permettant de raccourcir le temps d’attente lors du tour ennemi) ou les Vigilances qui se déclenchent toutes ensemble si un ennemi passe dans le cône défini pour vos personnages. Cônes de Vigilance dont on définit d’ailleurs taille et positionnement, permettant ainsi de bien choisir la zone que l’on souhaite voir défendue. Utile pour que votre personnage au fusil à pompe attende que l’ennemi soit très proche de lui avant de tirer, ou encore pour défendre un point spécifique. C’est ainsi un vrai plaisir de voir votre plan d’action se dérouler sous vos yeux. Surtout quand tout se passe comme prévu…
Une difficulté pas piquée des hannetons
Je parlais tout à l’heure de ma frustration vis-à-vis de l’injustice de ce type de jeux par moments… Si on n’échappe pas à des tirs à 90% qui ratent, leur fréquence me paraît conforme aux attentes. Et le fait d’avoir plus de points d’actions disponibles permet souvent de rattraper le coup, sauf si vous avez vraiment pris trop de risques. Le niveau de difficulté reste tout de même relevé. Même au niveau de difficulté Dément (le 3ème sur 4), il n’a pas été rare que je sois obligé de recharger un point de contrôle précédent suite à un plan complètement foiré ! Car la mort fait partie intégrante du jeu : en dehors des héros nécessaires à l’avancée du scénario (dont la mort signe le game over), vos recrues peuvent mourir définitivement. Rien de bien grave cependant, le nombre de personnages recrutables entre les missions étant largement suffisant pour compenser, et ceux-ci arrivant avec un peu de matos et quelques niveaux d’expérience.
Mais bon, quand vous avez pris soin de bichonner vos personnages, en les modifiant avec le nom ou la coupe de cheveux de vos meilleurs amis, ou en leur donnant vos meilleures pièces d’équipement, vous n’avez pas forcément envie de les voir mourir ! Bon ok, surtout pour leur équipement durement gagné. Car oui, si le jeu n’est pas trivial, il vous donne suffisamment de moyens de vous en sortir. En effet, chaque mission vous permettra de récupérer de l’équipement, soit dans des caisses disposées sur le terrain, soit en récompense. Cela vous permettra de débloquer des bonus, allant du simple boost de dégâts ou de précision, à des talents bien plus déterminants, comme ceux permettant de regagner de la vie après un kill ou d’interrompre l’action ennemi lors d’un tir (je vous le conseille fortement). Avec 4 modules possibles sur l’arme, et 3 emplacements d’armure, ça laisse quelques possibilités de personnalisation. L’inventaire n’est d’ailleurs pas des plus clairs, et on aurait peut être apprécié avoir quelques filtres, ou une vue un peu plus globale de nos “mods”.
Surtout que c’est sans compter sur les arbres de talents de vos personnages, permettant de débloquer des compétences, actives ou passives. Avec 5 classes de personnages, pour autant d’arbres différents (chacun ayant 4 “branches”), il est possible de faire des personnages orientés tanking, soin, gros dégâts à distance ou au corps à corps, support,… Si avec tout ça vous n’arrivez pas à façonner l’équipe qui convient à votre style de jeu, je ne peux plus rien pour vous !
C’est comme Gears, mais en différent
C’est bien joli tout ça, mais en dehors du fait de devoir rester cachés derrière des murets, ça ne sonne pas vraiment comme un Gears non ? Et bien détrompez-vous. Tout d’abord, on retrouve évidemment tout le bestiaire de la série, ce qui permet d’ailleurs d’avoir une belle variété de situations. Entre les rebuts ou drones qui vont rusher de manière un peu débile, le boomer qui va vous déloger à grand coups de lance roquette ou encore le Kantus qui va organiser tout ça pour rendre les grouillots de base moins bêtes et plus résistants, il y a de quoi faire. Surtout quand tout ça va sortir d’un puits d’émergence alors que vous n’aurez plus de grenade sous la main. L’aventure sera également ponctuée par quelques combats de boss… qui méritent bien leur nom. Vous devrez faire preuve d’une stratégie bien huilée pour espérer l’emporter sans trop de bobo, et j’ai donc trouvé ceux-ci particulièrement jouissifs et réussis.
On retrouve également l’univers Gears au niveau des armes et des environnements, avec les immanquables Lanzor, rétro-Lanzor, arbalète à tension, Longshot,… Mais aussi sur un autre point sans lequel Gears Tactics ne serait pas vraiment un Gears : les exécutions. Et celles-ci sont amenées de fort belle manière, puisqu’elles font partie intégrante du gameplay du jeu. Je vous parlais plus tôt de la possibilité d’avoir plus de 3 actions par tour dans certaines situations. Et bien exécuter un ennemi est la meilleure façon d’en récupérer. Lorsqu’un de vos ennemis (hors coup critique, qui lui arrachera définitivement la vie) ou un de vos personnages se retrouve à point de vie, il tombe à terre temporairement, ne demandant qu’à être relevé par un de ses compagnons avant de mourir définitivement. Si vous parvenez ensuite à exécuter un ennemi à terre avec un de vos personnages, alors tous vos autres personnages gagneront une action supplémentaire. En gérant bien cette mécanique, il est ainsi possible de faire un véritable carnage dans les rangs ennemis.
Et c’est plus que nécessaire, car un autre point spécifique à ce Gears Tactics repose sur le nombre d’ennemis simultanés pouvant vous attaquer. Il n’est en effet pas rare d’avoir plus de 10 ennemis susceptibles de toucher nos personnages au tour suivant. Avec un tel monde, autant dire qu’heureusement que l’on n’est pas dans le tactical gentillet où vous êtes déjà contents d’avoir tué 2 ennemis en un tour. Non, là il faut tailler dans le lard, comme un vrai bonhomme de la CGU. D’ailleurs, le scénario se posant en préquelle de Gears of War 1 est conforme à ce qu’on peut en attendre. Pas fou, mais pas catastrophique non plus, ïl nous permettra d’en apprendre un peu plus sur certains évènements ou personnages des jeux principaux, en allant jusqu’au 5ème épisode.
C’est pas un peu trop bourrin ton jeu ?
Je m’étale, et je me rends compte qu’il me reste encore beaucoup à dire. Malgré mon paragraphe précédent, rassurez-vous : le jeu est vraiment tactique. Il propose en particulier, à de (trop) nombreux moments de l’aventure des missions secondaires. Obligatoires, celles-ci ne font pas avancer l’histoire, mais permettent généralement de libérer des troupes supplémentaires, ou de récupérer de l’équipement de meilleure qualité. Ce sera à vous de choisir lesquelles vous intéressent en fonction du ratio difficulté/récompense. Elles sont généralement plus difficiles que les autres pour 2 raisons : certaines conditions sont imposées et des modificateurs sont activés. Vous pourrez par exemple avoir une mission vous demandant de récupérer des caisses de loot en temps limité, avec seulement 2 personnages et sans pouvoir utiliser de grenades. Oui, ça peut parfois piquer, et il faudra être bon. Le end game du jeu reposera d’ailleurs sur ce type de mission, afin de vous permettre de débloquer les meilleurs équipements et monter vos personnages au niveau maximum, tout en gardant un intérêt du fait de la difficulté grandissante des missions proposées.
Les missions sont d’ailleurs relativement variées même s’il s’agira majoritairement de tuer beaucoup de locustes : défense de zone, capture de points, libération de prisonniers en temps limité, récupération de caisses de matériel avec obligation d’avancer à chaque tour, combats de boss, élimination de toute menace,… Bref, le jeu est vraiment une belle réussite, et la licence Gears se prête parfaitement au genre. Il est en plus particulièrement joli et bien optimisé, avec un paquet d’options graphiques pour lui permettre de tourner sur tout un tas de machines différentes. On notera d’ailleurs que chaque option graphique propose un aperçu du changement opéré. Franchement pratique pour identifier facilement ce qui vous paraît important. Notons d’ailleurs que je n’ai eu absolument aucun plantage au cours de mes parties.
Tout n’est pas parfait pour autant, et on notera que certaines textures peuvent mettre quelques secondes à s’afficher (merci l’Unreal Engine), ou encore quelques bugs au niveau des points de contrôle sur les boss. Je noterais également qu’il est parfois un peu compliqué de placer parfaitement sa grenade où on le souhaite, obligeant à tâtonner quelques secondes pour trouver le lancé parfait permettant de tuer 2 ennemis simultanément, au lieu d’en laisser un avec 10hp. On pourra également regretter la surabondance de missions secondaires sur le dernier acte. Le plaisir de jeu est là, donc ce n’est pas dramatique, mais quand on estime avoir suffisamment d’équipement on aimerait pouvoir passer directement à la suite. Dans le même ordre d’idée, j’aurais aimé avoir plus de variété dans la construction des maps, les archétypes de maps étant souvent trop proches. Enfin, l’IA n’est pas toujours des plus intelligentes, mais j’ai eu l’impression en avançant que c’est une volonté des devs sur certains types d’ennemis, avant l’apparition des Kantus. Rien de bien méchant en somme, mais quand la base est bonne, on en veut toujours plus !
Conclusion
Vous aimez Gears of War ? Vous aimez les tactical à la XCOM ? Je ne vois pas trop ce qui pourrait vous faire ne pas aimer ce Gears Tactics, à moins de chercher une expérience intransigeante. Accessible, joli, tactique, dynamique (et bourrin) et avec un bon nombre de bonnes idées, c’est pour moi une valeur sûre de ce début d’année. Et vous savez quoi ? C’est disponible dans le Game Pass PC, toujours accessible pour 4€ par mois. Je me demande ce que vous faites encore sur ce test du coup. Vous devriez déjà être en train de le télécharger pour vous faire votre propre avis.
Un peu moins de 1900 locustes ont été massacrés pour ce test, ce qui nous place dans les limites acceptables par l’OMS.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✔ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✔ Taille de police | ✔ Identification de la personne qui parle | |
✔ Marquage des ennemis | ✔ Police personnalisable | |
✔ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✔ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✔ Option Text to speech (Anglais uniquement) | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails écran | 21/9 3440x1440p | Jeu fourni par l’éditeur | Oui (version Steam) | |
Config PC | i7 6700k – 1080ti – 16Go RAM | Temps passé sur le jeu | 40 heures | |
Niveau de difficulté | Dément (3 sur 4) sans Ironman | Jeu terminé | Oui |