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Dangers des écrans sur les enfants : Et les jeux vidéo ?

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Par Koubiwan, orthophoniste gamer, père de deux enfants de 9 et 6 ans. L’équipe Xboxsquad m’a gentiment proposé cette tribune pour partager mon point de vue sur les jeux vidéo et les écrans en raison de ma profession d’orthophoniste. J’ai accepté volontiers mais avant de me lancer dans cet exercice, je tiens à préciser que j’ai veillé à simplifier les propos afin qu’ils soient compréhensibles par tous.  

Tous les chats sont gris

Avant d’aborder le sujet spécifique des jeux vidéo, il nous faut partir d’un fait et le développer un minimum pour en comprendre les tenants et les aboutissants : Oui, les écrans sont nocifs. Ils le sont particulièrement pour nos enfants en dessous de 6 ans et surtout en dessous de 3 ans. Le professionnel de santé que je suis conseille même quotidiennement aux parents d’éviter tout écran avant cet âge. Cela peut paraître excessif mais il y a des bonnes raisons à cela. Lesquelles ? 

Lorsque votre enfant est devant un écran, quel qu’il soit, cela réduit considérablement les interactions avec son entourage et son environnement. Or un enfant se construit dans ces interactions tant au niveau orthophonique (langage, lexique, logique, raisonnement, etc…) psychomoteur, neurologique, orthoptique que psychologique, entre autres. Mais j’évoquerai essentiellement mon champ de compétence : l’orthophonie. Inévitablement, en tant qu’orthophoniste, je n’insisterais jamais assez sur l’importance du langage, véritable clé de voûte des apprentissages.  

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Justement, sur le plan langagier, un enfant apprend à parler à travers les échanges avec ses parents, sa famille, pas en regardant Pat’ Patrouille! Quand votre enfant pointe du doigt un chat du quartier se promenant dans votre jardin, comment réagissez-vous ? Simplement en étayant ce qu’il voit. « Ho ! tu as vu ce gros chat gris !? Il marche dans le jardin. Il est coquin car ce n’est pas sa maison, ici ! », par exemple. Et bien évidemment c’est une réponse parmi des milliers possibles.

Ce sont justement ces milliers de réponses possibles qui nous intéressent, qui vont enrichir les capacités de votre enfant à exprimer, jour après jour, de façon plus précise sa pensée, grâce au vocabulaire et aux constructions syntaxiques que vous lui aurez apportés auparavant. Or cette flexibilité langagière, cette interaction, cet enrichissement lexical et syntaxique, vous ne l’aurez jamais via quelconque dessin animé ou émission. Et d’ailleurs, il ne verra sûrement pas passer le chat dans le jardin…une bonne occasion ratée !  

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Tu peux plier la cuillère Neo… mais pas la faire tenir sur sa pointe !

Un autre point intéressant à développer est la logique et le raisonnement. Sur le plan du raisonnement et de la logique, comment se construit-il ? A travers les expériences. Petits, nous avons été confrontés à des situations, des expériences que nous avons essayées plusieurs fois, avec différents objets et nous en avons tiré une règle générale. Ces règles générales, par la suite, nous les recoupons entre elles et elles nous permettent d’anticiper, déduire d’autres règles et/ou de réfléchir face à des situations nouvelles en puisant dans nos acquis.

Un exemple d’expérience : comment savons-nous, vous et moi, qu’un objet pointu ne peut tenir sur la pointe ? Parce qu’on nous l’a dit ? Non. Je pense que nous avons tous essayé de faire tenir un stylo sur la pointe, non ? Puis une fourchette, un crayon de couleur…ou que sais je ! Et une fois que nous n’avons réussi à ne faire tenir aucun de ces objets, qu’avons nous conclu implicitement ? Un objet pointu ne peut tenir sur la pointe. Bingo ! Et ce genre d’expérience, un enfant doit en faire des tonnes pour assimiler les règles physiques du monde qui l’entoure et se construire une logique basée sur celles-ci.

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Et vous l’aurez compris, un enfant devant un écran passera à côté de ces expériences possibles puisqu’il ne suffit pas de nous le dire, il nous faut les vivre. Cela va peut-être vous paraître stupide mais il me semble qu’on a tous entendu petits que « le feu, ça brûle » mais qu’on a voulu vérifier par nous-même, non ? Voilà, le principe. Nous ne pouvons intégrer réellement les expériences, les lois physiques, les règles qui nous entourent que si nous les vivons, tant qu’elles ne sont pas trop dangereuses ! 

Bien évidemment, ce ne sont que des exemples succincts de ce que doit vivre un enfant pour se développer sereinement. Les exemples permettant de développer la notion de quantité, le dénombrement, les volumes, les propriétés physiques des matériaux, des fluides, etc… pourraient être tellement nombreux qu’il serait impossible d’en faire une liste exhaustive. Le but ici n’est autre que vous compreniez le principe et les enjeux, prioritairement le langage. Donc, oui, avant 6 ans, un enfant a un million de choses à faire bien plus importantes que de regarder un écran. 

Attention à l’attention

Afin d’aller plus loin, installé en zone campagne depuis plus de 15 ans et ayant vu évoluer les demandes au fil des années, de plus en plus nombreuses, on observe souvent la même origine : le langage oral et/ou le lexique et/ou la logique et/ou l’attention.  

Ce dernier point, l’attention, va nous permettre une parfaite transition vers les jeux vidéo. Mais quelques mots sur l’attention d’abord.  

« La génération zapping ». Vous avez sûrement déjà entendu cette expression pour décrire toute une génération d’enfants incapables de rester concentrés sur une activité plus de quelques minutes. On emploie même souvent le terme d’« hyperactif » car souvent ces enfants sont incapables de rester en place. On parle en fait de TDA-H : Trouble Déficitaire de l’Attention avec ou sans Hyperactivité.

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Illustrations association Lache ton écran

Ce trouble peut être une véritable plaie car il faut l’imaginer comme une cloche venant recouvrir l’ensemble de vos compétences et pouvant les altérer à tout moment car vous êtes en incapacité de vous concentrer alors. Pire, il empêche souvent tous les jours à certains enfants de rester concentrés efficacement à certains moments de la journée durant plusieurs heures. La réponse est la rééducation et/ou le traitement médicamenteux…on a vu plus enchantant. Comme je le dis souvent, c’est le mal du siècle de nos enfants. Les services neuropédiatriques débordent de demandes de rendez-vous à ce sujet. Et ne cherchez pas trop loin l’un des principaux coupables de ce phénomène : l’écran. Oui, encore lui. Mais pourquoi ? 

Sans rentrer dans les détails de toutes les formes d’attention, deux d’entre elles nous intéressent ici particulièrement : l’attention endogène en opposition à l’attention exogène.  

  • L’attention endogène : les processus d’attention sont contrôlés et dirigés par l’individu, c’est-à-dire que l’attention est un acte volontaire vers un objet, une activité. C’est cette attention que l’on sollicite lors des apprentissages, quand l’enfant fait « l’effort » de rester concentré. 
  • L’attention exogène : contrairement à l’endogène, l’attention est sollicitée par un stimulus extérieur, ne demandant ainsi aucun effort de la part de l’individu. Et c’est notamment le cas de l’image télévisée qui va stimuler votre attention sans que vous n’ayez à fournir quelconque effort.

Pour illustrer la différence entre ces deux attentions, j’aime bien poser la question suivante : à votre avis, vous retiendrez plus facilement des choses en lisant un livre sur un sujet ou en regardant un reportage à la télé ? La réponse sera évidente. Le fait d’être dans une démarche active, de vigilance, vous fera alors bien mieux apprendre que si vous êtes dans une démarche passive. Et c’est là tout le risque des écrans : habituer les enfants à être passifs cognitivement et être incapables de solliciter leur attention quand elle est nécessaire, voire indispensable.  

Et les jeux vidéo alors ? T’es lourd là !

Ainsi, sur ce point, selon moi, les jeux vidéo se différencient. Il est aisé de comprendre que lorsqu’on joue, nous restons alertes, vigilants à ce qu’il se passe sur l’écran et que toute perte de vigilance, de concentration entraîne quasi systématiquement une perte de partie.  

Alors certains lecteurs pourraient facilement dire que de toute façon, sur un site spécialisé de jeux vidéo, on ne va pas dire le contraire. C’est certain que le joueur que je suis depuis 1987 aurait tendance à défendre un de ses loisirs préférés…mais là aussi, il faut être clair sur un point : le jeu vidéo ne doit jamais prendre le pas sur le reste. Je ne vous dirais jamais qu’une sortie extérieure familiale, un jeu de société, une partie de foot ou quelconque moment partagé seront à sacrifier au bénéfice du vidéoludisme. Tout est une question de dosage et aussi, voire surtout, une question du comment. Car le tout n’est pas d’être uniquement actif. 

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Pour faire court, moins vous laisserez votre enfant seul devant un jeu vidéo, mieux ce sera. Rien de tel qu’une partie à deux ou plus pour permettre de créer des situations riches tant sur le plan du langage comme évoqué plus haut, que de la relation et de la complicité. De plus, on peut en profiter pour leur montrer qu’on peut perdre tout en se marrant. Un vrai plus dans la vie ! Et même si vous ne jouez pas avec lui, intéressez vous à ce qu’il fait, pourquoi, comment. Bref, ne le laissez pas seul. 

Désormais, on va rentrer un peu plus en détail dans l’univers du jeu vidéo. Je ne vais pas vous dire ce qu’est un bon jeu ou non mais j’aimerais attirer votre curiosité de ce que sollicite chacun des jeux auxquels vos enfants jouent. La clé est là ! 

Les différences entre chaque jeu peuvent être énormes : FPS, TPS , aventure, RPG , action, narratif, plateforme, course, sport, puzzle game, stratégie tour par tour, MMO, survival, infiltration, BTA, rogue like, hack n slash, RTS, etc. Bref, je ne vous apprends rien ! Mais si vous vous arrêtez sur chacun d’entre eux, je pense que nous serons vite d’accord qu’ils ne sollicitent pas tous les mêmes compétences : réflexes, précision, anticipation, planification, déduction, coordination, patience, persévérance, etc. C’est cela qui doit être avant toute chose réfléchi avant de proposer un jeu à son enfant, adapté à son âge cela va de soi !  

S’amuser ensemble

C’est la raison pour laquelle je n’hésite pas quotidiennement à conseiller aux parents de laisser leurs enfants jouer aux jeux vidéo mais en privilégiant certains genres particulièrement en lien avec ce qui est nécessaire de travailler. Par exemple, dans le cadre de troubles de la lecture, je leur suggère que l’idée de jouer aux RPGs n’en est pas une mauvaise dans la mesure où leur enfant sera amené à lire des dialogues, des quêtes, des menus, etc.  

Mais si vous me permettez une petite digression pour un autre exemple : la console qui trône au milieu de mon salon n’est pas la Series X mais une Xbox 360 avec Kinect. Le Kinect est une pépite pour les jeux en famille, en particulier les jeux de sport. Le « petit » peut jouer aussi bien que sa sœur, et c’est madame qui met des piquettes aux autres ! ^^ Moi ? Bon, je me résigne à être bien meilleur une manette à la main et entre nous, j’aurais bien quelques remarques à faire sur la précision du matériel…comment ça, mauvaise foi ?

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Blague à part, au delà du fait qu’il est aisé de comprendre que ces jeux peuvent être bénéfiques sur le plan moteur, à quel moment peut on fustiger ce genre de parties en famille ? Qui n’a pas des souvenirs entre potes ou frangins de parties endiablées ? Soyons sérieux quelques secondes ! Le jeu vidéo permet des moments de partages forts et de vrais moments de complicité. Il doit juste être réfléchi en amont et vous devez savoir ce que vous mettez entre les mains de vos enfants.  

En conclusion, loin de moi l’idée d’avoir fait le tour de la question de façon exhaustive sur la problématique des écrans mais j’espère vous avoir donné des clés de réflexion des enjeux qui sont pour certains absolument primordiaux pour le développement de vos enfants. Le jeu vidéo peut bien évidemment faire partie de la vie de famille mais cela doit être fait toujours en étant objectif sur ce que vous offrez à votre enfant à côté pour son épanouissement et développement personnel. Le jeu vidéo ne doit jamais prévaloir sur l’essentiel mais il me semble que l’univers vidéoludique est suffisamment riche pour que l’on puisse trouver des jeux intéressants ET funs sans que nous ayons à culpabiliser d’y jouer!  

N.B : Mes DM sont ouverts sur Twitter pour qui veut. Je répondrai à vos questions avec plaisir.  

Koubiwan

Et pour essayer de vous accompagner du mieux possible, voici une brève liste de titres qui peuvent se prêter à la pratique du jeu vidéo en famille. À adapter selon l’âge :

  • Human Fall Flat
  • Tetris Effect
  • Zoo Tycoon
  • Rush : A Disney Pixar Aventure
  • Minecraft Dungeon
  • New Super Lucky’s Tale
  • Lonely Mountains : Downhill
  • It Takes Two
  • Rare Replay
  • Overcooked
  • Townscaper
  • Unravel
  • My Time At Portia
  • Bridge Constructor Portal 
  • Outer Wilds
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