J’ai plusieurs choses à avouer. J’avoue que Lost in Random est pour moi une découverte. Totale et belle. J’avoue également que quand j’ai lancé et admiré sa DA, j’ai eu peur qu’il souffre de la comparaison avec le récent, brillant et pétillant Psychonauts 2. Et j’avoue enfin que la dimension jeu de carte/élaboration de deck me rebute fortement et m’ennuie en général. Tous ces doutes ont très vite volé en éclats. Explications.
Les contes ne sont pas que pour les enfants
Une belle histoire commence-t-elle forcément par une tragédie ? En tout cas, dans celle-ci, la petite Impaire assiste impuissante à l’enlèvement de sa grande sœur Paire par la Reine, aussi terrible que majestueuse. Il faut dire également que dans le monde de Sixtopie, rien ne va plus et ses six royaumes ont sombré dans le chaos. De la fange des basfonds jusqu’au sommet clinquant où Paire est retenue, notre héroïne va se débattre pendant une dizaine d’heure comme une forcenée dans une société aux très multiples références et résonnances.
On peut citer allègrement Alice aux pays des merveilles, La Cité des enfants perdus, les univers décadents de Tim Burton… N’en jetez plus ! Lost in Random parvient tout de même à se forger sa propre identité. Ses propres identités même. Visuellement tout d’abord, avec des environnements et personnages aussi mignons que déformés, attachants et incommodants, foisonnant de détails. Ensuite, sur le fond, Impaire va se battre contre une société pétrifiée de peur par la Reine et ses sbires, avec des “adultes” effacés ou complices, et surtout contre l’ordre établi. Celui-ci n’a de cesse de marteler à notre héroïne qu’elle devrait rester à sa place, qu’elle n’est pas à la hauteur… Alors même qu’à l’image des autres enfants, c’est l’un des rares protagonistes à en prendre. Vertigineux.
Les dialogues en sont la parfaite illustration avec des commentaires incisifs ou sarcastiques de la part d’Impaire. Si elles n’apportent pas du tout la notion de choix, les conversations sont tout de même de grande qualité et sont un plaisir à suivre. Un narrateur va également commenter l’aventure, avec suffisamment d’humour et d’effacement pour ne pas être pénible. Dans son périple, Impaire sera très vite accompagnée par un dé sur patte, un compagnon indispensable pour que la fillette puisse se battre, mais pas seulement.
La chance de la débutante
Dans ce joli jeu d’exploration et combats, Impaire pourra compter sur Décisse, un dé extraordinaire. Pour commencer, il a le même niveau de conversation que R2D2 et surtout, il est au cœur du système de combat. En effet, la gamine n’est armée que d’une frêle petite fronde. Cette dernière ne peut que briser des cristaux “Dénergie” présents sur les ennemis, des pièces d’échec mécanisées formant d’ailleurs un bestiaire plus qu’honorable et stylé. Cette Dénergie permet ensuite à Impaire de tirer jusqu’à cinq cartes de son deck et de lancer le dé. À noter que Décisse adore ça, ce n’est donc pas de la maltraitance envers ce fier compagnon. Le score obtenu conditionnera le nombre de sorts/attaques/bonus/soins qu’Impaire pourra lancer.
Pendant le jet de dé, le jeu se met en pause, le monde entrant dans une “démension” parallèle, laissant tout le temps du monde pour bien choisir ses actions suivantes. Ainsi, les combats enchainent des phases en temps réel, avec par exemple une épée invoquée valable le temps de l’affrontement grâce à Décisse et des instants de planification avec le petit temps de pause. Le tout reste dynamique. D’une part, car on capte assez vite ce qu’il faut comme carte pour triompher et que d’autre part, Lost in Random reste facile, même en difficulté standard.
Impaire et Décisse forme un duo irrésistible se débattant dans un monde baroque et intimidant, à l’architecture aux lignes brisées, tout comme sa population. En plus de quêtes principales, de nombreuses quêtes secondaires permettront de rencontrer des PNJ tout aussi charmants qu’agaçants. Les récompenses étant des cartes à jouer ou de l’argent à dépenser… pour en acheter d’autres et enrichir son deck. Car ce dernier est la seule manière pour nos héros de gagner en puissance ou en résistance. Pas de points d’XP ou de compétences à débloquer.
Le deck plus ultra !
Lost in Random offre un monde foisonnant et riche mais n’est absolument pas un plate-former. L’exploration se limite donc à courir dans des niveaux alambiqués qui sont par ailleurs difficilement lisibles sur les petites map fournies. Dommage. Mais on finit tout de même par s’en sortir car il n’y a pas non plus trente-six chemins. Donc à part des dialogues et des combats, pas grand-chose à faire, donc ? Exactement, c’est pourquoi je me dois d’insister sur la qualité et le dynamisme des affrontements.
D’ordinaire, dans un jeu basé sur la formation d’un deck équilibré, j’ai l’impression de passer mon temps dans les menus. Ici, je n’ai pas eu cette vilaine sensation. Dans Lost in Random, les cartes à jouer sont au nombre de trente-cinq et s’ajoutent au compte-goutte. Cela laisse un peu de temps pour les assimiler et d’en dégager les plus efficaces. Le but étant de façonner un deck de combat efficace et pour information, limité à quinze cartes jouables pendant les combats. Les autres sont stockées dans votre inventaire.
Les musiques sont assez anodines. À l’écriture de ces lignes, je suis incapable de m’en rappeler. Par contre, les dialogues tout en anglais sont de grande qualité et sont très bien traduits en français. Une performance tant le jeu pullule de jeu de mots avec “dé”. Je peux lui reprocher l’impossibilité de retourner dans les niveaux précédents. Pensez donc à bien compléter toutes les missions secondaires avant de progresser. Dommage. Car étant très linéaire, sans réel choix ou embranchement, un run suffit largement et amuse pendant une dizaine d’heure.
Conclusion
Lost in Random constitue une excellente surprise. Son univers riche, baroque et sombre emporte la mise pour un conte de fée désenchanté et crépusculaire. Autant on peut lui reprocher sa linéarité, voire son manque de lisibilité sur la mini-map, autant il faut lui rendre hommage sur son astucieux système de combat. Rendre dynamique un jeu basé sur un deck est un tour de force. L’adage dit que le hasard fait bien les choses ? Lost in Random les fait encore mieux.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✘ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✔ Taille couleur de police | ✔ Identification de la personne qui parle | |
✔ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✘ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | oui | |
Console | Xbox Series X | Temps passé sur le jeu | 10 heures | |
Niveau de difficulté | facile/normal | Jeu terminé | oui |