Enfin. Après de longues années d’attentes, le Project Avengers de Crystal Dynamics s’est enfin dévoilé aux joueurs. Tout d’abord via une bande-annonce diffusée lors de la conférence Square-Enix, puis lors d’une séquence de gameplay réservée à la presse. Clairement, le studio à l’origine de la dernière trilogie Tomb Raider souhaitait impressionner et marquer les esprits. Et que dire si ce n’est que le pari est relevé haut la main ? Oui, Marvel’s Avengers aura retenu toute mon attention, raflant au passage le titre tant convoité de plus grosse déception du salon. Rien que ça !
Je s’appelle Steve Rogers
Vous attendiez une adaptation des films en jeu vidéo ? Raté ! Marvel’s Avengers sera complètement indépendant de l’œuvre cinématographique. Adieu donc Robert Downey Jr ou Chris Hemsworth et bonjour une toute nouvelle interprétation des héros de Marvel. Enfin, une “presque nouvelle interprétation” serait-on tenté de dire.
En effet, si les visages ne sont pas ceux des stars de Hollywood, force est de reconnaître que la ressemblance est frappante. Alors certes on part bien du même matériau de base, à savoir les comics de Marvel, mais arriver à un résultat si proche du cinéma est confusant. Et cela ne sert pas le titre. Face à de faux sosies de Scarlett Johansson ou de Chris Evans la déception est de mise. C’est d’autant plus vrai qu’aucune forme de charisme n’émane d’eux alors même que les tenues et attitudes sont, elles, très semblables à celles des différents films.
Le vice est d’ailleurs poussé jusqu’à reprendre certaines scènes issues du cinéma comme celle où Bruce Banner se jette du vaisseau des Avengers avant de se transformer dans les airs en Hulk. Bref, on a plutôt l’impression qu’il s’agit d’un problème de licence et le résultat au final est peu convaincant. Dommage car quitte à ne pas intégrer le casting américain, il y a dans les comics suffisamment de versions différentes des super-héros pour proposer quelque chose de neuf ! Le manque d’inspiration est ici frappant et la mayonnaise a du mal à prendre.
Et puisqu’on parle de manque d’inspiration, difficile de ne pas résumer ainsi la demi-heure de gameplay dévoilée. Le constat est dur, mais il est à la hauteur de la déception que j’ai pu vivre. Avais-je des espoirs déraisonnés concernant ce titre ? Je ne le crois pas. Mais pour une telle licence et avec Crystal Dynamics aux commandes, j’étais plutôt confiant. Grosse erreur !
Venez vous battre, tête de bouc !
Me voilà donc dans une salle de briefing accueillant une trentaine de personnes. Pour l’occasion, ce sont les développeurs eux-mêmes qui assurent la présentation et qui réalisent en direct la séquence de gameplay. Casque sur les oreilles pour mieux profiter des énormes basses balancées au moindre impact, je découvre les premières minutes du jeu. Celles-ci nous embarquent à San Francisco, à proximité du Golden Gate, alors même que la ville célèbre le jour des Héros. Et bien évidemment, c’est là que surgit un super-vilain.
En l’occurrence ici c’est Taskmaster qui mène une offensive sur la ville. Bien entouré par ses innombrables mercenaires, nos ennemis du jour décident de semer le chaos sur leur passage. Résultat, le célèbre pont vole en éclat, entre fragments de routes détachés et câbles de soutien arrachés. Heureusement pour nous, les Avengers font leur entrée et le jeu, à proprement parler, débute.
Dans la séquence dévoilée, le développeur prend successivement le contrôle de chacun des Avengers (Thor, Iron Man, Captain America, Hulk et Black Widow). Dans des zones plutôt restreintes et avec une caméra très proche de l’action, nous progressons ainsi au milieu des véhicules éparpillés sur le Golden Bridge. L’aventure commence alors que nous incarnons Thor face à une horde de mercenaires. L’Asgardien ne fait pas trop dans le détail et use de Mjolnir pour envoyer valser ses ennemis au corps à corps et fait appel au tonnerre si trop d’ennemis lui font face. On ressent certes toute la puissance du héros sur certains coups mais le tout est plutôt mou et, surtout, très générique. Les ennemis avancent vers nous et il suffit donc de les castagner pour progresser sans que des combos ne semblent apporter une certaine fluidité et exigence à l’ensemble. Mouais, voyons la suite.
On ne gagne pas la guerre avec des sentiments, colonel.
Après Thor, c’est au tour de Tony Stark de s’exhiber. Dans l’armure d’Iron Man c’est dans les airs que nous poursuivrons nos ennemis. Mais pas question de voler comme bon nous semble, il s’agit plutôt de se diriger dans un « couloir » en essayant d’atteindre avec nos missiles des adversaires prenant la fuite grâce à leur jetpack. La liberté d’action est donc grandement réduite et se résume à du gauche/droite pour éviter les débris et explosions sur notre route. Quant au réticule de visée qui apparaît à l’écran, il ne semble malheureusement pas d’une grande aide pour notre développeur/joueur qui ne fera pas mouche une seule fois. A nouveau, la séquence est générique au possible et je commence doucement à devenir fébrile. C’est ça les Avengers selon Crystal Dynamics ?
Au sol, le guerrier d’acier ne séduit guère plus. Quelques décharges envoyées depuis les paumes de ses mains, quelques coups échangés au corps à corps puis une séquence sous forme de QTE. Le tout n’est pas très excitant mais pas le temps d’y penser puisque c’est Captain America qui prend le relai à l’écran. Ce dernier est un peu plus loin de l’action, dans un vaisseau qui abrite de nombreux civils. Là aussi les mercenaires sont nombreux et le super soldat y fait face, bouclier à la main. Remplacez Mjolnir par un bouclier et les éclairs par une charge et vous avez à peu près la même séquence que celle de Thor. Seule la possibilité d’envoyer son bouclier dans les airs et de le « renvoyer » avec un coup de pied sauté m’arrache un haussement de sourcil. Pour le reste, je demeure stoïque alors que l’effroi m’a conquis.
Je passerai rapidement sur la scène nous dévoilant un Hulk pataud et résumé à des poings qui soulève des voitures avant de les jeter pour m’arrêter sur Black Widow. Cette dernière clôture en effet ces 30 minutes de gameplay et fait face à Taskmaster directement. Présenté sous la forme d’un boss, ce que je découvre alors en termes de gameplay me ramène une décennie (au moins !) en arrière. Concrètement, l’affrontement entre les deux personnages se résume à esquiver les attaques au corps à corps avant de tirer sur Taskmaster aussi rapidement que possible. L’ennemi ira alors dans un coin de la zone et jettera des mines de proximité qu’il faudra faire exploser en tirant dessus pour l’étourdir. On profite alors de l’occasion pour lui asséner différents coups, on répète le tout 3 fois et l’affaire est bouclée. Indigeste.
Ce type là n’a aucun respect pour les pelouses.
Vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes, cette démonstration m’inquiète. Bien sûr cela n’est pas représentatif du jeu final et du reste de l’expérience mais ces 30 minutes sont peu flatteuses. Beau sans être transcendant, Marvel’s Avengers est surtout ennuyeux à souhait et ne semble proposer du spectacle que dans ces multiples QTE. La caméra est très dynamique et la mise en scène plutôt efficace, mais manette en main cela paraît d’un ennui mortel. A l’image du design des personnages, aucune âme ne se dégage du titre. Mou, répétitif, générique, Marvel’s Avengers paraît avoir 10 ans de retard sur les productions actuelles. Espérons pour eux que le reste du développement progresse rapidement et qu’ils puissent nous proposer autre chose dans les mois à venir. En l’état, nous sommes sans doute face à une des plus grandes désillusions que l’E3 nous ait apportées cette année.
You must be logged in to post a comment Login