Alors qu’Activision Blizzard vient de réaliser un chiffre d’affaires trimestriel de plus de deux milliards de dollars, la société semble tout de même décidée à lâcher du lest. C’est ce que nous apprend le Washington Post. En effet, selon le journal, près d’un tiers des testeurs du studio Raven Software vient d’être licencié. Depuis vendredi, le studio convoque un à un ses testeurs afin de leur annoncer s’ils sont promus ou licenciés. Ces entretiens devraient encore durer jusqu’au 8 décembre et le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils laissent un goût amer à toute l’équipe.
Mise à jour du 07 décembre 2021
Alors qu’un tiers de l’équipe Assurance Qualité de Raven Software vient d’être licencié, le reste des salariés proteste. Plus de soixante employés ont ainsi conduit un débrayage qui se poursuit aujourd’hui et qui n’a pas de date de fin d’annoncée.
Face aux manœuvres et scandales qui se multiplient au sein d’Activision Blizzard, les employés ont reçu différents témoignages d’autres travailleurs de l’industrie. A Better Ubisoft, un collectif de salariés du groupe français, a ainsi apporté son soutien aux équipes de Raven tandis que des salariés d’assurance qualité d’autres studios ou organes de Activision Blizzard rejoignent le mouvement sur les réseaux. Le hashtag #WeAreRaven est ainsi utilisé par tous dans le cadre de cette manifestation tant physique que virtuelle.
Today workers from Raven QA are walking out for the second day in a row. They are joined by workers from QATX, QAMN, and Blizzard QA. These workers are standing in solidarity with the statement Raven QA put forward yesterday. They are using the social media hashtag #WeAreRaven
— ABetterABK 💙 ABK Workers Alliance (@ABetterABK) December 7, 2021
De son côté, Activision Blizzard a souhaité s’exprimer au micro du Washington Post. La direction assure soutenir le droit des salariés à « exprimer leurs opinions et procurations dans un cadre sûr et respectueux, sans crainte de sanctions ». Un discours positif qui s’avère toutefois être exactement identique à celui formulé lors des manifestations des employés de Blizzard en juillet dernier. Avec la suite que l’on connaît désormais…
Article original du 6 décembre
Mensonge et trahison
Que ce soit au travers des déclarations recueillies par le média ou sur les réseaux sociaux, ces licenciements sont fortement critiqués. Austin O’Brien, responsable de la communauté au sein du studio, ne décolère pas :
Ces personnes ont été mutées et ont déjà dû déménager à Madison dans le Wisconsin pour travailler. Et maintenant, on leur annonce qu’ils seront sans emploi au 28 janvier. Notre équipe d’assurance qualité fait un travail incroyable, mais cela va non seulement augmenter leur charge de travail, mais aussi briser leur moral. C’est injuste pour ces gens de les enchaîner, de leur promettre quelque chose de mieux, puis de les laisser en plan. Je suis furieux.
En effet, si l’on en croit les témoignages, le studio avait promis qu’il ferait le nécessaire pour augmenter leurs salaires. O’Brien confirme d’ailleurs cela :
Actuellement, je suis écœuré. Mes amis de l’assurance qualité chez Raven se sont fait promettre, pendant des mois, qu’Activision travaillait à une restructuration des paies pour augmenter leurs salaires.
Un autre employé qui a accepté de témoigner anonymement explique aussi son incompréhension :
Je me sens blessé et trahi, la majorité des personnes qui ont eu leur entretien ont été licenciées. Après nous avoir annoncé la mauvaise nouvelle, ils nous ont dit à tous : » Vous n’avez rien fait de mal «
Evan Avillanoza, un autre testeur licencié déclare que leur chef de projet n’avait même pas été informé de ces licenciements. Avillanoza livre un témoignage amer :
Notre équipe est détruite et absolument personne ne voudra continuer à travailler même s’il est promu. Je cherchais déjà à partir à cause de la réputation d’Activision. Je ne veux pas soutenir l’entreprise plus longtemps. Selon moi, c’est une honte de travailler pour Activision.
De la colère mais surtout l’incompréhension semble régner au sein du service qualité.
Une épée de Damoclès au-dessus d’employés au statut déjà bien précaire
Dans un précédent article qui portait déjà sur Activision Blizzard, nous vous avions parlé du statut particulier des employés du service « Assurance Qualité ». En effet, pour la plupart, ces derniers n’ont pas le statut de salariés mais de travailleurs indépendants. Ils sont pour la majorité d’entre eux payés au minimum légal et sont soumis à des conditions de travail extrêmement stressantes. D’ailleurs, dès le mois d’août, lors des vagues de protestation chez Activision, certains avaient déjà réclamé l’amélioration de leurs conditions. Ils reprochaient notamment la toxicité de certains managers. En effet, selon plusieurs témoignages certains responsables dénigreraient allègrement les testeurs. Particulièrement en leurs rappelant à quel point ils sont « remplaçables » et que seuls comptent les développeurs. Les équipes de l’assurance qualité sont chargées de vérifier les jeux afin d’isoler les bugs et les différents problèmes.
Un autre employé de ce service témoigne :
La plupart des employés d’Activision savent que nous sommes sacrifiables. Mais chaque fois qu’ils licencient des gens, c’est comme un grand rappel.
Comme si cela n’était pas suffisant, cette nouvelle affaire qui s’ajoute aux nombreuses autres vient témoigner du mal profond présent chez le géant du jeu vidéo.
Pour aller plus loin sur le sujet :
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