En parallèle de mes virées dans l’espace, j’ai aussi pu m’échapper dans les profondeurs avec Under the Waves. Développé par Parallel Studio et édité par Quantic Dream (2 studios parisiens, cocorico !), le jeu nous propose une balade dans les fonds marins de la Mer du Nord. Porté par sa narration et son ambiance, réussit-il à nous faire ressentir tout le poids de la solitude et de l’isolement de la plongée sous-marine ? J’aurais tendance à dire oui, et pour plusieurs raisons !
Méfiez vous de l’eau qui dort
Le pitch de départ est plutôt simple. Vous incarnez Stan, un plongeur professionnel qui doit avoir dans la quarantaine et qui, visiblement, souhaite fuir son quotidien à la surface. Nous ne savons pas exactement pourquoi au départ, mais il a apparemment des soucis d’ordre familiaux. Rien de secret, et on l’apprends (ou le comprends) très vite. Mais je n’en dirais pas plus ici et ferais un paragraphe où je parle de l’évènement familial en question. Cela car il est, je pense, important de l’aborder pour expliquer une des forces du titre. Les allergiques aux spoilers pourront ainsi découvrir par eux même, et les autres avoir un peu plus d’informations !
Mais revenons en à Stan. Afin de s’isoler il accepte un boulot de plongeur pour le compte d’une société pétrolière. Rien de palpitant, son quotidien devant se résumer à vérifier que tout se passe bien autour de la plateforme pétrolière. Vérification d’équipements, réparations diverses, suivi de la faune et de la flore. Les premiers jours sont donc tranquilles, et permettent de découvrir les mécaniques de gameplay, la zone et son personnage. Tout se fait via des actions contextuelles simples, les déplacements se font en sous-marin ou à la nage et on ne peine aucunement à se rendre où l’on veut. On découvre alors une zone open world, de taille modeste, avec son lot de grottes, sa flore, sa faune et… ses constructions humaines telles que bases sous-marines, relais de communication ou autres joyeusetés.
On aborde d’ailleurs ici un des grands thèmes du jeu : l’écologie. Et mon dieu, j’espère que les fonds marins sont moins pourris que ce que l’on nous montre. Plastique, électronique, épaves en tout genre, pétrole… La zone dans laquelle se déroule l’aventure est polluée jusqu’à l’os. Mais comme le dit justement un des protagonistes : “comme c’est invisible, tout le monde s’en moque”. J’imagine que, pour des besoins ludiques, la vision montrée ici est exagérée. Mais je ne serais malheureusement pas surpris qu’on ne soit pas si loin de la réalité. J’ai d’ailleurs trouvé très réussie la manière dont tout cela est amené. Très vite, on s’aperçoit que l’on peut ramasser tous ces déchets, et que l’on peut les réutiliser pour des crafts. Bouteille d’oxygène, fusées éclairantes, améliorations diverses… Classique pour un open world me direz vous : on ramasse tout ce qu’on croise et on l’utilise pour se faciliter la vie. Au départ donc, je nettoyais consciencieusement les bouts de zone que je parcourais. Afin de rendre ce petit bout d’océan plus sain. Mais on se rend compte très vite que c’est impossible tant les déchets sont partout. Un peu comme en vrai finalement. Le plus simple ne serait-il pas simplement d’arrêter de faire n’importe quoi plutôt que d’essayer de réparer après coup ?
Comme un poisson dans l’eau
Quoi qu’il en soit, les fonds marins sont très bien rendus. Ne vous attendez pas à retrouver l’atmosphère d’un Abzu par contre. Ici, les couleurs sont mornes et tout est flou et sombre au delà de quelques mètres. L’ambiance du jeu retranscrit ainsi bien la solitude, voire la mélancolie, que l’on peut éprouver en plongeant relativement profondément. Et vous l’aurez noté, cela colle parfaitement avec les aspirations de notre protagoniste. Il en va de même côté son d’ailleurs, avec les quelques bruitages d’orques et autres baleines qui vous parviendront. Tout au plus peut on reprocher des dialogues un peu trop présents avec notre ami et chef d’équipe. Point à noter à ce niveau d’ailleurs : Under the Waves est un des très (très) rares jeux sur lesquels je n’ai pas passé les dialogues en anglais. Le ton est juste en permanence et je n’ai noté aucune fausse note à ce niveau. Normal pour un studio français ? Pas toujours si j’en crois mon expérience !
Toujours côté ambiance, je me dois d’aborder plus en détail l’histoire du jeu. Je ne vais pas spoiler beaucoup, mais je me dois de parler du pourquoi notre personnage a fait le choix de l’isolement. Retenez juste que le jeu est essentiellement porté par son histoire. Et si au départ je trouvais cet aspect un peu en retrait pour laisser une grosse place à la partie écologie, le final m’a emporté avec lui. Place au spoil maintenant. Allergiques aux spoilers, passez au paragraphe suivant. Si Stan est là, c’est car il a perdu un enfant en bas âge. Ce n’est pas dit ouvertement au départ, mais on ressent rapidement que Stan et sa femme s’aiment toujours beaucoup. Et donc que le problème ne vient pas directement d’eux. Avec quelques indices à droite à gauche, on comprends très vite de quoi il retourne. Et comme je le disais, le jeu se “force” au départ à ne pas vraiment traiter ce sujet directement. J’ose : tout le monde “noie le poisson” avec le thème de l’écologie pour éviter d’aborder la vraie raison de la présence de notre “héros” ici. Une façon, encore une fois, intelligente de nous faire ressentir la psychologie de Stan. Et je ne détaillerai pas, mais le sujet est traité de fort belle manière à la toute fin. Tout du moins à mon sens de père d’un enfant en bas âge, et avec ma forte tendance à me projeter directement dans la situation lorsque celle-ci touche un enfant. Alors quand en plus nous jouons le père depuis une dizaine d’heures… Bref, j’ai pleuré. Et ça alors que je sentais le truc venir, et que j’avais volontairement pris un peu de recul. Enfin, je n’avais pas tout prévu. Il y a quand même une révélation que je n’avais pas du tout vu arriver, et qui a pas mal changé ma façon de voir la suite de l’histoire. C’est peut être même ce qui a permis de briser la carapace que je m’étais créée.
On nage entre deux eaux
Je le mets un peu à part, mais tout n’est pas rose non plus. Notamment du côté de la technique du jeu. Les animations ne sont pas incroyables. La synchronisation labiale est aux fraises (en français comme en anglais). Le framerate n’est pas très stable, sans que cela soit vraiment gênant étant donné le rythme très posé. Et surtout, j’ai eu 4 ou 5 plantages durant ma dizaine d’heures de jeu. Heureusement les sauvegardes automatiques sont courantes, mais ça fait toujours un peu tâche. Après le cœur du jeu n’est pas dans sa technique, et il faut garder en tête que l’on parle d’un petit studio. Espérons que quelques patchs réglerons les plus gros soucis.
Conclusion
Le jeu est donc, à mes yeux, une réussite sur les thèmes qu’il aborde. Certes, il exagère probablement certains aspects, notamment du côté de l’écologie. Mais quand je vois l’absurdité totale de certaines décisions publiques, puis-je en être certain ? A minima, le jeu m’aura au moins permis de me poser ce genre de question, et c’est déjà une réussite en ce sens. Il en va de même pour le thème du couple. Bizarrement par contre, la plongée n’est pas un aspect majeur du titre à mes yeux. Attention, c’est bien grâce à cet univers sous-marin, isolé du reste du monde, que le tout fonctionne. Mais là où j’ai apprécié le côté exploration et découverte d’un Abzu ou un Subnautica, ce n’est pas forcément le cas pour Under the Waves. Il présente les fonds marins de manière beaucoup moins ludique, beaucoup plus triste. Que ce soit par le lieu choisi et ce qu’il contient, pas spécialement connu pour ses plongées touristiques, ou par ce que l’on y fait. Tout pour l’ambiance et l’histoire encore une fois, et c’est une réussite à ce niveau.
Le jeu est fait pour vous si :
- vous aimez suivre une belle histoire
- les thèmes de l’écologie et de la famille/couple vous intéressent
- vous souhaitez un jeu posé, presque relaxant dans son gameplay
Le jeu n’est pas fait pour vous si :
- vous cherchez un jeu d’action
- vous cherchez un côté “plongée loisir” dans le jeu
- vous cherchez un jeu feel good
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | Oui | |
Console | Xbox Series X | Temps passé sur le jeu | 9 heures | |
Niveau de difficulté | N/A | Jeu terminé | Oui |
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