La cinquième itération de Far Cry m’avait marqué en son temps. Dans les faits et le temps aidant, je m’aperçois surtout que je retiens son prologue glaçant ainsi que sa conclusion surprenante et grandiose qui allait au bout de ses idées. Mais les nombreuses heures entre les deux sonnent comme un long et fastidieux remplissage en forme de chemin de croix. Pour ce nouvel épisode, exit la secte prophétisant la fin du monde, la licence opère un retour aux sources avec un bon vieux dictateur à l’ancienne. Ce dernier est incarné par l’excellent et iconique Giancarlo Esposito. C’est simple, on le dirait né pour le rôle de méchant à l’air sévère animé d’un colère froide et ardente en même temps. Bref, sur le papier, un antagoniste de rêve. Après 60 heures, je n’en vois toujours pas la fin mais je vous livre mes impressions et sentiments dans cette critique de Far Cry 6.
Note : en début de partie, vous pourrez choisir le genre du personnage principal, Dani Rojas. Ayant choisi d’incarner une femme, Dani sera désignée avec le pronom “elle” dans le présent test.
Bienvenue au Paradis ?
Far Cry 6 ne déroge pas à la règle et débute par un drame fondateur pour la protagoniste principale. Sorte de Cuba fictive, l’archipel de Yara est au bord du gouffre, tiraillée entre la rébellion à bout de souffle et un dictateur sans merci épaulé par sa clique. En voulant fuir ces îles paradisiaques et rejoindre Miami, Dani Rojas perd tout. Sans amis, ni ressources et contre la promesse d’un bateau, la voici engagée bon gré mal gré dans la résistance. Cette dernière, baptisée Libertad, n’hésite pas à lui confier les clés de la lutte quasiment dès le départ. Alors OK, Dani est rompue à l’art de la guerre mais a surtout fait partie de l’armée. De l’ARMÉE. Dès que j’ai su ça, je n’ai plus cru à cette histoire. Pas un seul instant les pontes de Libertad ne se sont posés la question de savoir si Dani pouvait être une taupe. Jamais. Invraisemblable.
Et donc, sans plus de cérémonie, voici Dani propulsée fer-de-lance du combat contre Anton Castillo et ses sbires. Ah ces derniers, c’est quelque chose également. Sans nuances ni humanité, ils sont absolument bêtes, méchants, sans épaisseurs et caricaturaux jusqu’aux bouts des ongles. Heureusement que le dictateur sauve un peu l’ensemble. Lui aussi est une ordure finie, mais évidemment, avec les traits de Giancarlo Esposito, la magie opère et ses rares interventions font mouche. Par ailleurs, les acolytes que Dani rallie au fur et à mesure sont un peu moins anodins que les antagonistes et parviennent même à surprendre agréablement dans quelques cinématiques.
Ce sixième épisode a la très bonne idée de reprendre la formule du cinquième. Ainsi et après un prologue classique au possible, Dani peut directement se rendre dans les trois grandes régions de Yara. Ces dernières sont sous la coupe des affreux jojos d’El Presidente et bien sûr, il faudra les éliminer.
Se trouver une juste cause…
L’exploration « à la carte » apporte toujours ce vent de liberté bienvenu, surtout que les trois provinces sont immenses et proposent un décor propre. Bon, un arbre reste un arbre mais on retrouve une province à dominante marécageuse, une plus montagneuse et une dernière couverte de plaines. À explorer donc dans l’ordre que l’on souhaite. Et sont beaucoup moins rurales que dans les autres Far Cry où je me demandais où la plèbe habitait, tout simplement. C’est maintenant moins un mystère même si le nombre de villes reste très restreint. Mais je continue tout de même à m’interroger vu le très faible nombre de civils que j’ai croisés. La population de Yara ne se limite tout de même pas à Libertad et l’Armée ? Ainsi, Yara est certes un gigantesque et magnifique terrain de jeu pour Dani, mais ni crédible ni réaliste.
Far Cry 6 innove avec son système de montée de niveau et tranche avec les épisodes précédents. Là aussi pour le meilleur et pour le pire. Dani est aguerrie et peut dès le départ exécuter ses ennemis, même leur sauter dessus, trainer les dépouilles etc. Et terminé d’élaborer des holsters à base de fourrure ultra rare de marmotte albinos, Dani peut enfin porter quatre armes dès le départ. Miracle ! On débute ainsi avec un personnage déjà prêt à la guerre. La montée en puissance de Dani repose dans les faits sur trois choses. Les deux premières sont les armes et les fringues. Oui les “armures” retrouvées dans des coffres octroient à notre héroïne certaines capacités parfois évidentes ou qui ne semblent de prime abord pas forcément liées au port d’un t-shirt déchiré ou autre. C’est désespérant de devoir porter par exemple des godasses dégueulasses pour marcher accroupi plus vite. Et surtout, en conséquence et vu que Dani ne veut pas porter 300 pulls (j’ai essayé), il faut faire des choix ! Impossible donc d’avoir le personnage parfait, résistant…
J’en viens au troisième point. La réelle montée en puissance réside plutôt dans celle de la réputation. À chaque bastion libéré, avant-poste délivré, ou mission complétée, Dani gagne des points, puis des niveaux de réputations. Cela la rend plus résistante et lui ouvre de nouveaux achats chez les marchands d’armes et d’armures. Super le soutien ! Ah non mais les gars préfèrent vendre de la merde bas level au début pour pas que Dani soit cheatée ^^. Je pousse le bouchon bien sûr, mais c’est vraiment pour insister sur les TRÈS GROSSES ficelles rencontrées à tous les étages de ce Far Cry. Je dérive un peu et mais c’est fatiguant aussi de voir des tyroliennes en évidence permettant de rallier un toit d’une base… Ou des ouvertures énormes et systématiques dans les clôtures. Je veux en baver et m’infiltrer proprement, à la loyale mais je ne peux pas. Tout est mâché, prêt à être ingurgité. Alors la recette n’est pas forcément mauvaise. Mais elle est très bourrative et manque cruellement de saveur et de piquant.
Et non pas juste une cause
Je reviens sur mon histoire d’armes commencée plus tôt. L’arsenal est absolument colossal et jouissif. Même si encore une fois, Far Cry 6 souffle le chaud et le très froid avec une forme de régression pénible et inutile. Je prends juste l’exemple de l’arc, LA valeur sûre. Puisque dans cette licence, et contrairement à The Division par exemple, le headshot est mortel. Bref, dans les précédents épisodes, le héros chopait au fur et à mesure les flèches toxiques, incendiaires et explosives. Classique et surtout : on pouvait switcher à la volée de l’une à l’autre dans la roue de sélection d’armes. C’était tellement pratique, évident et exaltant de pouvoir s’adapter à toutes les circonstances en quelques clics. Ben non, dans Far Cry 6, il faut retourner à un établi pour changer de type de flèches… Youpi.
La révolution avec la clim au max
On peut me dire que l’histoire des munitions, c’est pour gagner en crédibilité peut-être ? Mais même pas je réponds : Dani porte par ailleurs dans son inventaire TOUTES ses armes et armures. Donc elle a le dos solide. En ouvrant l’inventaire, on peut changer complétement d’équipements, même en plein combat ! Cette régression n’a donc aucun sens et entrave parfois sérieusement la fluidité de l’action. La parade ? Première étape, modder un autre arc avec des munitions incendiaires. Deuxième étape, quand besoin de mettre le feu furtivement, ouvrir l’inventaire, sélectionner l’arme, et revenir en jeu pour cramer le truc en question. Dernière étape, retourner dans le menu pour reprendre son arc chéri avec ses flèches standard. C’est d’un lourdingue sans nom !? Alors que la solution existe depuis presque dix ans dans Far Cry 3. DIX ANS. Insupportable. Ah non mais ça me met en colère d’être obligé de mettre un tuto dans un test pour expliquer comment changer de type de flèche…
Pour ruiner complétement le tableau, genre je dessine des oreilles de Mickey à la Joconde, il me reste une dernière cartouche. Là, je parle de catastrophe, ni plus ni moins. Dani dispose d’un lance-roquettes dans le dos. Oui, comme dans The Mandalorian. C’est tellement abusé, n’importe quoi et ridicule que je ne l’utilise même pas. Et j’ai même pas parlé des familiers. Et « Chorizo » n’est pas le pire. Parmi cette galerie d’animaux invraisemblables, le chien sauve tout. Je l’aime ce Canigou.
Heureusement, par ailleurs, les combats et le parkour sont toujours aussi nerveux et jouissifs, le tout en 4k et 60fps qui ne bronchent jamais. Mais Far Cry 6 est trop facile. Même en standard. Et là encore incompréhension : il n’y a pas de mode de difficulté supérieure et donc quasiment aucun challenge. Au passage, je signale l’ultraviolence du titre. Les exécutions à la machette et certaines cinématiques justifient son statut de jeu 18+. Les véhicules sont eux aussi la marque de fabrique de la licence et n’ont pas souffert. C’est toujours l’éclate de naviguer, piloter, conduire. Dani peut même monter à cheval ! Et en plus, c’est bien réalisé. Pour terminer, il faut signaler l’effort en terme d’accessibilité, avec beaucoup d’aides pour nombre de déficiences. Bravo, la-dessus, chapeau ! À noter que ce test a été fait en VO sous-titrée en français. J’imagine qu’à la sortie officielle, un pack avec le doublage Fr sera disponible. Ah oui, et la pêche est toujours là, ne vous inquiétez pas. Mais pour changer d’appât, vous savez ce qu’il reste à faire…
Conclusion
Si Far Cry 6 nous invite à mener la révolution sur les belles îles de Yara, jamais il ne parvient à se réinventer ou convaincre complètement. Ni à proposer autre chose qu’un Just Cause-like en vue à la première personne. Pas une infamie mais certainement pas un compliment. Au final, si la formule 50% exploration, 50% action vous plait, vous aurez 100% de satisfaction. Ceux et celles exigeant un scénario fort, mené par des personnages crédibles, le tout dans un univers cohérent, il y aura forcément déception. Et sans doute abandon en cours de route. Car entre la carte immense et la tonne d’activités, la durée de vie est simplement énorme, entre 80 et 100 heures. Reste pour les moins regardants un formidable exutoire, gigantesque et (pyro)techniquement solide.
Critères d’accessibilité
Déficience Visuelle | Déficience Auditive | |
✘ Contraste élevé (réticule de visée) | ✔ Sous-titres avec indications d’ambiance | |
✔ Taille couleur de police | ✔ Identification de la personne qui parle | |
✔ Marquage des ennemis | ✔ Police personnalisable | |
✘ Interface personnalisable | ✔ Couleur de police personnalisable | |
✘ Couleur minicarte personnalisable | ✔ Options d’alerte alternatives (vibration, flash…) | |
✔ Option daltonisme | ✔ Sons ambiants signalés (informe sur présence) | |
✔ Option Text to speech | ||
✘ Ralentissement du jeu |
Conditions de test
Détails TV | 4K | Jeu fourni par l’éditeur | oui | |
Console | Xbox Series X | Temps passé sur le jeu | 60 heures | |
Niveau de difficulté | normal | Jeu terminé | non |
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