Quelques mois seulement après l’arrivée de Judgment sur Xbox Series (testé dans nos colonnes ici), Ryu Ga Gotoku nous propose le deuxième épisode de la série dérivée de Yakuza. Et cette fois, la Xbox One n’est pas boudée, le titre sortant sur les deux générations. C’est avec un plaisir non-dissimulé que je me lance une nouvelle fois dans une enquête menée par Takayuki Yagami et ses acolytes.
Les faits, rien que les faits
Pour résumer la série des Judgment en quelques mots, c’est un mélange de jeu d’enquête, d’arts martiaux, des scènes cinématographiques et très bavardes, et un soupçon de thriller et de mystères. Ce deuxième épisode démarre avec le procès d’un ancien officier de police accusé d’agression sexuelle. Rien qui sort de l’ordinaire jusqu’à ce qu’un autre crime lié à cette affaire, qui s’est déroulé au même moment, ne soit découvert. Une intrigue qui fera la part belle aux rebondissements et qui traitera de la justice et de ses faiblesses. On y trouvera également des situations à suspense, des moments touchants et sa pointe d’humour si particulière. Même si le titre n’échappera pas à quelques grosses ficelles scénaristiques et des passages un poil embarrassants.
On se retrouve en terrain connu. En terme d’interface, quasiment rien n’a changé depuis le premier épisode. Et pour ceux qui découvrent la série avec Lost Judgment, tout est clairement expliqué en douceur pendant les premières heures de jeu. Entre les différents personnages et les événements passés, la maniabilité et les différentes fonctionnalités, il aurait été facile de s’y perdre. Heureusement, ça n’est pas le cas ici. De plus, on dispose toujours d’un récapitulatif des affaires en cours, histoire de ne rien oublier.
« Maîtresse, oh ma maîtresse ! »
C’est avec un réel plaisir que j’arpente à nouveau la bourgade de Kamurocho, ses rues animées et son ambiance atypique. Histoire de ne pas se lasser (surtout seulement quelques mois après avoir découvert le premier volet), une nouvelle zone a fait son apparition : Ijincho. Les fans de Yakuza remarqueront qu’il s’agit du lieu où se déroule l’action de Like a Dragon. Un peu plus grande que la première, on se retrouve avec un terrain de jeu doublé ! Son point d’intérêt notable est la présence du lycée Seiryo, qui sera au centre de l’histoire. Il sera aussi le théâtre de quêtes spéciales appelées « intrigues du lycée ». Une dizaine de clubs seront ainsi accessibles. Au programme : placer quelques pas de danse (au risque de frôler le ridicule), participer à des combats de robots, faire de la boxe, se la jouer biker ou skater… Bref, c’est chargé et varié !
Ce changement de cadre permet par ailleurs à Lost Judgment de traiter de sujets forts et sérieux qui n’avaient pas encore été abordés dans la série, comme le harcèlement scolaire. Aussi étrange que cela puisse paraître, une affaire secondaire mettra également en lumière le crunch dans le domaine du développement de jeu vidéo. Malheureusement, si certains thèmes abordés sont importants et d’actualité, il est d’autant plus dommageable de constater que certains clichés ont la peau dure. Je pense notamment à l’image de la femme dans la société, qui a encore quelques représentations péjoratives dans l’aventure (oui, c’est notamment à toi que je m’adresse, la « femme-ninja »).
Les affaires secondaires seront d’ailleurs le prétexte parfait pour revoir la quasi-totalité les personnages croisés dans Judgment. Si la façon de faire est assez maladroite et avec de grosses ficelles, il est quand même plaisant de revoir ces visages connus (et moins connus).
« Je n’ai jamais vu quelqu’un distribuer autant de pains à la fois ! »
Là où Judgment vous faisait parfois parcourir des bâtiments entiers en tatanant tout ce qui s’y trouve, ce nouvel opus impose à quelques reprises une approche discrète. Malheureusement, ces phases d’infiltration sont trop dirigistes et répétitives pour valoir le coup. En effet, les zones intermédiaires à atteindre sont clairement indiquées et obligatoires. Les seules autres actions seront de détourner l’attention d’un ennemi (idiot) en envoyant de l’argent par terre ou une fumigène en pleine face. Bref, aucune liberté pour ces phases de gameplay qui auraient pu être bien plus travaillées.
Pour ce qui est des combats, une nouvelle posture a été ajoutée à celles de la Grue (esquive et mobilité) et du Tigre (style équilibré) : le Serpent, qui privilégie les contres. Les actions EX, dont l’utilisation dépend de la jauge associée, sont toujours présentes et spectaculaires. Une toute nouvelle panoplie de mouvements spéciaux a été ajoutés, histoire de ne pas bouder notre plaisir. Les combats sont, une fois de plus, percutants et ne laisseront derrière eux que désolation, surtout en intérieur. À noter que les traces de sang laissées parfois sur les murs après votre passage sont plus réalistes que jamais. Exit aussi les dégâts définitifs, une bonne chose car c’est l’un des points que je n’avais pas aimé dans le précédent opus.
Les affrontements aléatoires dans le monde ouvert sont toujours présents, même un peu trop. Cette fois, les ennemis sont indiqués plus clairement, ce qui permet de les éviter plus facilement. Car en effet, si au début, je n’hésitais pas à faire parler mes poings et mes pieds, la lassitude m’a poussé à esquiver tous les voyous qui traînaient dans la rue. J’ai même trouvé dommage que, scénaristiquement, trop de situations se résolvaient avec une baston. D’accord, le système de combat est plaisant et efficace, mais j’ai senti une surabondance non-justifiée.
Des nouveautés pas si perdues
Lost Judgment bénéficie de nombreux petits ajouts qui améliorent le confort de jeu. Comme, par exemple, la possibilité d’appeler un taxi directement depuis son smartphone, plutôt que d’aller à l’un des points précis sur la carte. Ou encore celle de se déplacer en skateboard sur les routes, pour réduire les temps de trajet. Utile pour les radins comme moi, qui ne veulent pas dépenser leur argent dans les taxis ! Les filatures sont de retour, et sont toujours aussi soporifiques malgré les quelques ajouts. Je pense à la possibilité de se fondre dans le décor, par exemple.
Des phases de parkour ont été ajoutées, où Yagami devra escalader divers obstacles pour se rendre à une destination précise. Pour réussir, il faudra enchaîner les actions sans que la jauge d’adhérence ne se vide et sans chuter, sinon, retour au point de départ. Les courses-poursuites, quant à elles, ont été remaniées. Dorénavant, votre endurance diminue au fur et à mesure. Le premier qui n’en a plus perd. Il est possible d’en récupérer en réussissant les QTE ou en ramassant les éléments de soin au sol. Certains objets qui traînent pourront parfois servir de projectiles à l’aide d’un coup de pied bien placé. Si dans l’ensemble, c’est une bonne chose que cet aspect ait été amélioré, je ne peux que déplorer le fait que ces courses-poursuites se soient, au final, transformées en course. Comprenez par-là que tant que la santé de l’adversaire ne tombe pas à zéro, il empruntera le même parcours en boucle, avec les mêmes obstacles aux mêmes endroits…
Pas de Ranpo pour les braves
Parmi les autres nouveautés de cet opus, un système d’équipement qui lorgne du côté des RPG. Un mode « Épreuve » fait également son apparition : 24 défis à la difficulté corsée vous seront proposés. La première fois que vous les réussissez, vous repartez avec un objet rare. Des malus seront ajoutés à chaque mission qui se débloqueront au fur et à mesure de votre progression dans l’histoire. Vous aurez aussi la possibilité de faire appel à Ranpo, un chien détective qui vous sera bien utile lors de vos enquêtes (et qui est bien trop beau, il faut l’avouer).
Lors de rares dialogues, vous pourrez effectuer des choix, parfois limités dans le temps, qui n’ont malheureusement que peu d’influence. Certains afficheront même une jauge qui correspond à l’intensité de votre réponse. Plus elle est remplie, plus vous y mettez d’entrain. C’est vraiment une idée originale qui est la bienvenue, malheureusement bien trop peu utilisée et au final anecdotique.
Enfin, Hidenori Shoji est toujours aux manettes en ce qui concerne les musiques. On retrouvera les thèmes marquants de Judgment, mais aussi de nouvelles compositions de qualité, qui, à nouveau, confèrent au titre cette atmosphère si particulière. Une ambiance parfois jazzy, parfois très sombre, qui sait également partir dans une direction plus légère, surtout lors des quêtes annexes.
Yagami, le grand frère
Lost Judgment est très généreux en terme de contenu. Outre une histoire passionnante qui se boucle en une trentaine d’heures, on y trouve une cinquantaine d’affaires secondaires, des tas d’activités annexes à la qualité variable, 184 aptitudes à débloquer… La liste est longue. En terme de mini-jeux, le titre reprend ce qui avait fait par son prédécesseur (courses de drones, base-ball, fléchettes…). Il y ajoute de l’inédit, dont un twin-stick shooter que j’ai fortement apprécié. En 35 heures de jeu, j’ai pu terminer le scénario principal et compléter le quart du contenu annexe du jeu. Pour ceux qui visent les 100%, comptez facilement une centaine d’heures.
Mais malgré cette importante dose de nouveautés, j’ai quand même eu le sentiment que Lost Judgment peinait à se différencier de son aîné. Ses graphismes n’ont que peu évolué et l’on retrouve toujours la même structure de progression. Alors, certes, on pourrait se dire « pourquoi changer une formule qui marche ? », mais oser s’aventurer dans de nouvelles directions aurait pu s’avérer payant. Un peu comme Yakuza – Like a Dragon, qui a su réinventer tout son système de combat. Au final, on a un enrobage encore plus généreux, mais le cœur reste fondamentalement le même.
Comme pour Judgment, les voix peuvent être en japonais ou en anglais, et le français fait partie des langues disponibles pour les textes. Et heureusement car il y a de quoi lire dans cette suite ! Les personnages sont sacrément bavards, même un peu trop. Beaucoup de dialogues n’ont pour utilité que pour rappeler un événement qui s’est passé dans les heures précédentes ou pour bien s’assurer de la compréhension du joueur. Cela part d’une bonne intention, mais rend certains passages un peu soporifiques. J’ai d’ailleurs trouvé que le rythme de l’intrigue était un peu moins maîtrisé. On passe de ces chapitres trop textuels à d’autres, remplis d’action, où l’on n’a pas le temps de souffler une seule seconde.
Conclusion
Après avoir découvert le premier épisode il y a quelques mois, j’attendais avec impatience ce Lost Judgment. Même si la surprise de la découverte n’est plus au rendez-vous, il est loin d’être décevant. Offrant une histoire cinématographique prenante et très bien écrite, un nouveau terrain de jeu, ainsi que d’innombrables activités annexes et mini-jeux, on ne peut pas dire qu’il ne fait pas dans la générosité. Mais il n’est pas exempt de défauts. Outre les combats beaucoup trop présents, et quelques nouveautés mal exploitées, je dois avouer qu’il ne se démarque pas assez du précédent opus. La nouvelle aventure de Yagami reste quand même incontournable pour tous les fans du studio Ryu Ga Gotoku, et les autres.
DLC : The Kaito Files
Cette extension reprend la recette du jeu de base, en la saupoudrant de quelques nouveautés. Dans les combats, les postures d’origine ont été remplacées par deux nouvelles, dont une, le Tank, particulièrement jouissive puisqu’elle permet par exemple de récupérer automatiquement les objets à portée. Dans le mode enquête, Kaito utilisera ses sens (notamment l’ouïe et l’odorat) pour trouver des indices et autres objets cachés.
Pour ce qui est de l’histoire, elle se déroule après les événements de Lost Judgment. Pendant l’absence de Takayuki Yagami, c’est Masaharu Kaito qui tient l’agence. Et lorsqu’une affaire de disparition aurait un rapport avec des événements s’étant déroulés une quinzaine d’années plus tôt, il va devoir mener l’enquête, s’étalant sur quatre chapitres.
Si l’histoire est plaisante à suivre et permet d’approfondir le personnage de Kaito, il est dommage de n’avoir pratiquement aucune activité annexe. Surtout lorsque Lost Judgment proposait une pléthore de contenu. De plus, le tarif de cette extension est bien trop élevé : 30 euros pour une petite dizaine d’heures de jeu. Privilégiez une belle promotion avant de craquer sur ce DLC, à moins d’être vraiment fan de l’univers de Ryu Ga Gotoku.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✘ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✘ Taille couleur de police | ✔ Identification de la personne qui parle | |
✘ Marquage des ennemis | ✘ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✘ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✘ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✘ Option daltonisme | ✘ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✘ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | Oui | |
Console | Xbox Series X | Temps passé sur le jeu | 40 heures | |
Niveau de difficulté | Normal | Jeu terminé | Oui |