Bienvenue à Hope County, Montana ! Cet Etat du Nord des Etats-Unis est principalement connu pour être une région touristique avec ses pistes de ski et ses lieux insolites. Ubisoft nous propose un autre type de tourisme dans Far Cry 5 : la chasse à la secte des Seed menée par Joseph, le Père. Après avoir retourné l’épisode 2 et 3 ainsi que le spin-off préhistorique, j’ai été peu emballé par le quatrième opus qui ne m’a clairement pas convaincu car la recette n’a tout simplement pas été bonne. Far Cry est de retour et voici ma carte postale de mon séjour au Montana après en avoir exploré tous les recoins.
Ubisoft, maître dans la création d’univers
Bien souvent je vois sur la Toile de nombreuses critiques faites à l’encontre de l’éditeur français : réutilisation des mécaniques introduites dans des productions précédentes, manque de prise de risque ou encore des produits trop bugués, sans compter les habituels downgrades graphiques. Je pense qu’au contraire, chaque jeu estampillé Ubisoft est une prise de risque de l’éditeur. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’univers créé et proposé est tellement marqué que, forcément, une tranche de joueurs sera laissée de côté. Si vous êtes réfractaires à l’Egypte, difficile de se plonger dans Assassin’s Creed Origins. Au même titre que si vous n’êtes pas friands de sports extrêmes STEEP sera rébarbatif à vos yeux.
Pour Far Cry 5 c’est exactement la même chose. Voilà l’une des raisons qui a fait que je n’ai pas accroché au quatrième épisode ou à Assassin’s Creed Syndicate, je n’ai tout simplement pas accroché à l’ambiance de ces deux titres et bien souvent on oublie, en tant que joueur, de se poser la question de l’intérêt que l’on porte au sujet traité. Trop de joueurs ont tendance à se plonger dans un titre car les critiques et avis d’autres joueurs ont été dithyrambiques. Ma vision d’un Far Cry ? Proposer une aventure totalement folle dans un univers bien particulier. Le fait que l’ambiance du Montana m’ait scotché devant mon écran n’est qu’un bonus car force est de constater que Far Cry 5 propose tout le panorama d’un monde ouvert réfléchi et cohérent. Que ce soit par son introduction marquante, le level-design de la carte, l’omniprésence de la secte d’Eden ou les missions proposées, cet épisode se démarque par le charisme de ses antagonistes et sa liberté totale d’action.
Ça ne tourne pas rond chez les Seed
Beaucoup de joueurs ont été marqués par Vaas, le grand méchant de Far Cry 3. Ces derniers ne seront pas déçus par la prestation de Joseph Seed, le grand manitou de la secte au cœur de l’intrigue et du background de Far Cry 5. Opérant dans le registre de la folie froide et conscient d’un monde qui s’écroule, le Père nous livre sa vision de la rédemption. Le but est bien évidement de lui apprendre les bonnes manières mais la structure du jeu vous fera également rencontrer Jacob, John et Faith. Les trois autres membres de la ‘famille’ Seed sont également charismatiques et leur personnalité déteindra sur les mécaniques de jeu au sein de leur région respective d’Hope County. Sans surenchère de chefs et boss par rapport à un Ghost Recon Wildlands, Ubisoft fait ici le choix d’un nombre limité de méchants mais qui marqueront sans doute à jamais votre mémoire de joueur.
Après une introduction magistrale qui m’a hérissé les poils, on se retrouve sur une petite île qui nous donne un aperçu des différentes activités proposées par Far Cry 5. Si le début est très dirigiste, le titre d’Ubisoft nous donne très vite un sentiment grisant de liberté totale. Mission principale ? Mission secondaire ? Activités annexes telles que la pêche, la chasse, la destruction de sanctuaires, la libération d’otages ? Vous êtes totalement libres de faire ce que vous voulez dans le jeu. Ubisoft scénarise le titre à travers des conversations radios avec les autres PNJ, une narration qui peut paraître légère à ceux qui aiment avoir un fil rouge, une direction précise vers laquelle aller, mais qui finalement n’est qu’au service du joueur.
On ne joue clairement pas à un Far Cry pour son scénario et le charisme des antagonistes ainsi que l’univers dépeint sont suffisamment crédibles pour nous immerger. Ce que l’on recherche avant tout c’est s’amuser et le plaisir de jeu est immédiat, non répétitif et décuplé par tout un tas de paramètres dont dresser la liste exhaustive ici serait rébarbatif. A mon sens, ce qu’il faut retenir c’est qu’Ubisoft propose de plus en plus un modèle unique dans la structure de ces productions : une pléthore de choses à faire avec des mécaniques de gameplay variées qui sont autant d’outils pour le joueur avec lesquels s’amuser. Encore faut-il que vous soyez réceptifs à ce type de démarche qui tend à se populariser, notamment avec le tout récent Sea of Thieves qui repose sur le même principe. Tenter la capture d’un avant-poste de manière totalement furtive, y aller en mode Rambo, sauter depuis ce col en wingsuit pour débarquer en plein milieu, les approches sont multiples et c’est au joueur de faire l’effort de se construire son propre chemin.
Je relance ma partie en apparaissant dans le dernier avant-poste que j’ai arraché aux mains de la Secte d’Eden’s Gate, j’ouvre ma carte et repère le lieu de la mission principale que je souhaite faire : détruire la statue du Père au sommet de la montagne située au centre de la map. Je m’aperçois qu’il y a quelques pictogrammes indiquant la présence de lieux sur le chemin, ce sera ma route pour la journée ! De bon matin, je me suis arrêté au bord de ce lac pour pêcher quelques poissons qui me rapporteront des dollars puis je suis monté dans cet hydravion pour me parachuter à quelques mètres de ce sanctuaire. Après en avoir éliminé le VIP et les quelques fanatiques, je l’explose à coup de bombe artisanale puis me rend dans ce chalet situé à mi-hauteur de ma mission principale. J’y découvre un message qui m’indique qu’une cache de survie se trouve à proximité. Après avoir résolu le petit casse-tête, je récupère mon loot puis commence la grimpette jusqu’au sommet. Avec l’aide d’un lance-roquette, j’atomise la statue, je monte au sommet de la structure encore fumante, je réalise l’objectif puis je m’élance en wingsuit au loin avant de devoir affronter les renforts. Mon compagnon d’armes arrive en 4×4, je prends les commandes de la mitrailleuse et nous sommes partis pour semer la panique et la mort chez les fidèles d’Eden’s Gate. Simple, classique, propre.
Ubisoft a semble-t-il compris les reproches qui étaient fait aux précédents épisodes et a rendu ce cinquième épisode beaucoup plus imprévisible avec tout un tas d’événements aléatoires qui peuvent survenir à tout moment. Les synergies sont intéressantes et je n’ai pas eu l’impression de vivre un copier / coller de situations. Que dire de ces moments où l’on sauve un PNJ d’une bande de rednecks avant d’engager la conversation avec ce dernier pour en apprendre plus sur la région tandis qu’un grizzly surgit de derrière un arbre et se met à le déchiqueter sans ménagement… Cette surcharge d’événements aléatoires fonctionne terriblement bien si vous errez sans but dans l’openworld du titre mais tend à devenir parfois lourd quand vous voulez simplement rejoindre le lieu d’une mission sans devoir tuer 50 ennemis qui débarquent de partout en avions, hélicoptères ou véhicules terrestres.
Une véritable carte postale
Chaque épisode de Far Cry a été synonyme de claque visuelle et ce n’est pas Far Cry 5 qui va rompre avec la tradition. Waouw. Voilà comment on peut résumer les panoramas offerts au sommet de pics rocheux, les différents lieux modélisés par les équipes d’Ubisoft, les effets météorologiques, les explosions, les textures, etc. Quelques égarements techniques sont toujours à signaler mais cela représente quelques gouttes de peinture au milieu d’un océan sublime qui ne viendront nullement gâcher votre ressenti général. Encore une fois c’est la diversité qui émane des différents environnements proposés qui est riche pour l’expérience, la direction artistique est sublimée par le talent créatif des équipes d’Ubisoft pour faire des univers cohérents. Il n’y aura guère que quelques reflets sur certains lacs en fonction de votre angle et de la luminosité qui gêneront certains et des textures un peu baveuses dans des coins perdus du Montana.
Du point de vue de la finition, Far Cry 5 souffre de quelques bugs de collision qui peuvent être gênants pour l’expérience, notamment vos compagnons qui peuvent se retrouver coincer dans des véhicules en position debout sans que l’on puisse faire quoique ce soit hormis choisir la ‘mort’ de ces derniers.
La Xbox One X se permet également le support de la 4K Ultra HD et accompagne sa petite sœur, la Xbox One S, avec le support de la HDR. Quiconque à jouer à Assassin’s Creed Origins peut d’ores et déjà préparer une nouvelle clé USB pour faire de la capture en veux-tu en voilà.
Ce serait dommage d’être seul !
Far Cry 5 ne se savoure pas en loup solitaire, même en solo ! L’un des principaux aspects du titre est de proposer un panel de 9 personnages (allant du cougar Pêpêche à l’ours en passant par une spécialiste de la discrétion ou un taré équipé d’un fusil à pompe inflammable) dont la rencontre sera suivie d’une quête à l’issue de laquelle vous pourrez choisir le personnage comme compagnon de jeu. Une compétence au sein de l’arbre dédié permet même d’en avoir deux. La simplicité du système d’ordre (me suivre, aller là-bas, attaque cet ennemi) se suffit à lui-même car l’IA s’adapte plutôt bien à votre façon de jouer selon que vous soyez furtif ou un adepte des films de Schwarzenegger. Cet aspect répond assez bien à l’esprit du titre : libérez le Montana du joug d’Eden’s Gate puisque d’heures en heures de jeu on a véritablement l’impression d’avoir à notre disposition une armée de bras pour aller taper du redneck à coup de batte de baseball ou de pelle.
L’autre feature présente est bien entendu la possibilité de jouer en coopération avec un ami. Ce dernier rejoint votre partie sur simple invitation ou à tout moment sans crier gare si vous avez coché l’option dédiée. Votre ami remplacera alors l’un de vos deux compagnons d’aventure (le jeu vous laisse le choix) et sera surtout présent en guise de soutien. Sans réelle contrainte, la tâche est relativement ingrate pour l’invité car la progression ne sera pas sauvegardée pour lui par rapport aux missions, lieux découverts, etc. En compensation, il gardera tout l’argent, magazines de talent, armes, et autres découvertes cosmétiques dans sa partie. Finalement, c’est un avantage si vous êtes plutôt du genre à donner des coups de main à droite et à gauche puisqu’un jour vous aurez à nouveau la possibilité de faire Far Cry 5 sans avoir à vous demander pourquoi telle quête est validée alors que d’autres non. La coopération est donc un moyen comme un autre de s’amuser dans le jeu et il faut vraiment voir cet aspect comme une feature sympathique mais non indispensable.
L’Arcade, le porn-gaming des créateurs
Vous pensiez en avoir fini avec ce test interminable ? Et bien non. J’en viens désormais à une partie qui me fait tellement plaisir en tant que joueur car je suis particulièrement sensible au processus de création quel qu’il soit et même au-delà du domaine du jeu vidéo : j’ai nommé l’Arcade. Derrière ce nom barbare se cache à la fois du contenu communautaire à travers les bornes disposées dans l’openworld et l’éditeur de niveaux.
Si vous êtes un joueur qui n’aime pas passer un nombre hallucinant d’heures dans les éditeurs, pas de panique. Un système de tri permet de rapidement trouver un niveau qui vous semble intéressant via les filtres de pertinence, de modes de jeu, de popularité ou simplement en vous laissant aller avec un choix aléatoire. Vous gagnerez de l’expérience en terminant les niveaux, celle-ci sera même doublée si vous privilégiez les créations récentes à la qualité parfois douteuse. Comme tout contenu communautaire, on trouve de tout : du niveau complètement bugué avec 1856 ennemis à tuer, des trucs visuellement proches du dégueulasse, des séquences funs, et bien entendu des petites perles qui seront bientôt mises en avant par Ubisoft. Le potentiel est énorme et après une semaine à parcourir les créations des joueurs on trouve des choses vraiment très agréables à jouer.
Cela en raison bien évidemment de l’éditeur de niveaux qui permet à peu près toutes les folies. On fera toujours mieux avec des mods mais Ubisoft a su allier avec brio simplicité d’utilisation via des menus radiaux, un contenu gargantuesque, des options sympathiques et une limite de taille acceptable pour réaliser nos fantasmes les plus fous. J’ai passé des dizaines d’heures sur l’éditeur de Far Cry 2, je ne vois aucune raison de ne pas en passer des centaines sur celui de Far Cry 5.
C’est également par ce fameux mode Arcade que nous pouvons accéder aux parties multijoueurs qui sont hébergées sur des cartes créées par Ubisoft ou par les joueurs avec des modes tout aussi variés. Les affrontements mettront en scène un maximum de 12 joueurs dans des parties endiablées. Ce n’est toutefois clairement pas le cœur du jeu et si les multijoueurs d’un Battlefield ou d’un Call of Duty sont des machines de guerre dans le domaine du FPS ce n’est pas par hasard. Que ce soit par manque de confiance dans leur capacité à créer du multijoueur compétitif ou pour coïncider avec cet état d’esprit de proposer une totale liberté de création à la communauté, je pense qu’Ubisoft aurait dû proposer des playlists claires et précises pour cet aspect du titre.
Conclusion
Far Cry est de retour et s’impose avec ce cinquième épisode comme un opus incontournable. Il n’aura jamais été aussi facile pour nous, joueurs, de prendre du plaisir en s’adonnant à notre passion. Avec Far Cry 5, Ubisoft marque l’industrie de son style : un openworld cohérent, addictif et immersif n’attend que vous pour mettre une raclée à la famille Seed.
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