Test – Sherlock Holmes : the Awakened, au Chtulhu de tout le monde ?

Sherlock Holmes : the Awakened fait rêver sur la papier : le plus grand détective du monde mettant la raison au dessus de tout aux prises avec la créature qui la fait perdre. Cet affrontement prend la forme d’enquêtes éprouvantes et parfois franchement gores. Sur 8 chapitres, Sherlock fera face à des crimes atroces, à un bien mystérieux culte et surtout à sa propre folie. Sans basculer dans le pur fantastique, Sherlock Holmes : the Awakened est une excellente variation sur les thèmes chers à Lovecraft assorti de tout son décorum sidérant et malsain. Un épisode à part, sombre comme l’abîme, très linéaire et quasiment sans rejouabilité finalement mais captivant. Je l’ai dévoré en quelques jours pour en découvrir l’épilogue, tremblant et m’inquiétant pour Sherlock de bout en bout dans son face à face avec le mythe de Cthulhu et plus perturbant, avec lui-même. Passionnant, tout simplement.

L’antre de la folie

Après les plus grands criminels de son temps avec en point d’orgue la traque de Jack l’Éventreur, Sherlock Holmes s’attaque ici à un tout autre antagoniste. Sans doute le plus dangereux. Sans doute le moins palpable : sa propre folie. Le plus grand détective du monde sera poussé dans ses derniers retranchements au travers de cette aventure où il va faire face au Mythe de Cthulhu, œuvre-monde créée par Love Lovecraft. Le tour de force de ce titre est de rester dans l’ambiguïté, où, malgré les délires et hallucinations, tout peut s’expliquer rationnellement.

C’est ce que j’ai le plus apprécié dans Sherlock Holmes : the Awakened. Ce n’est pas comme on pourrait facilement imaginer le match du siècle, à savoir Sherlock Holmes contre Cthulhu. D’ailleurs on ne voit jamais cette divinité cosmique, millénaire et qui sommeille au fond des océans. Il n’est même jamais nommé. Non, il s’agit ici de la lutte de l’esprit humain face à l’abîme de la folie, face à des événements atroces, éprouvants et contre la superstition. Et celui qui se retrouve mis à rude épreuve est tout de même le paradigme de la raison, contre le culte de la créature qui la fait perdre. 

Tout le décorum, ainsi que la puissance évocatrice et effrayante de Lovecraft sont convoqués pour nous faire douter et trembler pour Sherlock. Sans toutefois totalement basculer dans le pur fantastique. Les fans de Sherlock apprécieront. En commençant par un fait divers banal, la disparition d’un domestique, Sherlock accompagné de Watson sillonneront les bas-fonds de Londres, pour ensuite enquêter dans un asile flippant en Suisse où la neurochirurgie la plus barbare et déshumanisante m’a bien mis un coup derrière la tête… La destination la plus marquante reste la Nouvelle-Orléans et son bayou, son vaudou et la découverte du Necronomicon. Sherlock Holmes : the Awakened nous fait voyager, mais vraiment pas en première classe : c’est malsain, parfois gore et certains PNJ, de même que certaines scènes de crimes ou situations sont réellement inconfortables. Effet garanti et pour public averti.

Le ventre de la folie 

L’aventure se découpe en 8 chapitres où le pauvre Sherlock s’enfonce de plus en plus. Cela donne lieu à des enquêtes éprouvantes où les victimes sont souvent mutilées voire massacrées. Il faut avoir l’estomac bien accroché. Par contre, comme notre duo de détectives enquête sur des mystérieuses disparitions et meurtres rituels, la formule des précédents épisodes est sacrifiée pour un récit linéaire et sans réelle rejouabilité. Car à chaque chapitre, il n’y a qu’une seule explication ou un coupable et on passe à la suite. Il y a bien de petites missions secondaires qui viennent comme des respirations dans cette histoire très dure, mais pas de quoi allonger la relative faible durée de vie de Sherlock Holmes : the Awakened. J’ai dû y consacrer une petite dizaine d’heures. Bon comme j’ai beaucoup aimé, je n’ai pas vu le temps passer…

Si le propos nous demande de nous accrocher, la forme également. Il faudra bien faire marcher sa tête pour conduire les enquêtes. Même dans le mode de difficulté le plus aidé, Sherlock Holmes : the Awakened ne nous prend pas par la main. Mais quand cela concerne le tutoriel, c’est plus fâcheux. Les débuts sont laborieux, on ne sait pas trop ce qu’il faut faire ni comment. Même pour moi qui ait fait et apprécié les épisodes précédents, je me suis agacé sur le premier chapitre. Bon, après avoir intégré la grammaire de cet opus ô combien unique en son genre par bien ses aspects, je me suis tout de même bien régalé de cette histoire aux frontières du réel, de cette confrontation entre l’esprit de Sherlock en prise avec le puissant mythe de Cthulhu. C’est un mythe, n’est-ce pas? N’est-ce pas ?

J’ai apprécié :

• Chaque destination a sa propre ambiance/identité
• Une ambiance unique dans la série, entre fantastique et horreur
• Tout le décorum du mythe de Cthulhu au service d’un récit passionnant
• Techniquement correct et fluide
• Le charisme de Sherlock Holmes et du Docteur Watson
• La qualité d’écriture des PNJ, à la personnalité plus vraie que nature
• En VOSTFR qui a toujours son charme unique

J’ai moins aimé :

• Peu de rejouabilité
• Difficile à prendre en main, même pour les habitués

Critères d’accessibilité

Conditions de test