Lundi a démarré le procès qui oppose Epic Games à Apple. Pour rappel, le studio derrière Fortnite avait engagé des poursuites judiciaires après avoir vu la firme californienne retirer son jeu phare de l’App Store. En effet, comme dans toutes les autres boutiques numériques, une commission est prélevée sur chaque achat effectué (environ 30% dans le cas présent). Or Epic Games avait mis en place une fonctionnalité permettant d’acheter des V-Bucks tout en contournant ce fameux système de commission. Mais ceci enfreint les règles de l’App Store et le nœud du problème réside dans l’impossibilité de contourner cette boutique pour l’installation d’applications. Il ne s’agit cependant que d’un des aspects du litige qui fait l’actualité ces derniers temps.
Epic Games, qui souhaite mettre fin à ce phénomène, se plaint d’abus de position dominante et monopole. Pour appuyer sa demande, la firme a produit devant la cour des échanges de mails “confidentiels” entre des membres de la direction d’Apple et Epic Games. Beaucoup de ces messages ont d’ailleurs fuité et Microsoft est également concerné. Tim Sweeney, PDG du studio américain, contactait alors Phil Spencer en août 2020 pour demander de débloquer l’accès au online sur les Free-To-Play (et donc Fortnite). Il exprimait ce désir juste avant l’apparition d’une nouvelle saison et son vœu ne sera exaucé que récemment puisque le Xbox Live Gold n’est désormais plus nécessaire pour les jeux gratuits.
On sait par ailleurs que, bien que Nintendo et Playsation aient l’air plutôt fermé à ce sujet, Microsoft voudrait imposer son service de cloud gaming sur d’autres plateformes. Le président de Xbox a clairement affiché ses intentions à ce sujet et déclaré “ne pas avoir encore abandonné” quant à l’arrivée de xCloud sur d’autres consoles.
Pour quelles raisons Microsoft est appelé à la barre ?
Alors, vous vous demandez peut-être pourquoi ces mails ont fuité. Epic Games profite probablement du fait que Microsoft soit en désaccord avec Apple au sujet du cloud gaming. En septembre dernier, l’application iOS xCloud était prête mais n’avait pas pu être déployée sur l’App Store, qui n’autorise pas actuellement ce genre d’applications. En effet, la firme de Redmond n’est pas la seule concernée puisque Stadia et GeForce Now, les services de cloud gaming de Google et Nvidia, n’avaient pas pu proposer leurs offres respectives sur les appareils à la pomme.
Un seul service de ce type est actuellement dans l’App Store et il se nomme Shadow. N’étant pas simplement du cloud gaming mais plutôt de la virtualisation d’ordinateur entier (ce qui va donc au-delà de la partie jeux), l’offre d’abonnement avait réussi à passer entre les mailles du filet. Microsoft a ainsi souhaité témoigner en faveur d’Epic Games, afin de dénoncer les règles et pratiques de l’App Store. C’est Lori Wright, vice-présidente de Microsoft en charge de l’activité Xbox, qui a décrit les conflits avec la firme de Cupertino. On apprend que l’entreprise avait alors contacté Apple, suite à l’exclusion de l’App Store, pour demander pour quelles raisons Shadow ou Netflix pouvaient proposer leur contenu tout en respectant les règles. Tout cela n’a pas été sans conséquence puisque l’offre française de cloud computing avait été évincée de l’App Store, avant d’y revenir un peu plus tard.
Pour dénoncer ces traitements de faveur et prouver l’incohérence du modèle de l’App Store, Lori Wright a également décrit le fonctionnement de xCloud, ce qui n’a pas laissé la juge sans réaction. Cette dernière a en effet déclaré : “Pourquoi Apple demanderait une application pour chaque jeu alors que je peux utiliser Netflix pour voir beaucoup de séries et de films différents ? Peut-être que vous ne vouliez pas avoir un modèle d’abonnement ?”. Lori Wright a répondu vouloir utiliser le modèle de Netflix et se plaignait donc de ne pas pouvoir suivre cette voie. Pour valider une application de cloud gaming, Apple demande que chaque jeu présent dans l’abonnement soit soumis sous la forme d’une app. C’est pour cette raison que Microsoft a récemment déployé sa web app, les souhaits d’Apple étant trop contraignants. Une web app fonctionne sur navigateur (Safari, Chrome, Edge), l’entreprise californienne ne peux donc pas imposer ses règles à ce niveau.
On voit bien que ce débat n’est donc pas une simple opposition entre Apple et Epic puisque d’autres entreprises sont appelées à la barre. Microsoft n’est pas la seule. Le géant de la musique Spotify est également venu ajouter des éléments à charge contre Apple, se plaignant de pratiques anti-concurrentielles. L’issue de ce jugement, qui devrait durer trois semaines, pourrait donc avoir des effets considérables sur le fonctionnement de l’App Store mais aussi des services similaires comme le Play Store, Steam ou le Microsoft Store.
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