La série des MotoGP est à Milestone ce que celle des F1 est à Codemasters, c’est-à-dire une prestigieuse licence motorisée annuelle, dont on espère davantage de nouveautés que simplement une actualisation des équipes et des véhicules. Sorti en ce 23 avril 2020, le studio milanais a réussi le tour de force de lancer le neuvième épisode de sa série seulement 10 mois après le précédent opus, ceci afin de coïncider avec le début du championnat du monde de MotoGP (au lieu de tomber à la mi-saison comme c’était habituellement le cas). Avec l’annulation du premier Grand Prix de la saison au Qatar et le report des cinq épreuves suivantes (la prochaine toujours maintenue pour le moment étant le Grand Prix d’Allemagne le 21 juin prochain), MotoGP 20 semble l’une des seules alternatives en cette période de crise sanitaire pour les férus de deux roues.
Tandis que l’épisode de 2018 était axé sur le réalisme du gameplay et des décors, celui de 2019 introduisit une toute nouvelle IA plus perfectionnée, fonctionnant à la manière des Drivatars des Forza, en plus d’un contenu plus dense et d’une nouvelle amélioration graphique. Qu’en est-il alors de l’épisode 2020 de la série des MotoGP ? Poursuit-il la bonne progression de son prédécesseur ou rate-t-il son démarrage ? Je vous dis tout dans ce test.
Tout le monde est là !
Titre officiel du championnat du monde de MotoGP oblige, le jeu de Milestone dispose une fois encore de l’intégralité des écuries, motos et pilotes de MotoGP, Moto2 et Moto3. En outre, les transferts ont été pris en compte, même si les livrées des pilotes et des motos de la saison 2020 devraient faire l’objet de mises à jour gratuites ultérieurement. On retrouve également les 20 circuits officiels du championnat ainsi que deux circuits historiques (Laguna Seca et Donington Park). Absente au lancement du titre, on a appris récemment que parmi ces mises à jour à venir, la MotoE fera son retour au mois de juin. Ainsi, même si certains contenus sont manquants du titre (la faute notamment à la crise liée à l’épidémie de COVID-19), MotoGP 20 dispose tout de même d’un contenu conséquent qui saura ravir les fans de la discipline. De plus, si jamais vous n’êtes pas comblés par tout ceci et souhaitez apporter votre patte artistique, sachez que le jeu n’est pas en reste niveau personnalisation. En effet, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’épisode 2020 ne fait pas les choses à moitié en proposant un très large choix pour personnaliser son pilote (casque, gants, combinaison, genouillères, stickers, numéro), et même l’apparence de la moto. Il est également possible de créer ses propres autocollants de pilote, numéros et stickers pour la moto.
Du côté des modes de jeu, ici pas de réelles surprises puisqu’on a droit aux classiques Carrière, Parties Rapides (Grand Prix, Contre-la-Montre,…), Multijoueur et le Mode Historique. Cependant, tandis que ce dernier était beaucoup apprécié dans MotoGP 19, puisqu’il nous permettait d’incarner nombre de pilotes légendaires, ici il ne se résume qu’à un seul événement quotidien décliné en trois niveaux de difficultés. Le but est toujours le même, à savoir triompher de ces épreuves pour acquérir une monnaie spécifique, dans le but de pouvoir débloquer certains de ces pilotes légendaires et leurs montures. On reste donc un peu sur notre faim de ce côté-là. Enfin, s’agissant du multijoueur, c’est une nouvelle fois une certaine désillusion qui frappe. Tandis qu’on espérait encore une fois cette année l’apparition d’un mode local en écran splitté, il n’en est rien. De plus, tandis que l’opus précédent proposait un mode esport permettant de pouvoir défier d’autres joueurs dans des compétitions officielles, cette année celui-ci semble aussi être passé à la trappe. Grossièrement, le online de MotoGP 20 ne se résume qu’aux classiques parties publiques et privées, ou alors celles façon directeur de course où c’est vous qui en avez la charge et décidez de la tournure des événements.
Un mode Carrière qui gagne en profondeur et en intérêt
Ce mode est souvent le talon d’Achille des jeux de course et est considéré comme un témoin de la qualité d’un titre, surtout dans le cas de ceux à multiples opus. Même si l’épisode de 2019 avait réalisé de jolis progrès par rapport à l’opus précédent, son mode Carrière avait été relativement critiqué puisqu’on lui reprochait d’être assez quelconque, se résumant surtout à un simple enchaînement des courses du championnat. Dans MotoGP 20, Milestone a décidé de revoir sa copie et de donner davantage de profondeur à ce mode. Pour cela, le studio italien l’a enfin doté d’une composante management avec l’ajout du recrutement de personnel pour aider à la gestion de sa carrière de pilote, au développement et à l’amélioration de la moto et de ses performances. Cette façon de faire rappelle très clairement celle employée par Codemasters dans la série des F1. On devra recruter un agent chargé de nous représenter et de négocier les meilleurs contrats, ainsi qu’un ingénieur en chef et un analyste des données qui eux, seront en charge de mener à bien le développement de la moto. Cependant, plus votre personnel est performant, plus leur salaire sera élevé. Attention donc à la gestion de vos finances ou sinon vous risquez de les perdre et de les voir remplacés par des employés moins efficaces sélectionnés et payés par votre écurie. Ainsi, à défaut d’être original, Milestone contribue néanmoins à lui donner un nouveau souffle et à renouveler au moins en partie son intérêt.
L’amélioration de la moto se fait quant à elle via une sorte d’arbre de développement réparti en quatre catégories (moteur, châssis, aérodynamique et électronique). On peut choisir d’affecter plus ou moins de membres de notre équipe d’ingénieurs à l’amélioration d’une pièce, afin de réduire sa durée de mise au point. Avec un peu d’observation, on remarque que chaque ingénieur a un coefficient plus ou moins élevé dans chaque pôle, permettant de réduire la durée d’attente avant la disponibilité de l’amélioration. Cependant, même si l’effort de donner davantage de profondeur au mode Carrière via ce pôle R&D peut-être salué, aucune explication de son fonctionnement n’est donnée, ce qui fait que ce point peut être particulièrement obscur pour certains. Une fois la création de votre pilote achevée, libre à vous de choisir soit de commencer directement dans la catégorie reine, ou alors dans une des divisions inférieures (Moto2 ou Moto3), dans une équipe officielle ou alors de créer votre propre team.
Les week-ends de course se déroulent de la même manière que dans d’autres disciplines comme la F1, à savoir trois séances d’essais libres, deux séances de qualifications, ainsi que le warm-up et la course. A l’exception de cette dernière, vous pouvez décider de participer ou non à chacune de ces manches. Différents tests peuvent être réalisés lors des séances d’essais libres, comme dans F1 2019, afin d’obtenir des points de recherche servant à développer différentes améliorations pour la moto. Toutefois, on regrettera le faible nombre de tests disponibles (seulement trois) se résumant à suivre la meilleure trajectoire possible sur deux tours et à effectuer le meilleur temps possible. Au niveau des réglages, les amateurs du genre vont pouvoir s’en donner à cœur joie puisqu’il est possible de régler une foule de paramètres de la moto. Évidemment, si vous n’êtes pas adeptes, vous pouvez opter pour les réglages par défaut, ce qui vous permettra de pouvoir vous concentrer sur l’essentiel à savoir le pilotage. Comme d’habitude, vous gagnez plus ou moins d’argent et de réputation selon votre résultat. Concernant cette dernière, en gagner davantage permet d’attirer l’attention d’autres écuries, notamment celles des divisions supérieures, en vue de négocier avec celles-ci pour qu’elles vous enrôle en leur sein.
Un jeu réaliste mais accessible
Graphiquement, le jeu est toujours aussi soigné. Les motos sont très bien modélisées et leurs pilotes ont bénéficié du même soin, tout comme les environnements, même si ceux-ci manquent toujours de vie. A part quelques drapeaux oscillants, les spectateurs restent très/trop statiques. Dans les paddocks, le constat est encore pire car il n’y a pas âme qui vive en dehors des stands et encore, parce que même dans ce cas-là, les seules animations visibles se résument à des cinématiques montrant les mécaniciens au travail sur votre moto et vos échanges avec votre ingénieur en chef. C’est à ce moment-là notamment qu’apparaît un autre point faible du jeu, les expressions faciales des PNJ et leur gestuelle parfois un peu trop « robotisée ». D’ailleurs, en progressant jusqu’en MotoGP, on constate qu’à ce niveau-là on a droit à une cérémonie du podium telle qu’on les connaît, avec des pilotes bien modélisés, tandis que dans les divisions inférieures, tout ce que l’on peut voir c’est les manifestations de joie de notre pilote dans la voie des stands, casque sur la tête.
Niveau performance, le jeu est toujours parfaitement fluide, même dans les situations de peloton dense, notamment en début de course. Aucun défaut graphique de type aliasing ou clipping n’a été observé. D’ailleurs, on peut souligner la clarté de l’écran de course (HUD), car celui-ci arrive à exploiter toute la surface de l’écran, en affichant les différentes informations aux quatre coins, permettant d’avoir une vision bien dégagée. De plus, pendant la course, les différents événements tels que les dépassements et les accidents sont signalés de façon spontanée de chaque côté, sans que ça n’entrave jamais la lisibilité. MotoGP 20 capitalise aussi sur les qualités de son prédécesseur en conservant un gameplay précis et réaliste, mais qui sait rester accessible pour les néophytes. En effet, les différentes aides au pilotage permettent à chacun de définir son niveau d’assistance selon son expérience de la discipline. Dans mon cas personnel, n’étant pas un habitué des jeux de motos à la base, il ne m’a fallu que quelques tours pour me faire la main et savoir me débrouiller sur la piste.
La physique des motos est aussi bien retranscrite. Sans aller dans un réalisme aussi poussé que dans un titre comme TT Isle of Man 2, leur comportement est logique et réaliste. Ainsi, même si le gameplay du jeu peut être plus ou moins permissif (surtout avec les aides activées), attention à ne pas faire n’importe quoi car une sortie de route voire un accident peuvent vite arriver. Évidemment, gare aux conditions climatiques qui peuvent nettement affecter le pilotage des machines, même si on peut tout de même déplorer l’absence d’une météo dynamique. Le système de gestion des dégâts a aussi été retravaillé afin de prendre en compte tous les appendices aérodynamiques dont disposent les motos actuelles. Si vous les abîmez, votre moto pourrait alors avoir des réactions assez brutales, surtout à haute vitesse. En outre, le comportement du pilote sur la moto est aussi bien représenté, puisque celui-ci n’est pas rigide sur sa moto mais bouge vraiment au gré des mouvements de sa cylindrée, se penchant de droite à gauche dans les virages, se baissant en ligne droite pour réduire sa résistance au vent et se redressant en phase de décélération à l’abord d’un virage. Pour résumer, certes on est pas face à une simulation comme dans le jeu de KT Racing, mais celui de Milestone sait toutefois trouver un juste milieu entre réalisme et accessibilité.
Une timide évolution de la série
Une des premières grosses nouveautés de cet épisode est la nouvelle gestion du carburant. Celle-ci a été affinée avec désormais plusieurs configurations moteur possibles, permettant de trouver le bon ratio entre consommation et performance. Ainsi, il est possible d’avoir une machine économe en carburant, mais du coup moins puissante que les autres, ou alors une fusée sur roues mais siphonnant goulûment le contenu du réservoir. En outre, c’est également à vous de choisir la quantité d’essence que vous embarquerez au départ de la course. Toutefois, même si ce nouveau système de gestion du carburant est une bonne amélioration, à mon goût il est encore perfectible car j’ai pu remarquer que dans certaines courses, la consommation de ma moto était plus importante (3/4 tours d’autonomie épuisés en un seul) alors que je n’avais pas touché à mes réglages, m’obligeant à bidouiller la cartographie moteur pour être sûr de pouvoir finir la course.
Quant au système d’usure asymétrique des pneumatiques, l’autre nouveauté du jeu bien mise en avant par Milestone, celui-ci est efficace et retranscrit parfaitement la dégradation des différentes zones de ceux-ci en fonction du profil du circuit. En effet, dans la réalité, les pneus ne s’usent jamais de la même façon sur chaque flanc et en leur centre, ce qui peut rendre la tenue de route particulièrement précaire si on a tendance à user de manière importante une certaine zone du pneumatique.
Quant à l’IA, évolution de celle introduite dans l’épisode précédent et baptisée ANNA (Artificial Neuronal Network Agent), prévue pour fonctionner à la manière des Drivatars dans les Forza, globalement on peut dire que celle-ci souffle toujours le chaud et le froid, capable du meilleur (adaptation aux situations de course, comportement plus réaliste avec une IA qui peut commettre des erreurs, dépassements agressifs,…) comme du pire (certains concurrents avait un comportement vraiment étrange par moment). Néanmoins, sans faire dans l’exceptionnel, celle-ci fonctionne tout de même plutôt bien et contribue à dynamiser les courses, même s’il reste encore du travail pour l’améliorer.
Conclusion
Avec ce nouvel opus de sa série MotoGP, Milestone réussi la belle performance de sortir en moins d’un an un épisode faisant au moins aussi bien que son prédécesseur. Évidemment, tout n’est pas parfait, des points restent à améliorer, mais le jeu a su trouver un certain équilibre entre réalisme et accessibilité, retranscrire au mieux les sensations du MotoGP tout en permettant à chacun de pouvoir en profiter à son niveau. En donnant davantage de profondeur à son mode Carrière, l’opus 2020 est sur la bonne voie, même si on peut lui reprocher un relatif manque d’originalité à cause de sa forte ressemblance avec celui de la série des F1 de Codemasters. En résumé, avec MotoGP 20, le studio italien nous gratifie de ce qui nous paraît être le meilleur épisode de la série proposé jusqu’à maintenant. Si l’éditeur italien continue sur sa lancée, on ne peut qu’être optimiste pour l’avenir de la série, particulièrement vis-à-vis de la nouvelle génération de consoles.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✘ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✘ Taille couleur de police | ✘ Identification de la personne qui parle | |
✘ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✘ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | Oui | |
Console | Xbox One X | Temps passé sur le jeu | 15 heures | |
Niveau de difficulté | Facile | Jeu terminé | Non |
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