Après 11-11 Memories Retold, le studio français DigixArt reste dans le jeu narratif avec Road 96. Annoncé comme étant procédural, chaque partie y serait unique. C’est avec ce concept assez intrigant qu’on se lance dans ce “road-trip” qui, sous ses airs gentillets cache une puissante critique politique et sociétale.
“Get your kicks on Route 96”
Avant toute chose, sachez que le “procédural” utilisé pour décrire Road 96 est à la limite du mensonger. Si, dans le domaine du jeu vidéo, la génération procédurale est une manière automatisée de créer du contenu, ici, on devrait plutôt parler d’un choix de scènes aléatoire parmi un certain nombre. Alors, qu’on soit bien clair, ce n’est en aucun cas un défaut, j’insiste dessus. Je trouve simplement l’utilisation de ce terme assez peu approprié.
Mais du coup, quel est son concept ? On est face à un jeu narratif qui nous permet d’incarner un adolescent anonyme, qui tente de fuir son pays, Petria, dirigé par un dictateur. Ce n’est que pure coïncidence si les actualités internationales font écho à ce pitch, puisque le titre est à l’origine sorti en 2021. Cependant, le contexte, les dialogues et les situations portent un fort message engagé contre les dérives autoritaires d’un régime qui peut vite museler une société. La route qui mène à la frontière sera semée d’embûches et ne sera pas de tout repos. C’est à travers vos choix et une dose de hasard que vous parviendrez, ou non, à vos fins. Vous rencontrerez des personnages qui feront progresser l’intrigue globale. Oui, globale, car l’histoire du jeu ne tourne pas uniquement autour de ce personnage.
En effet, une fois arrivé au bout de la route 96, et peu importe si vous avez survécu, vous allez ensuite incarner un nouveau protagoniste et démarrer à un autre endroit. Vous rencontrerez à nouveau les mêmes personnages et assister à la suite de leurs aventures. Le côté aléatoire est avant tout présent dans l’enchaînement des scènes. Chaque partie n’en proposera pas le même ordre, mais vous retrouverez la plupart d’entre elles, avec quelques différences mineures.
“Là où on va, on a quand même besoin d’une route”
C’est avec cette inspiration de roguelite que le titre prend une toute autre saveur. On découvre le fonctionnement du jeu progressivement, sans avoir l’impression d’être trop pris par la main. On s’attache aussi à la plupart des personnages rencontrés, et il devient difficile de s’arrêter pour découvrir ce qui va leur arriver. Certaines interactions vous offriront même des capacités qui resteront accessibles pour tous les runs futurs. Je pense notamment au crochetage de serrure ou à d’autres avantages qui débloquent des choix de dialogues supplémentaires.
L’aventure proposera son lot de mini-jeux, de choix cruciaux, de situations décalées et de dialogues incisifs. Notez d’ailleurs que si les voix sont en anglais, les textes ont été traduits en français. Pour donner un minimum d’enjeu à vos fuites, il y aura trois notions à surveiller. La jauge de santé, dans un premier temps, qui correspond plus ou moins à un mélange de faim et de fatigue. Elle se videra progressivement et le seul moyen de contrer cela sera de s’alimenter ou de se reposer.
Ensuite, l’argent en votre possession sera un des facteurs majeurs qui façonnera votre fuite. Certains choix nécessiteront en effet de sortir votre porte-monnaie. Pour le renflouer, plusieurs solutions : fouiller les environs, rendre service à certains PNJ ou même le vol ! C’est là qu’arrive notre troisième mécanique de gameplay, le karma. Vos actions se répercuteront sur cette jauge, et elle aura évidemment une importance capitale pour la fin de votre aventure.
Chauffeur, si t’es champion, appuie sur le champignon !
Si, dans le fond, Road 96 excelle, la forme est plus problématique. Les graphismes sont d’un autre âge et le titre souffre au niveau technique : quelques ralentissements, des chargements un peu longs. Heureusement que cet aspect n’est pas primordial pour le genre, mais il aurait était appréciable qu’un effort soit fait de ce côté-là.
C’est d’ailleurs l’un des rares défauts que j’aurais à reprocher au titre, en plus de la difficulté à discuter avec un PNJ en mouvement. En effet, les options de dialogues restent affichées juste à côté de la personne qui vous parle. À de rares occasions, lorsque cette dernière est en pleine course, je peux vous assurer qu’il est très difficile de sélectionner la réponse voulue sans se tromper.
L’un des atouts de Road 96 est sans conteste sa bande-son. Piochant parmi les genres de l’électro (avec l’excellent artiste The Toxic Avenger) ou du folk (avec des ballades rappelant les Life is Strange), elle offre au jeu une ambiance très particulière. Manette en main et écouteurs dans les oreilles, on éprouve à la fois de la nostalgie, du désespoir, de l’injustice, mais aussi des choses plus positives comme l’envie de prendre son destin en main, et surtout l’espoir d’une vie meilleure au-delà de cette frontière. Comptez en tout et pour tout une petite dizaine d’heures pour en faire le tour, ce qui est tout à fait convenable.
Conclusion
Road 96 est une excellente aventure. Construite de manière originale, elle offre un regard politique saisissant, une écriture réussie, une bonne durée de vie et une bande-son marquante. Et surtout, l’expérience sera différente pour chacun, en fonction de vos choix et du hasard. Les textes sont d’ailleurs traduits en français. Seule ombre au tableau : la technique beaucoup trop en retrait. Malgré cela, le titre reste marquant, et je le recommande sans hésitation.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✘ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✔ Taille de police | ✘ Identification de la personne qui parle | |
✘ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✘ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | OLED 4K | Jeu fourni par l’éditeur | Oui | |
Console | Xbox Series X | Temps passé sur le jeu | 12 heures | |
Niveau de difficulté | N.A. | Jeu terminé | Oui |