À l’occasion de la sortie du deuxième film de Jurassic World, un jeu de gestion signé Frontier Developments fait son apparition perpétuant une tradition qui semble disparaître de plus en plus : profiter d’un double engouement – vidéoludique et cinématographique – autour d’une licence qui a marqué toutes les générations fans de dinosaures : Jurassic Park. Après Zoo Tycoon et Elite Dangerous, Frontier Developments a ainsi été l’heureux studio bénéficiant de la puissance d’Universal mais pour quel résultat ? Un simple jeu destiné à appuyer le marketing de la licence ou un véritable jeu de gestion ?
Avec le soutien d’Universal, on peut tout faire…
… sauf mettre en colère ceux qui soutiennent le projet avec l’utilisation de la licence officielle ! De prime abord, cela peut apparaître comme un atout et s’est effectivement le cas : tous les personnages sont présents, la célèbre musique, les cris des dinosaures, le fan service est assuré et l’immersion totale pour quiconque aime les dinosaures. Car oui il faut croire que Frontier Developments compte dans ses rangs des immenses fans de la saga car Jurassic World Evolution transpire le respect et l’hommage à chaque seconde. On y reviendra mais les mécaniques de jeu elles-mêmes sont des clins d’œil à des scènes DES films et non pas uniquement Jurassic World.
Mais rentrer dans le cadre fixé par Universal ne se fait pas sans quelques concessions. La première est que Jurassic World Evolution s’adresse à un public ciblé et assez jeune, plutôt néophyte en jeu de gestion car si les dernières îles proposeront un challenge plutôt sympathique, ce n’est pas le cas des trois premières. Si je n’étais pas aussi fan de dinosaures, l’amateur de jeu de gestion que je suis serait déçu par ce que le titre de Frontier apporte au genre (ou n’apporte pas en l’occurrence) car l’expérience se veut sommaire par rapport à d’autres titres avec une macro gestion quasi inexistante et le spectre de la micro gestion se fait toujours sentir. Deuxième contrainte liée à Universal : le bestiaire. Je suis déçu de ne pas voir de dinosaures volants ou maritimes et j’espère beaucoup que ce ne sera pas l’objet d’un ajout ultérieur par DLC. Enfin, le fameux système permettant de croiser des gênes de différentes espèces se révèle assez sommaire. Cela se résume à appliquer un skin différent à votre dinosaure ou à booster ses différentes statistiques mais il n’est malheureusement pas possible de créer sa propre créature de A à Z.
Pas de narration, un manque de challenge mais addictif…
Jurassic World Evolution vous propose de construire votre propre parc sur 5 îles différentes dont l’accès est conditionné par l’obtention de trois étoiles sur la carte précédente afin de déverrouiller la destination suivante. Les îles se débloquent rapidement et vise à féliciter les joueurs novices par la possibilité d’avoir très vite de nouveaux espaces de jeu. Frontier a mis en place une double progression plutôt bien pensée : vous conservez l’ADN des dinosaures, vos recherches et vos lieux de recherche d’une île à l’autre mais pas votre argent, ni votre réputation auprès des 3 divisions qui composent le jeu. Il est même possible de réinitialiser l’île sans perdre sa progression sur cette même carte. Je ne saurais vous dire si c’est une volonté du studio mais tout cela a pour conséquence de rendre Jurassic World Evolution beaucoup trop facile pour les experts des jeux de gestion.
Les îles proposent chacune une particularité : une météo capricieuse, un budget serré, un espace plus que limité, les situations sont vues et revues dans un jeu du genre mais la chose est beaucoup plus excitante quand il s’agit de faire tout cela avec des dinosaures. Frontier a disséminé des bonus de complétion dans tous les domaines du jeu (missions, note parfaite de 5 étoiles, réputation auprès des divisions) que les fans des créatures vont vouloir obtenir car il s’agit parfois de fossiles d’espèces rares ou légendaires. Le fan de Jurassic Park cherchera ainsi à poncer chaque île pour tout débloquer comme un furieux juste pour voir telle espèce ou obtenir une amélioration pour sa centrale électrique.
Divertissement, science et sécurité : même combat ! La communication autour du jeu a beaucoup insisté sur la présence de trois divisions qui vous proposeront des missions / contrats spécifiques pour pimenter vos parties. Dans les faits, cela est beaucoup moins perceptible à mesure que notre temps de jeu s’accumule. On note cinq types de missions différentes (prise de photo, recherche de fossile, etc.) et elles seront disponibles pour chaque division…
Quand je fais mention de l’absence totale de macro gestion, c’est parce qu’il suffit de placer un ou deux dinosaures dans un enclos puis un bâtiment de service pour vos visiteurs (fast-food, boutique, etc.) pour commencer à voir vos recettes grimper en flèche. Contenter les trois divisions (divertissement, science et sécurité) n’a finalement que peu d’influence sur votre partie si ce n’est une limitation des événements « obligatoires » liés à la mission (la fréquence des tempêtes sur la deuxième île par exemple). En bref, on gagne des millions assez rapidement et cela laisse le champ libre à d’autres sujets d’inquiétude : le bien-être de vos dinosaures.
Zoo Tycoon VS Jurassic World Evolution : on peut simplifier l’analyse en résumant Zoo Tycoon a un jeu de gestion où la macro était importante alors que Jurassic World Evolution est justement l’inverse. Exit les différents sliders de Zoo Tycoon (propreté, toilettes, décoration, bien-être des visiteurs), tout cela est réduit à une seule statistique générale dans Jurassic World. En revanche, ce nouveau jeu axe la gestion autour des dinosaures : habitat, population, etc. Là où Zoo Tycoon était assez faible en fait…
Les dinosaures, les stars du jeu.
Je l’ai déjà dit plus haut, ma seule déception est l’absence de créatures volantes et maritimes. Sinon le bestiaire se veut très complet avec plus d’une quarantaine de créatures allant du mythique T-Rex à l’Indominus Rex ou le Diplodocus et autres herbivores. Il est bien entendu possible de faire cohabiter les espèces entre elles mais il faudra veiller à respecter un certain nombre de sliders pour chaque créature : surfaces en prairie / forêt, nourriture, eau, population totale de l’enclos, groupes sociaux, etc. Toutes les informations sont visibles en un coup d’œil et c’est un véritable plaisir que de veiller au confort de nos créatures. Si par malheur l’une des statistiques n’est pas dans le vert, le confort de la créature va commencer à baisser jusqu’à atteindre un seuil critique (variable selon l’espèce) qui va marquer le début d’une rébellion durant laquelle le dinosaure va chercher à s’échapper !
Il faudra alors faire appel (ou diriger vous-même) les équipes d’intervention pour tirer une fléchette tranquillisante dans le fessier de la créature. Au fur et à mesure de votre progression, vous obtiendrez de nouveaux bâtiments et enclos qui vous permettront de mettre en valeur vos dinosaures acquis à grand renfort d’expéditions à travers le monde afin de récupérer de l’ADN. Chaque fossile vous permet de rendre viable le génome d’une créature après un rapide temps de recherche. L’incubation peut échouer en fonction de ce fameux pourcentage de viabilité, l’idée est très intéressante car sur les spécimens les plus prestigieux on a une réelle impression de rendre la vie au célèbre Brachiosaure et on se prend pour Hammond en personne ! Une réussite totale car si l’argent n’est pas forcément un problème, lâcher 4 millions pour un T-Rex génétiquement modifié rend la réussite de l’incubation assez jouissive.
Sinon on gère quoi ? Il faudra veiller à plusieurs choses : l’électricité, la capacité d’accueil, le bien-être de vos visiteurs, remplir des contrats pour les trois divisions, mais surtout : optimiser l’espace ! En effet, les cartes de Jurassic World Evolution sont relativement petites. Contrairement à Zoo Tycoon, vous êtes libres de créer les enclos comme vous le souhaitez (forme, taille) ce qui est un avantage pour réussir notre mission.
Une claque visuelle mais quelques couacs…
Optimisé Xbox One X, support du HDR et de la 4K Ultra HD, Jurassic World Evolution est une claque visuelle. Sincèrement, je ne m’attendais pas à un tel rendu, notamment en ce qui concerne les animations et modélisations des dinosaures. La végétation est luxuriante, les effets météo en mettent plein les yeux, les reflets sont magnifiques, les couleurs vives et l’ensemble est juste hallucinant ! Cerise sur le gâteau : aucun ralentissement n’est à signaler, même avec un parc bien rempli.
Les plus férus de jeu de gestion seront toutefois peinés par quelques détails. L’absence totale de personnalisation de votre parc (décorations annexes, apparence des bâtiments, etc) ou encore la possibilité d’accepter un contrat dont on a déjà rempli l’objectif. Ces derniers ne sont pas rétroactifs, ce qui peut poser un problème pour certaines missions principales si vous faites des allers-retours incessants entre vos îles. Le système de progression permet quelques dérives qui rendent le jeu encore plus facile. Un exemple tout simple : l’arrivée sur une nouvelle île débloque de nouvelles recherches. En commençant sur cette nouvelle destination, vous n’aurez pas X millions à dépenser pour ce secteur de jeu. Il suffit alors de se rendre dans une île précédente et de claquer ses dizaines de millions dans les nouvelles recherches disponibles pour tout débloquer. Des points de détail mais qui montrent que Frontier n’a peut-être pas suffisamment verrouillé son système de progression.
Conclusion
Bien loin d’être un simple jeu marketing, Jurassic World Evolution transpire la passion du studio Frontier pour les dinosaures de Jurassic Park. Fan service, jeu de gestion simple mais complet, une progression rapide pour les novices, du contenu à la pelle à déverrouiller avec du temps de jeu pour les fans, le jeu contente tout le monde. Beau et accessible, on tient enfin le digne héritier de Jurassic Park Operation Genesis ! Le prix reste un poil élevé même si Jurassic World Evolution promet des dizaines d’heures de jeu pour tout débloquer. La question de l’intérêt pour un joueur aimant les jeux de gestion mais pour qui l’univers de Jurassic Park ne constitue pas une motivation persite : le titre de Frontier stimulera vos talents de directeur de parc mais vous pouvez enlever un point à la note finale car les stars du jeu sont bel et bien les dinosaures !
Test réalisé par TinouCLT
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