Alors que certains employés d’Activision Blizzard ont obtenu le droit de se syndiquer, il semble que la société n’accueille pas cette nouvelle avec joie. Dans de nouveaux échanges internes, la direction a en effet fait savoir qu’elle considérait le syndicat comme un frein à son développement. En parallèle, la firme a décidé la réaffectation de certains salariés impliqués par cette démarche.
Des actions pour nuire
Ce fut une victoire de courte durée pour le personnel de Raven Software. La création du syndicat de salariés avait déjà du se faire sans le soutien de la direction, mais sa naissance ne se fait pas sous de meilleurs augures. La société a en effet pris soin de réaffecter plusieurs salariés impliqués dans le syndicat, pour des raisons dénoncées par ce dernier.
Selon lui, l’entreprise et sa direction font en effet ce qu’il faut pour dissoudre l’association nouvellement fondée. Activision Blizzard a ainsi séparé les personnes à l’origine de sa création au sein du service qualité. Et si l’optimisation des ressources est plaidée par les dirigeants, les derniers échanges en date démontrent un certain malaise.
C’est à Jessica Gonzalez, fondatrice de AbetterABK, que l’on doit la copie d’écran disponible plus bas. Celle-ci affiche un message posté par Chris Arends, vice-président de l’assurance qualité chez Activision.
Des propos pour détruire
Si la constitution d’un syndicat n’assure nullement l’absence de problèmes, la réponse de Chris Arends paraît toutefois surprenante. A la question de savoir si les syndicats protégent les emplois et assurent une certaine sécurité, l’homme répond clairement par la négative. Plus précisément, le vice-président de l’assurance qualité assure même qu’un syndicat sera contreproductif.
La sécurité de l’emploi ici à Activision Blizzard King repose sur notre capacité à produire un divertissement épique pour nos fans. Un syndicat ne fait rien pour nous aider à produire des jeux de classe mondiale, et le processus de négociation n’est généralement pas rapide, réduit souvent la flexibilité, et peut être contradictoire et conduire à une publicité négative. Tout cela pourrait nuire à notre capacité de continuer à créer des jeux de qualité.
« Un syndicat ne fait rien pour nous aider à produire des jeux de classe mondiale ». Les mots sont lâchés et ils sont forts. Et bien que nous ayons habituellement une certaine réserve sur les sujets que nous relayons, difficile de ne pas fulminer face à de tels propos. La direction affiche sans honte ni remords sa déconnexion totale avec la réalité de ses employés.
Pire, l’intérêt de l’entreprise n’est nullement de prendre soin de ses talents créatifs. Préserver des personnes qui créent des univers mondialement appréciés ne serait donc pas une priorité. Le seul intérêt de l’entreprise serait, à en croire Chris Arends, de créer des jeux de classes mondiales quitte à gâcher et détruire la vie de ses salariés. Faut-il d’ailleurs y voir des menaces dissimulées à l’attention des « perturbateurs » ? Après les réaffectations, doivent-ils s’attendre à d’autres actions ?
Rappelons qu’Activision Blizzard fait aujourd’hui l’objet d’une plainte de l’Etat de Californie. Les faits reprochés sont ceux d’une culture d’entreprise toxique, de harcèlements moraux et sexuels ayant potentiellement conduits au suicide d’une salariée. Des faits qui, définitivement, doivent particulièrement aider Activision Blizzard à accoucher de « jeux de classe mondiale ».
Microsoft et Blizzard engagés à améliorer le bien-être des salariés
Précédemment, Activision Blizzard a également fait l’actualité suite au rachat annoncé par Microsoft. Le géant américain souhaite en effet acquérir l’ensemble des studios et licences de l’éditeur pour un montant de 68,9 milliards de dollars. Une opération qui n’a pas manqué de faire parler et que Phil Spencer a rapidement commenté. Et sur le sujet spécifique de la culture d’entreprise, l’homme a assuré que Microsoft espérait rapidement changer les choses.
En tant qu’entreprise, Microsoft s’engage dans son parcours d’inclusion dans tous les aspects du jeu, tant parmi les employés que parmi les joueurs. Nous apprécions profondément les cultures de studio individuelles. Nous croyons également que le succès créatif et l’autonomie vont de pair avec le fait de traiter chaque personne avec dignité et respect. Nous tenons toutes les équipes, et tous les dirigeants, à tenir cet engagement. Nous sommes impatients d’étendre notre culture d’inclusion proactive aux grandes équipes d’Activision Blizzard.
De son côté, Mike Ybarra a pris soin début janvier de souligner son implication à retrouver la confiance. Le Président de Blizzard souhaite en effet faire de ses salariés la priorité du studio et détaillait un certain nombre de mesures prises ces derniers mois. Augmentation du nombre de salariés, multiplication des contrôles, enquêtes internes, tout semblait être sur de bons rails pour permettre à l’entreprise de redresser la barre et s’inscrire dans une démarche plus vertueuse.
Quelle sera la réaction d’Activision Blizzard face à cette sortie inattendue sur les syndicats d’un de ses vice-présidents ? Nous ne manquerons pas de surveiller ce sujet et de vous tenir informés.
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