L’arrivée de Microsoft dans le marché des consoles de salon n’a pas été de tout repos. L’équipe en charge du projet a en effet bataillé dur en interne pour faire accepter le projet Xbox à la direction de la firme américaine. Mais les doutes n’étaient pas uniquement ceux du board de Microsoft. Auprès des éditeurs et développeurs, un important travail relationnel a été mené pour obtenir leur confiance. Certains ont même été contactés dans l’optique d’un rachat, dont Nintendo, Electronic Arts ou encore Squaresoft comme le rapporte un article très documenté de Bloomberg.
Steve Ballmer, alors PDG de Microsoft, souhaitait apporter un soutien massif à la première console de salon de la firme en lui offrant quelques-uns des plus grands développeurs du monde. Et c’est par l’intermédiaire de nombreux dirigeants de l’époque que nous en apprenons plus sur les manoeuvres opérées alors. Force est de constater que tout ne s’est d’ailleurs pas déroulé comme ils l’espéraient.
Nintendo rit au nez de Microsoft
“Steve nous a fait rencontrer Nintendo pour voir si elle envisageait une acquisition. Ils ont juste ri aux éclats. Imaginez une heure où quelqu’un se moque de vous. C’est un peu comme ça que s’est passée cette réunion.” confie Kevin Bachus. Si l’on savait que Microsoft avait été en contact avec le géant japonais, le directeur des relations avec les tiers pour Xbox de l’époque décrit un entretien pour le moins expéditif. Les négociations n’ont ainsi pas été très longue, Nintendo n’imaginant pas un instant être racheté.
Du côté de EA, si la forme a été plus conventionnelle, le résultat s’est avéré être le même. L’éditeur a préféré refuser poliment l’offre de Microsoft d’un simple “Non, merci.”. Même topo concernant Midway et Squaresoft selon Bob McBreen, responsable du développement commercial de Xbox.
Nous avions une lettre d’intention pour acheter Square. Début novembre 1999, nous sommes allés au Japon. Nous avons eu un de ces grands dîners avec leur PDG et Steve Ballmer. Le lendemain, nous étions assis dans leur salle de conférence, et ils ont dit : “Notre banquier aimerait faire une déclaration.” Et en gros, le banquier a dit : “Square ne peut pas passer ce marché parce que le prix est trop bas.” On a fait nos valises, on est rentré chez nous, et c’était la fin de Square.
Bob McBreen, responsable du développement commercial Xbox en 1999
Il est étonnant que Microsoft ait imaginé pouvoir racheté de tels développeurs à l’époque. Cependant, aussi incongru que cela paraisse aujourd’hui, il faut reconnaître aux dirigeants de 1999 une certaine force de caractère et une certaine réussite. Sans ces échecs, et sans doute sans une probable pugnacité, les acquisitions de Bungie ou Rare n’auraient pu être possibles.
Dernièrement, cette stratégie de développement par les rachats est saluée. Microsoft a en effet fait triplé le nombre de ses studios First-party entre 2013 et 2021. Avec Bethesda, Playground Games, Ninja Theory ou encore Obsidian Entertainment, les Xbox Game Studios sont au cœur de la stratégie de Xbox et devraient offrir aux joueurs et joueuses des expériences de jeu grandioses et nombreuses. D’ailleurs, cette croissance n’est sans doute pas terminée et d’autres équipes pourraient rejoindre les rangs. Qui seront les futurs élus ? Réponse, sans doute, au fil des prochains mois.
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