Jamais sorti et pourtant mythique, Scalebound n’a de cesse de refaire parler de lui régulièrement. Pour rappel, cet action-RPG qui devait être créé par PlatinumGames en tant qu’exclusivité Xbox à paraître en 2017 est une idée qui n’a jamais été concrétisée. Passé malheureusement de rêve à trépas, le projet a connu de nombreux déboires quant aux relations entre les différentes parties, menant à l’annulation pure et simple de sa sortie. Véritable traumatisme pour bon nombre de joueurs, les responsabilités et points de divergence n’ont jamais été clairement explicités. Difficile de passer une année sans que ce serpent de mer ne vienne titiller l’actualité. Et c’est ce qui arrive aujourd’hui alors que dans une interview accordée à IGN Japan, et retranscrite par VGC, les dirigeants du studio tendent la main à Phil Spencer…
Un contexte aujourd’hui différent
En premier lieu, il est important de noter que de l’eau a coulé sous les ponts depuis l’échec cuisant dont nous parlons. La marque Xbox a, en effet, changé son fusil d’épaule grâce à Phil Spencer et semble devenir dorénavant respectée et observée quant à sa vision pour le futur du jeu-vidéo. PlatinumGames a vu récemment sa présidence changer, puisque l’emblématique Hideki Kamiya en est devenu vice-président, Atsushi Inaba prenant alors la tête de l’entreprise à la place de Kenichi Sato.
Ce dernier est alors celui par qui le dossier Scalebound est posé sur la table, n’hésitant pas à citer celui qui en était le chef de projet à l’époque :
Kamiya a toujours voulu faire Scalebound. Donc nous souhaiterions avoir une discussion sérieuse avec Microsoft.
L’actuel vice-président saisit alors la perche pour insister :
Nous avons beaucoup travaillé, et il ne sert à rien pour Microsoft de le garder dans sa forme actuelle. Donc nous aimerions en faire quelque chose. Phil ! Faisons-le ensemble !
En plus de ses nombreuses qualités, l’actuel Président de Microsoft Gaming pourrait-il avoir la faculté de ressusciter les projets enterrés ? La phrase peut avoir de quoi surprendre alors que plus personne n’attend réellement une quelconque renaissance du titre. Cependant, cela fait écho à certaines récentes déclarations qui reconnaissaient la responsabilité du studio Japonais vis-à-vis du fiasco que nous évoquons.
Quand Kamiya fait son mea-culpa
Jusqu’alors peu loquace et encore moins précis sur le sujet, une vidéo datant de novembre a été l’occasion de s’épancher sur ce qui a pu mener Scalebound directement aux oubliettes :
J’aime les mondes de Fantasy depuis que je suis enfant. J’ai toujours voulu créer quelque chose sur ce thème. C’est ainsi que j’ai imaginé un univers dans lequel un jeune garçon se battait aux côtés d’un dragon. Cependant, c’était un sacré défi pour PlatinumGames. On travaillait dans un environnement auquel nous n’étions pas habitués. Nous développions sous Unreal Engine, nous n’avions pas non plus le savoir-faire concernant la construction d’un jeu basé sur des fonctionnalités online. Les obstacles que nous devions franchir étaient conséquents. Nous n’étions pas assez expérimentés et n’avons pu franchir ce mur, ce qui a mené à la situation que nous connaissons.
En plus d’évoquer le fait que le studio n’était, à ce moment de son histoire, pas taillé pour un projet aux telles caractéristiques, Kamiya va plus loin en présentant personnellement ses excuses :
Je présente mes excuses, non seulement aux joueurs qui attendaient le jeu, mais aussi à Microsoft qui nous avait accordé sa confiance en s’associant avec nous. Je veux m’excuser aussi bien en tant que créatif qu’en tant que membre de PlatinumGames.
Il aurait été très difficile d’imaginer cela il y a encore cinq ans, mais cela ressemble fortement à un premier pas sur le chemin de la réconciliation. Cette dernière pouvant par ailleurs rentrer dans les nouveaux plans du studio basé à Osaka.
Changement de stratégie pour PlatinumGames ?
Véritable usine à pépites, le studio a réussi à concrétiser, malgré la plaie Scalebound, bon nombre de titres que beaucoup placeraient au panthéon du jeu-vidéo. Aujourd’hui incontournable sur la scène vidéoludique, il semblerait néanmoins que cela ne suffise pas au président fraîchement arrivé. Fort d’une collaboration avec l’entreprise chinoise Tencent, Inaba déclarait ce mois-ci au magazine Famitsu qu’il souhaitait que ses équipes se lancent dans des projets de plus grande envergure.
Est-ce que cette tentative de rapprochement avec Microsoft serait dans le but de rentrer dans cette stratégie ? Il est vrai que le géant américain a montré, à travers les différents rachats de studios et éditeurs, qu’il avait une certaine appétence pour des jeux de belle ampleur. C’est toutefois sans prendre en compte la réponse catégorique que Phil Spencer a pu formuler, il y a peu de temps, à propos d’une remise sur les rails du projet qui devait lier les deux entreprises. A moins que les demandes insistantes de PlatinumGames ne fassent réfléchir le papa du Game Pass ?
A quoi s’attendre ?
Pour être franc, qui peut toujours croire à une arrivée de Scalebound sur nos consoles ? A moins que les développeurs aient continué de travailler dessus en secret, difficile de penser que la technique soit conforme aux standards de 2022, et encore moins à l’exigence des joueurs. De plus, les Xbox Game Studios sont en passe de devenir suffisamment nombreux pour que Microsoft n’ait définitivement plus besoin de faire appel à des entreprises extérieures pour créer des jeux.
Du côté de PlatinumGames, on peut se demander pourquoi faire une telle demande de discussion alors qu’il a déjà en Tencent un poids lourd à ses côtés. Peut-être que ce partenariat n’est pas aussi intéressant que ses dirigeants l’auraient souhaité ? A moins que cela soit juste une manière de faire savoir qu’ils sont désormais prêts à travailler différemment ? Il est vrai que cette sortie médiatique serait susceptible d’intéresser certains éditeurs qui pourraient passer commande de nouveaux titres.
Même si rien n’est impossible, on trouvera triste que nos cœurs de joueurs soient mis à l’épreuve chaque fois que le marronnier de cette bérézina vidéoludique est secoué. On retiendra néanmoins quelques bonnes choses. D’une part, Phil Spencer fait vraiment l’unanimité partout. D’autre part, PlatinumGames semble décidé et prêt à passer un cap.
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