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Harcèlement et agressions sexuelles chez Ubisoft : « Il a mis ses mains autour de son cou et a serré »

Ubisoft-logo

Les têtes commencent à tomber. Depuis les révélations concernant les agissements de certains cadres de Ubisoft, différents employés ont été mis à pied, un membre de Ubisoft Toronto a été licencié et Maxime Béland a démissionné. Mais en parallèle, les témoignages continuent d’affluer de toutes part. Après Libération, c’est au tour de Numerama et de Kotaku de publier des enquêtes qui font froid dans le dos. En France, c’est Serge Hascoët qui est la cible du travail mené par le magazine. Aux USA, ce sont les pratiques du Studio de Toronto qui sont affichés au grand jour. Et dans les deux cas, des scènes difficiles à concevoir sont présentées. Ubisoft, ou la culture du sexisme et de l’humiliation ?

Les voix se font entendre

Tout commence il y a quelques semaines sur Internet. Sur Twitter notamment, des salariés de Ubisoft dénoncent des agissements de harcèlements et d’agressions sexuelles un peu partout au sein des studios de l’éditeur Français. Paris, Sofia, Toronto, …. Aucune place n’est épargnée et les témoignages prennent de l’ampleur. Une ampleur telle que, dès le 29 juin, un syndicat d’Ubisoft prend la parole et dénonce des pratiques connues de tous, ayant cours dans l’industrie entière. La lettre partagée dénonce également des cas organisés et non ponctuels, réalisés à tous les étages de la hiérarchie.

Dès le 1er Juillet, Libération publie une grande enquête avec une vingtaine de témoignages glaçants. Tous vont dans le même sens et dressent un cadre où les membres du pôle édito sont rois et les Ressources Humaines complices. Des moqueries, des gestes et des mots déplacés, du harcèlement quasi constant règnent dans les couloirs de Ubisoft. Le tout, sans que la RH, au fait de certains agissements, n’osent prendre des mesures en conséquence et, pire, calme les victimes pour ne pas ébruiter davantage les affaires.

A la même date, Gamasutra publie lui aussi un papier, témoignage à l’appui, qui évoque les mêmes pratiques et y ajoute du racisme et de l’homophobie. Ubisoft Massive, Ubisoft Sofia, Toronto, Paris, et même Ubisoft North Carolina (USA) ressortent dans les témoignages recueillis. Le magazine parle alors de véritable Mafia organisé où les uns couvrent les autres et où tout est passé sous silence par les garants de la sécurité des employés que sont les Ressources Humaines.

Yves-Guillemot-ubisoft

Le 3 juillet, Ubisoft prend la parole dans une lettre ouverte, adressée aux salariés et rendue publique sur son site. Yves Guillemot revient sur les récents événements et promet de faire toute la lumière sur les différentes affaires. Des enquêtes sont lancées en interne et, à la direction de Ubisoft, on assure que toutes « les mesures disciplinaires nécessaires » seront prises une fois les résultats des enquêtes connus. On assure aussi que la firme s’accroche à ses valeurs de tolérance, d’ouverture, de respect et que tout comportement qui ne s’y conformerait pas ne serait pas toléré. En un mot, Yves Guillemot donne le sentiment de découvrir les faits et de vouloir faire un grand ménage.

Le numéro 2 de Ubisoft concerné par des allégations

Hier, lundi 6 juillet, de nouveaux faits se sont entendre. En France, Numerama publie un article en deux parties. Une trentaine de salariés ou anciens salariés se livrent au micro du magazine et dépeignent l’horreur, l’enfer qu’ils ont pu vivre au contact des cadres de la société. La tribune y évoque plus précisément Serge Hascoët, homme de l’ombre mais véritable grand manitou créatif de Ubisoft. Un homme au comportement singulier avec ces collaborateurs et collaboratrices qui dépassent régulièrement les limites selon le rapport de Numerama. Ce dernier est ainsi responsable en grande partie de l’ambiance sexiste qui règne au sein des pontes de Ubisoft.

Plus d’une fois il se laisse aller à des propos dégradants et peu glorieux envers les femmes avec qui il travaille. A l’une d’elle, il lance lors d’un séminaire qu’elle est « mal baisée » devant le reste de ses collègues et qu’il se propose pour « montrer comment on fait ». A une autre, en une autre occasion, il demande si elle connaît ce qu’est l’ocytocine, une hormone produite lors d’un orgasme féminin. Mais l’homme, proche de Yves Guillemot, n’est pas le seul. Ses assistants et bras droits semblent vouloir lui ressembler et useraient, eux aussi, de comportements inappropriés à bien des égards.

Le premier d’entre eux est Matthéo B., son assistant. Les témoignages de Numerama le présentent comme un « irresponsable » et comme un consommateur régulier de drogue. Et naturellement, son comportement avec les femmes n’est guère plus tolérable selon les témoins. Il conseille à l’une de prendre les escaliers pour son bien car il la juge « trop grosse », à une autre il propose un rendez-vous avec Serge Hascoët en échange d’une relation sexuelle. Pour rire dit-il. Moins drôle, la menace qu’il aurait adressé à une salariée, canif à la main, en lui proposant de la retrouver à l’entrée de la société pour régler ses comptes.

« Tout le monde savait »

Tommy François est lui aussi mentionné dans cette enquête.  Le vice-président éditorial, aujourd’hui visé par une enquête et mis à pied le temps qu’elle soit menée, est décrit comme un prédateur sexuel. Selon les témoignages, il aurait tenté d’embrasser l’une de ses collègues devant témoins. Cela ne serait d’ailleurs pas un cas isolé puisqu’une autre collaboratrice raconte avoir été plaqué contre le mur pour lui arracher là aussi un baiser. Au quotidien, il se plairait à jouer à « chat-bite », à toucher les fesses de tous et à affirmer, devant caméra, que la meilleure partie de son job est d’harceler les gens.

Tommy-Francois

D’autres témoignages sont partagés chez Numérama. Certains comportements odieux (« Toi, je sais que tu veux ma bite ») et des yeux fermés chez beaucoup. De tous les témoignages, il ressort que la direction ne pouvait pas ne pas savoir. Les RH feraient leur possible pour ne pas ébruiter les problèmes, déplacent les problèmes dans de nouvelles équipes et éviteraient les vagues tant que possible. L’article est à lire ici. 

Maxime Béland étrangle une employée de Ubisoft

Hier toujours, c’est aussi Kotaku qui a pris la peine de publier une autre enquête. Celle-ci vise plus spécifiquement les comportements qui ont lieu à Toronto. L’’article fait également appel à différents témoignages et rend palpable un fonctionnement basé sur l’omerta. Là encore les cas de harcèlements seraient nombreux et les propos rarement mesurés. On y décrit une ambiance festive, où la consommation d’alcool est régulière lors d’événements organisés chaque mois. Et naturellement les comportements dérapent. Plus que d’autres, Maxime Béland paraît être au cœur des affaires. Familier, proche, gênant, tactile : les adjectifs ne manquent pas tout au long de l’article. Mais un passage en particulier retient l’attention. Une scène, parfaitement surréaliste où Maxime Béland aurait étranglé en public une de ses collègues. L’incident se serait produit en 2014, lors d’une fête organisée pour le lancement de Far Cry 4 dans un bar de Toronto. Jane (nom fictif) parle alors avec Maxime Béland et voici ce qu’écrit Kotaku.

Maxime Béland

 

Ils se tenaient dans une pièce étroite au fond du bar pendant qu’elle envoyait un SMS à un collègue. À un moment donné, dit Jane, Béland a regardé son téléphone pour voir qui elle contactait.

De manière inattendue il a alors dit : « Tu sais ce qu’elle aime ? » et j’ai répondu : « De quoi tu parles ? ». Béland a alors mis ses mains autour de son cou et a serré, a-t-elle dit, comme pour faire une « démonstration effrayante ».

« Je n’ai pas réagi tout de suite, parce que je me demandais « Qu’est-ce qui se passe ici ? » et puis quand j’ai réalisé ce qui se passait, il s’est arrêté », a-t-elle dit. Je l’ai regardé, complètement abasourdie, et il a dit « Ce n’était pas cool ? », comme s’il était timide, et j’ai dit « Non, ce n’était pas cool ».

Elle se souvient d’avoir immédiatement marché vers des amis qui se trouvaient à proximité pour leur demander s’ils avaient vu ce qui venait de se passer, mais ils ne l’avaient pas vu. Elle est restée à la fête mais a évité Béland pour le reste de la nuit.

Depuis l’émergence de ces allégations, Maxime Béland a été mis à pied par Ubisoft. Dernièrement, il a annoncé sa démission de son poste et reste visé par une enquête. De son côté, Ubisoft ne souhaite pas, et c’est logique, s’exprimer sur ces allégations tant que les résultats des investigations ne seront pas rendus. Il serait néanmoins étonnant que la firme ne s’exprime pas à nouveau sur ce sujet le 12 juillet prochain, lors de Ubisoft Forward. Le monde sera alors très vigilant sur les mots qui seront choisis pour évoquer la crise que traverse actuellement Ubisoft.

A suivre.

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