Un couloir sombre, une ambiance moite. Vous êtes seul, séparé de votre groupe. Un danger rôde, vous le savez, mais vous ignorez sous quelle forme il se manifestera. Les doigts collés à la manette, vous êtes aux aguets. Soudain, une décision à prendre s’impose : vous devez vous cacher, ou prendre les jambes à votre coup. Vous avez deux secondes. Quel choix ferez vous ? En sachant que l’un de ces choix pourrait bien être votre dernier.
Bienvenue dans Man of Medan, le nouveau jeu de Supermassive Games, développeur de Until Dawn, œuvre cinéma-jeu qui avait marqué les esprits en 2015 sur une console concurrente. Leur production du jour est le premier du Dark Pictures Anthology, soit une anthologie attendue composée de huit jeux, à raison de deux par an. Les récits proposeront une nouvelle aventure à chaque fois, avec de nouveaux décors et protagonistes. Projet titanesque, je vous l’accorde, en se basant sur ce Man of Medan, dont la première partie vous demandera entre 4 et 5 heures à finir. Court, me direz vous ? C’est sans compter sur les multiples parties que vous enchaînerez pour découvrir le fin mot de l’histoire !
Homme à la mer !
L’aventure de Man of Medan plante le décor comme beaucoup de films d’horreur, avec un prologue situé dans le passé. Dans les années 40, une mystérieuse cargaison doit être transportée à bord d’un navire militaire américain sous haute surveillance. Comme vous pourrez vous en douter, l’escapade part en sucette en moins de deux, des forces maléfiques sont libérées, et l’équipage décimé. L’histoire nous transporte alors à une époque plus contemporaine, où vous ferez la connaissance des cinq personnages principaux. Chasseurs de trésors amateurs et fans d’émotions fortes, une virée en mer bousculera à tout jamais leur conception du monde et de la réalité.
Trop révéler d’un jeu comme Man of Medan serait équivalent à spoiler un bon film d’horreur, pas original pour un sous, mais bien efficace quand même. Donc ne comptez pas sur moi pour vous donner les clés de l’intrigue. Sachez seulement que Man of Medan se regarde plus qu’il ne se joue. Le gameplay consiste à déplacer votre personnage, dans des décors aux animations restreintes, et de vous coltiner un sacré paquet de Quick Time Events. Toujours là ? Bien, vous êtes ouvert d’esprit. Man of Medan est ce qu’il est, un film d’horreur intéractif, bien loin des Resident Evil et consorts. Éteignez les lumières, préparez vous une bonne boisson, et installez vous devant votre téléviseur, éventuellement avec des amis : il est temps de lancer la séance.
Soirée cinoche
Le gameplay de Man of Medan peut se résumer à examiner des documents (l’unique moyen de creuser l’histoire), fréquemment choisir entre deux décisions, scruter chaque recoin des décors, et avoir de très bons réflexes. Pourquoi me direz vous ? La plupart des embranchements scénaristiques s’enclencheront suite à un QTE. Sournois qui plus est ! Imaginez avoir posé la manette après une cinématique de cinq minutes, et tout d’un coup, une décision urgente et décisive vous est imposée. Dans ce cas, il ne sera pas rare de “glisser” sur la touche. Énervement s’en suivra, étant donné que chaque action est définitive et aura parfois de grosses conséquences sur le reste de l’aventure. Répercussions parfois immédiates, et parfois constatées en toute fin de jeu. D’ailleurs la “bonne fin” serait de sauver toute votre équipe, soit les cinq membres.
Votre serviteur à bien entendu réussi l’exploit, sans doute lié à des années d’expérience, à éradiquer toute l’équipe lors de sa première partie ! Avec les deux derniers survivants cassant leur pipe dans une scène post-générique ! L’avantage de ce fiasco est que je voulais absolument retenter l’aventure, ne serait que pour en sauver un, ou voir d’autres scènes loupées auparavant. Parce que des fins, dans Man of Medan, il y en a beaucoup. Avec son lot de succès distincts, des pans entiers du scénario se modifieront au gré de vos décisions. Je ne parle pas forcément de l’histoire en elle même, mais des relations entre les personnages. Tout tourne autour d’eux, quitte à mettre en arrière plan les raisons de leur désarroi. Choix des développeurs pour impliquer le, ou les joueurs, assurément, mais qui ne plaira pas forcément à tout le monde.
Men (and Women) of Medan
L’une des originalités du jeu est fièrement affichée : Ne jouez pas seul. D’ailleurs, dès le menu principal, le choix vous est donné de vivre l’aventure en solo, ou à plusieurs. En voilà une indication intriguante ! Dans les faits, le résultat à l’écran demande sans doute encore du boulot… L’une de ces options consiste à se passer la manette entre spectateurs, l’un contrôle un personnage, pendant que l’autre regarde. Et on se repasse la manette lorsque l’on permute. Le but recherché est d’impliquer le joueur, car ses actions peuvent avoir des répercussions directes sur le deuxième joueur. Voire carrément le tuer, ce qui est censé créer le malaise. Pouvant être joué jusqu’à 5, avec parfois plusieurs minutes entre chaque permutation, il faudra vraiment être capté par l’histoire pour suivre. Le mode online se joue sur le même principe, mais assis aux quatre coins du globe. Apparemment, certaines scènes pourront se jouer en parallèle, révélant des situations inédites mais je ne suis pas, à ce jour, en mesure de le confirmer.
Je ne l’apprends à personne, Man of Medan est un jeu d’horreur. Reflétant non pas une peur psychologique, à la Shining (bien que certaines séquences y font référence), mais plutôt faite de “Jump Scares“. La peur du pauvre, me diront certains, usant des effets chocs, accompagnés de bruits stridents. Dans le cas présent, à certains moments, ça marche ! A plusieurs reprises, j’ai sursauté. Et croyez moi, il m’en faut pas mal… Avec une ambiance moite, ténébreuse, aux effets de lumière recherchés, Man of Medan propose suffisamment d’images chocs pour en effrayer certains. Soyez prévenus.
Les nommés pour l’oscar des meilleurs effets spéciaux sont :
Pour un jeu qui se regarde plus qu’il ne se joue, la technique doit suivre. Rien de pire que de voir des polygones difformes se mouvoir, pour avoir envie de passer à autre chose. Par chance, Man of Medan est l’un des plus beaux jeux de l’année ! Les décors, bien qu’ils se répètent beaucoup, sont ultra détaillés. Tant mieux, vu le peu d’animations, mais j’avoue avoir eu un choc lors de ma première approche : c’est super beau. Les personnages, aidés par des effets de lumière soignés, sont ultra réalistes. Leurs animations ne dérogent pas non plus, avec des mouvements fluides et détaillés. Le choix du cinémascope, apporte beaucoup à cette ambiance, donnant vraiment l’impression d’être dans un film. Le seul reproche que j’aurai, sont les saccades présentes sur la version test, qui seront je l’espère gommées au moment de la sortie. Pour le reste, c’est un sans faute, avec l’un des plus beaux HDR vu sur console.
Les doublages, en anglais sous titrés, sont également top. Ils sont réalisés par des acteurs pros, prêtant aussi leurs traits aux héros, dont les émotions sont biens retranscrites. La musique qui les accompagne est aussi de circonstance, flippante comme il faut par endroits.
Pour ce qui est du déplacement du personnage, c’est lent. Très lent même. Je comprends que lorsque on est sur ses gardes, on marche, mais quand même… On peut marcher plus vite en appuyant sur LB, mais on parle de 20% de gain, max. Si vous voulez voir du sprint, il faudra attendre la prochaine cinématique, mais soyez rassurés, elle arrivera vite.
Collectionneurs et fouineurs, Supermassive Games à pensé à vous ! Vous pourrez trouver des secrets, révélant des infos sur l’histoire, et des “prémonitions”, vous révélant des futurs possibles. Vous pourrez même vous amuser à forger des amitiés, voire des romances, entre les personnages. Une option dans le menu principal vous permettra de visionner quelques making of du jeu, de la conception aux choix artistiques, dont certains seront à débloquer.
Anthologique !
Qui dit anthologie, dit points convergents. Difficile aujourd’hui de prédire les liens entre les jeux à venir, mais un fil conducteur se dévoile déjà. Par intermittence, le conservateur s’adressera directement à vous, le joueur. Introduisant l’histoire, entouré de livres et baignant dans de la musique classique, il vous mettra face à vos choix, et ne se gardera pas de vous narguer. Son rôle s’avère plus être celui d’un observateur qu’autre chose, mais sa présence donne un petit côté Rod Serling bien appréciable.
Conclusion
The Dark Pictures Anthology : Man of Medan n’est pas fait pour tout le monde. Si vous n’êtes pas cinéphile, ou que le genre horreur ne vous fait ni chaud ni froid, passez votre chemin. Par contre si vous souhaitez une expérience hors du commun, ou vos choix ont de véritables conséquences, je vous conseille de tenter l’aventure. Apprécié dans une pièce sombre, aux aguets, Man of Medan peut se révéler frustrant par moments, mais la rejouabilité assumée du titre devrait vous maintenir en haleine pendant de nombreuses nuits. Moi, en tous cas, j’attends avec fébrilité la suite de ce Dark Pictures Anthology !
Les images dans ce test ne sont pas les screenshots maison, vu qu’ils étaient inaccessibles pour traitement avant la parution du jeu.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✔ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✘ Taille couleur de police | ✔ Identification de la personne qui parle | |
✘ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✔ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✘ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Caractéristiques TV | 4K HDR OLED | Jeu fourni par l’éditeur | Oui | |
Console | Xbox One X | Temps passé sur le jeu | 10 heures | |
Niveau de difficulté | Normal | Jeu terminé | Oui (2 fins) |